Le génocide oublié de la République démocratique du Congo

Congo - marche des réfugié.es suite à la rébelion du M23 en RDC - @MONUSCO Photos - CC BY SA 2.0 - via wikicommons

Amina Diallo

Les Léopards, l’équipe nationale de football de la République Démocratique du Congo (RDC) ont profité de la Coupe d’Afrique des Nations pour dénoncer les massacres qui ont eu lieu dans leur pays depuis des décennies. Pendant l’hymne d’avant-jeu, les joueurs congolais, arborant un brassard noir, ont placé la main devant leur bouche et, avec l’autre, ont simulé un pistolet pointé sur leur tempe. Leur objectif, sensibiliser la communauté internationale sur les 5,4 millions de morts dans ce pays entre 1998 et 2007.

La RDC est, depuis des décennies, le théâtre de violences extrêmes et de conflits armés. Parmi les tragédies qui ont frappé ce pays, le génocide à l’est du Congo, souvent oublié du grand public, est l’un des plus sombres chapitres de l’histoire contemporaine. Ce drame est caractérisé par des massacres, des viols et des déplacements forcés de populations : près de 7 millions de personnes déplacées dont 80 % viennent de l’est du pays. Encore récemment, un groupe composé de congolais et d’étrangers ont tenté sans succès un coup d’État.

Contexte historique et politique

La RDC, plus connue sous le nom de région orientale de la République démocratique du Congo, qui comprend les provinces du Nord et du Sud-Kivu et l’Ituri à l’est du pays, est en proie à un cycle de violence depuis la fin des années 1990. Les origines de cette instabilité sont complexes, comprenant des tensions ethniques, issues notamment de la migration hutue du Rwanda, l’exploitation illégale des ressources naturelles par des groupes rebelles tels que le M23 et les puissances étrangères, ainsi que l’intervention de groupes armés locaux et étrangers.

La guerre de 1996 à 2003 a dévasté la RDC, souvent désignée comme la « Première Guerre mondiale africaine ». Elle a entraîné l’intervention de neuf pays et de nombreux groupes rebelles. La paix durable n’a jamais été établie dans l’est de la RDC, malgré les accords de paix signés en 2003. La terreur continue d’être semée par les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), un groupe rebelle constitué principalement de Hutus rwandais impliqués dans le génocide de 1994 et fuyant le Rwanda avec le retour des Tutsis au pouvoir, ainsi que par d’autres groupes armés locaux, comme le M23.

La récente tentative de coup d’État a été déjouée par les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). On constate une implication étrangère, étant donné que les assaillants sont de plusieurs nationalités : un Britannique, plusieurs Américains et des Congolais. L’objectif de ce projet reste encore flou, mais le drapeau du Zaïre, l’ancien nom de la RDC, a été brandi sous le commandement de Christian Malenga. Il n’y a pas de doutes, cet événement est fortement relié aux événements de l’est du pays.

Les atrocités commises

Dans l’est de la RDC, les violences se sont manifestées par des massacres systématiques, de viols de masse utilisés comme moyen de guerre, ainsi que de destructions de villages entiers. Ces atrocités touchent principalement les civils, dont les femmes. Les combattants des différentes factions armées ont agressé des milliers de femmes et de jeunes filles, entraînant des dommages physiques et psychologiques considérables. Plus de 200 000 ont été violées depuis 1998.

Les massacres ethniques sont aussi fréquents. Par exemple, les communautés Hema ont été ciblées par la milice CODECO, qui est active en Ituri, en les accusant de collaboration avec l’ennemi. En réponse, des groupes armés Hema ont attaqué les communautés Lendua. Ce mouvement de violence ethnique évoque de manière tragique les événements du génocide rwandais.

Conséquences humanitaires

Le conflit a provoqué une grave crise humanitaire. De nombreux individus ont été déplacés, résidant dans des conditions très précaires dans des camps de réfugié.es. e. La faim, les maladies et l’accès restreint aux soins de santé aggravent la souffrance des populations. Souvent, les infrastructures essentielles sont détruites ou inexistantes, ce qui rend la vie quotidienne des habitants encore plus ardue.

Les enfants présentent une grande vulnérabilité. De nombreux individus sont forcés de rejoindre des groupes armés, servant de combattants ou d’esclaves sexuelles. L’enseignement est sérieusement perturbé, mettant en péril l’avenir de toute une génération.

Réponse internationale et défis

Bien que la Mission de maintien de la paix des Nations Unies en RDC, la MONUSCO, soit présentes, la situation demeure désordonnée. On critique fréquemment les Casques bleus pour leur inefficacité et leur incapacité à assurer la protection des civils. En outre, la crise est aggravée par la corruption et l’inefficacité des autorités congolaises.

Il existe un autre obstacle majeur à la paix, c’est l’impunité des responsables des atrocités. Des intérêts politiques et économiques entravent souvent les tentatives de traduire en justice les responsables de crimes de guerre et de génocide.

Le Canada de son côté se dit préoccupé par les violences persistantes en RDC, notamment par les violences de genre qui sont une des plus répandues dans ce conflit. Le pays soutient la MONUSCO via des opérations militaires, notamment l’opération CROCODILE et policières. A cela s’ajoute une contribution financière canadienne importante en RDC au sein de la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies dans laquelle le pays a débloqué 15 millions de dollars à ce fonds en 2021 selon le site du gouvernement.

Appel à l’action

La communauté internationale doit prendre des mesures plus radicales afin de mettre un terme à ce génocide oublié. Cela englobe un renforcement des efforts de paix locales, une pression diplomatique sur les gouvernements concernés et une assistance humanitaire d’urgence pour les personnes touchées.

Il est également essentiel que les médias et les organisations de défense des droits humains jouent un rôle essentiel en sensibilisant l’opinion publique mondiale à cette tragédie et en exerçant une pression sur les décideurs politiques afin qu’ils prennent des mesures.

Le génocide à l’est du Congo est une plaie ouverte dans l’humanité, et il est de notre devoir collectif de ne pas détourner les yeux. Seule une action concertée et déterminée pourra mettre fin à ce cycle infernal de violence et de souffrance. Les grands médias de la communauté internationale n’ont pas suffisamment renseigné sur les événements qui se déroulent dans l’est de la RDC. En revanche, il est souligné qu’il y a eu des tentatives de sensibilisation et de boycottage sur les réseaux sociaux qui visaient à informer et conscientiser les gens. Le génocide en RDC ne doit plus passer sous silence.

 

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