"USA-Wildfires" by Jeff Head via Flickr CC0 https://www.flickr.com/photos/jeff_head/20799665403

Par Climate & Capitalism, traduction A l’encontre

Dans un rapport publié le 12 septembre 2023, l’ONG Oil Change International démontre que seulement 20 pays dont le Canada et les États Unis seront à l’origine de 90% des nouvelles émissions de gaz à effet de serre en autorisant de nouveaux projets d’extraction qui menace la lutte contre les changements climatiques.


Vingt pays seulement, avec à leur tête les États-Unis, le Canada et la Russie, seront responsables de près de 90% des nouvelles émissions de gaz à effet de serre qui pourraient résulter des nouveaux gisements de pétrole et de gaz et le forage de puits selon la technique de fracturation hydraulique prévus d’ici à 2050. Si ces projets d’extraction sont autorisés, ils entraîneront un chaos climatique et un avenir invivable.

C’est ce qu’indique le rapport Planet Wreckers1 (« Les destructeurs de la planète »), publié le 12 septembre par l’organisation de recherche et de mobilisation Oil Change International:

  • Vingt pays seulement sont responsables de près de 90% de la pollution au dioxyde de carbone (CO2) causée par les nouveaux gisements de pétrole et de gaz et les opérations d’extraction par fracturation hydraulique prévus sur la période allant de 2023 à 2050. Si ces 20 pays destructeurs de la planète disaient « non » à leurs projets de production de pétrole et de gaz, comme le leur demande de manière insistante le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, 173 milliards de tonnes (Gt) d’émissions de dioxyde de carbone seraient maintenues dans le sol. Cela équivaut à l’émission de près de 1100 nouvelles centrales à charbon pendant toute leur durée de vie, ou à plus de 30 ans d’émissions annuelles de dioxyde de carbone aux États-Unis.
  • L’extension de l’extraction pétrolière et gazière des 20 pays destructeurs de la planète rendrait impossible le maintien de la hausse des températures à 1,5°C. Même l’extraction des seules énergies fossiles des sites existants à l’échelle mondiale entraînerait déjà des émissions de CO2 supérieures de 140% au plafond autorisé pour maintenir une hausse des températures à 1,5°C. Si ces pays procèdent à de nouvelles extractions, les émissions de CO2 seront supérieures de 190%, ce qui risque d’entraîner un réchauffement de plus de 2°C, ce qui serait extrêmement dangereux.
  • L’arrêt des nouvelles exploitations pétrolières et gazières rapprocherait le monde d’une trajectoire d’émissions alignée sur l’objectif de 1,5°C, mais ce ne serait toutefois pas suffisant. En l’absence de nouveaux gisements de pétrole et de gaz ou de nouvelles concessions, la production mondiale de pétrole et de gaz diminuerait de 2% par an jusqu’en 2030 et de 5% par an entre 2030 et 2050. Toutefois, pour limiter le réchauffement à 1,5°C, les gouvernements doivent aller plus loin en fermant des gisements déjà exploités.
  • Les États-Unis sont en tête des destructeurs de la planète, puisqu’ils représentent plus d’un tiers de la croissance de la production pétrolière et gazière mondiale prévue jusqu’en 2050, suivis par le Canada et la Russie. Les Émirats arabes unis (EAU) devraient également être l’un des plus grands producteurs de pétrole et de gaz, bien qu’ils se soient engagés à mettre à profit leur présidence de la COP282 (du 30 novembre au 12 décembre 2023) pour « ne pas dépasser les 1,5°C ».
  • Cinq pays du nord de la planète disposant des moyens économiques les plus importants pour réduire rapidement leur production sont responsables de la majorité3 de l’augmentation prévue des nouveaux gisements de pétrole et de gaz jusqu’en 2050 : les États-Unis, le Canada, l’Australie, la Norvège et le Royaume-Uni. Il est inexcusable de procéder à de nouveaux forages dans des pays dits à revenus élevés, aux économies diversifiées et dont la responsabilité historique dans la crise climatique est écrasante, alors qu’ils prétendent être des leaders en matière de climat. Ces pays doivent non seulement cesser immédiatement l’extension de leur production, mais aussi agir en premier et le plus rapidement possible pour la réduire progressivement et payer leur juste part du financement d’une transition énergétique mondiale équitable.

Comme l’écrit Romain Ioualalen, co-auteur du rapport : « C’est simple : quand on est dans un trou, la première chose à faire est d’arrêter de creuser. La crise climatique est mondiale par nature, mais elle est atrocement injuste. Une poignée de pays parmi les plus riches du monde mettent en danger notre avenir en ignorant les appels à l’élimination rapide des combustibles fossiles. Malgré les données scientifiques très claires qui nous indiquent ce qui nous attend au-delà de 1,5°C, ces soi-disant leaders du climat planifient le chaos climatique. Continuer à augmenter la production de combustibles fossiles où que ce soit n’est pas compatible avec un avenir vivable. »

Julia Levin, directrice associée d’Environmental Defence Canada, ajoute : « Le Canada a été désigné à juste titre comme l’un des pires pollueurs de la planète, en raison de ses projets d’augmentation de la production de pétrole et de gaz. L’été a été dévastateur pour les Canadiens, qui ont perdu leur vie, leur maison et leur communauté à cause des catastrophes climatiques. Pourtant, les gouvernements du Canada jettent de l’huile sur le feu en augmentant la production de pétrole et de gaz, alors que le gouvernement fédéral tarde à adopter de nouvelles règles qui permettraient de plafonner et de réduire les émissions du secteur pétrolier et gazier. Tout retard supplémentaire dans la réduction de la pollution due au pétrole et au gaz est inexcusable. »

NOTES ET RÉFÉRENCES

  1. Oil Change International. (2023). Planet Wreckers: How 20 Countries’ Oil and Gas Extraction Plans Risk Locking in Climate Chaos. https://priceofoil.org/content/uploads/2023/09/OCI-Planet-Wreckers-Report.pdf []
  2. La COP28 sera présidée par le patron de la compagnie pétrolière nationale des EAU, le Sultan Ahmed al-Jaber. []
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