Réuni le 16 mars 2023, le Conseil international (CI) du Forum social mondial (FSM) a décidé de soutenir la tenue de la prochaine édition d’un FSM central à Katmandou au Népal en 2024. Les dates indicatives sont du 15 au 20 mars. La proposition a été présentée au Conseil par une série d’organisations népalaises et asiatiques, notamment d’Inde, de Philippines, de la Malaisie, de la Corée, de l’Asie du Sud.
Parmi les personnes participantes à la réunion qui présentaient le projet, on comptait Meena Menon, journaliste indienne, Anselmo Lee, professeur et militant des droits humains en Corée du Sud, et trois personnalités népalaises : Udhab Pyakurel, professeur d’anthropologie, Arjan K. Karki, ancien ambassadeur du Népal aux États-Unis d’Amérique et Netra Prasad Timsina, coordonnateur régional de l’Alliance pour l’éradication de la pauvreté en Asie du Sud. La proposition a reçu l’appui unanime de la cinquantaine de personnes réunies en ligne provenant de tous les continents de la planète.
La longue marche des mouvements altermondialistes
Même si l’âge d’or des FSM a eu lieu dans la première décennie du millénaire, les dernières éditions antérieures à la pandémie ont réussi à mobiliser des dizaines de milliers de personnes, que ce soit à Bahia au Brésil en 2018 ou à Montréal en 2016. La période annonce un changement majeur de ce point de vue. Depuis la crise sanitaire mondiale, la participation a été mince, comme en témoigne celle de Mexico en 2022, alors qu’on évalue environ à 2000 en personne, mais aussi au FSM virtuel de 2021. On parle de 20 000 au total, qui fut strictement en ligne.
Toutefois, tout ne s’explique pas par la pandémie, même si ce fut un facteur majeur qui a servi de motif même à certains mouvements sociaux mexicains pour ne pas participer au FSM de 2022. Les coûts importants des déplacements et des séjours, les complications accrues pour les visas, au Nord, mais aussi au Sud maintenant, la prise de conscience écologique qui amène à limiter les déplacements aériens non essentiels sont des raisons qui expliquent certainement le recul de la mobilisation à ces rendez-vous.
Mais, il y a plus, on constate que nombre de mouvements sociaux se centrent plus sur leurs enjeux propres et certains ont tendance à privilégier l’intégration institutionnelle qu’à la concertation autonome et indépendante, comme en témoigne notamment le rendez-vous de la COP15 sur la biodiversité. Malgré et à cause de l’accentuation des luttes au sein des classes politiques dominantes, les mouvements sont poussés souvent à emprunter un chemin plus défensif.
Il n’en faut pas plus pour qu’on annonce la mort des mouvements altermondialistes, voire la faillite de leurs propositions. L’altermondialisme ne s’est jamais résumé aux FSM. Il vit évidemment un recul concomitant au reflux des mouvements sociaux, considérant les nouvelles réalités des luttes et des rapports de force avec les hésitations que connait la mondialisation néolibérale. Or, la perspective altermondialiste se retrouve toutefois dans d’autres mobilisations, notamment dans les mouvements écologistes, qui empruntent notamment les formes d’organisation comme à l’occasion de la COP26 à Glasgow.
La perspective du Népal donne espoir
Néanmoins, comme le soutient Tord Bjork dans son compte rendu sur les dernières réunions du Conseil international du Forum social mondial, le bilan et la relance, certes fragile, mais bien réelle, semblent donner espoir pour définir une feuille de route pour, non pas un retour à l’âge d’or, mais à se constituer en acteur transnational diversifié, fédérateur.