L'enseigne du bureau de la UNRWA au Liban. Source : RomanDeckert - CC BY-SA 4.0 DEED via Wikimedia (https://commons.wikimedia.org/wiki/File:UNRWA-AreaOfficeTyre_RomanDeckert24092019.jpg)

Mikaël Demers, correspondant stagiaire

Des organismes humanitaires québécois envoyant de l’aide à Gaza ont demandé au gouvernement canadien l’arrêt immédiat de la suspension du financement à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), lors d’un panel en ligne le 8 février.

Les membres présent·es de Développement et Paix, Humanité et Inclusion, Médecins du Monde et Oxfam-Québec ont demandé de cesser le feu et de mettre un terme au transfert d’armes. Chaque représentant·es à l’évènement organisé par l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) a exprimé son désaccord quant à la suspension temporaire du financement.

« C’est impensable d’affaiblir cet organisme [la UNRWA] », s’est exclamée Céline Füri, coordonnatrice humanitaire d’Oxfam-Québec.

Des mesures disproportionnées

C’est après les accusations envers 12 employés de la UNRWA qui auraient pris part aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023 que le Canada et huit autres pays ont suspendu tout financement supplémentaire à la fin du mois de janvier.

« C’est de la folie », a mentionné Carl Hétu, directeur général de Développement et Paix.

Les membres des organismes ont rejoint les propos du communiqué du directeur de la UNRWA, Philippe Lazzarini, indiquant que des milliers de victimes paieront le prix et recevront moins de ressources à cause d’accusations envers un petit groupe de personnes.

Ce sont les agissements à l’extérieur du cadre du travail de 12 personnes, dans un organisme contenant 30 000 employé·es, qui a poussé le gouvernement canadien à prendre cette décision. Tous les employés accusés ont été suspendus de leur fonction et la UNRWA a ouvert une enquête sur les allégations.

Cette suspension complique le travail de ces organismes puisqu’ils collaboraient avec la UNRWA pour permettre d’envoyer des cargaisons à Gaza.

Cet arrêt de financement du Canada va à l’encontre du jugement rendu le 26 janvier par la Cour internationale de justice (CIJ) d’ordonnée des mesures provisoires contre Israël. La CIJ reconnaît publiquement que ce pays commet certains actes relevant de la Convention sur le génocide.

La CIJ reconnaissait la UNRWA comme un élément fondamental pour rendre possible l’accès aux services essentiels et à l’assistance humanitaire dont les victimes palestiniennes ont besoin depuis longtemps.

L’argent est déjà investi ailleurs

Le Canada a annoncé quelques jours après le retrait du financement à l’UNRWA qu’il remettra 40 millions $ à des organisations non gouvernementales (ONG). Le gouvernement a ajouté que 40 % du montant total ira au Programme alimentaire mondial. L’argent restant sera réparti entre l’UNICEF, l’Organisation mondiale de la santé, le Comité international de la Croix-Rouge, le Fonds des Nations unies pour la population, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies et d’autres ONG partenaires ayant de l’expérience.

Rien n’indique pour l’instant si l’utilisation sera immédiate et si ces ONG désignées continueront la collaboration avec les organismes qui apportaient une grande aide à Gaza.

Des organismes importants pour Gaza
Les quatre organismes qui se sont présentés à ce panel en visioconférence offrent tous un support considérable aux victimes de la guerre en Palestine. Que ce soient les interdictions d’entrées des camions de cargaisons, un manque de point d’entrée ou des bombardements fréquents, rien n’arrête le travail de ces organismes.

Humanité et Inclusion est présent à Gaza depuis 1996. Bien que leurs bureaux aient été bombardés près d’une centaine de jour après l’attaque du 7 octobre 2023, cet organisme a permis d’envoyer plusieurs camions de cargaisons contenant différents matériels de soins et de différents produits de première nécessité.

Médecins du Monde ont envoyé six tonnes de ressource en santé depuis le début des attaques. La situation des hôpitaux est compliquée puisqu’ils sont difficiles d’accès et ont une capacité réduite. Il y a parfois une absence d’électricité, un manque de ressource pour les soins, des problèmes d’insalubrité et donc, les médecins doivent prennent des risques qui pourraient encourager des infections.

Oxfam-Québec, qui est présent à Gaza depuis 2006, rejoint 160 000 Palestinien·nes et travaille sur l’assainissement des eaux, l’hygiène et la sécurité alimentaire. Développement et Paix aide énormément également. M. Hétu a insisté sur le fait que les dons vont entre les bonnes mains et qu’il faut éviter la propagande qui indique le contraire.