Illustration de l'objectif de développement durable concernant la restauration des terres et des mers @ONU Environnement

L’actualité internationale, marquée par les conflits en sols ukrainien et palestinien, a remis en lumière le rôle crucial des organisations internationales dans l’aide aux personnes réfugiées, dans le soutien des populations vulnérables et dans la résolution des conflits. Les projecteurs étant braqués sur l’instabilité sociopolitique et économique mondiale, les considérations environnementales semblent aujourd’hui se faire plus discrètes. Pourtant, les organisations internationales ont pourtant un rôle à jouer sur ce plan.

Sources d’espoirs comme de déceptions au cours des dernières décennies, quel rôle doivent-elles jouer dans la protection de l’environnement et du Vivant ? Un pas dans la bonne direction vient d’être franchi par le Parlement européen avec l’adoption (2024) d’une texte engageant les pays de l’UE à restaurer les zones maritimes et terrestres.

Un pas dans la bonne direction

La décision est particulièrement importante pour la protection de la biodiversité européenne. Le texte adopté engagera les pays de l’Union européenne (UE), considérée ici comme une organisation internationale (Saurugger et Holeindre, 2016), à restaurer les rivières, lacs et fonds coralliens (zones maritimes) ainsi que les forêts, prairies et zones humides (zones terrestres) dites « en mauvais état » à hauteur de 30 % d’ici à 2030, 60 % d’ici à 2040 et 90 % d’ici à 2050 !

Puisqu’au-delà de 80 % des écosystèmes européens sont décrits comme étant en mauvais état, ces dispositions de l’accord s’appliquent à une grande majorité des milieux de vie qui composent l’UE. De plus, il est attendu qu’« une fois qu’une zone est remise en bon état, les pays de l’UE veillent à ce qu’elle ne se détériore pas de manière conséquente. » (Parlement européen, 2024, paragr. 3)

Un vote polarisé

Avec 329 votes en faveur, 275 contre et 24 abstentions (Parlement européen, 2024), d’aucuns pourraient être préoccupés par la division observée dans l’adoption de cet accord. Pris sous un autre angle, ce constat peut toutefois s’avérer réjouissant, en ce sens que le consensus que l’on retrouve dans des événements comme les COP est d’ordinaire gage d’édulcoration, pour ne pas dire de faiblesse des décisions prises. L’absence de consensus laisse entendre ici que la proposition allait trop loin aux yeux de près de la moitié des personnes siégeant au Parlement européen, ce qui devient synonyme de gain important pour celles et ceux en faveur du texte.

Il est à noter que cette décision n’entrera cependant officiellement en vigueur que 20 jours après son adoption par le Conseil de l’UE et sa publication au Journal de l’UE (Parlement européen, 2024).

Dans les limites que chacun pourra trouver à tort ou à raison dans le détail et dans l’ambition de cet accord, les citoyennes et citoyens peuvent revendiquer une part du crédit. L’accord adresse d’ailleurs plusieurs des propositions de la seconde section du thème Agriculture, production alimentaire, biodiversité et écosystèmes, pollution de la conférence sur l’avenir de l’Europe (UE, 2022), une section ayant pour objectif de « Protéger et restaurer la biodiversité, le paysage et les océans, et éliminer la pollution. » (p. 46)

Les pas qui ont précédé

Ce nouvel accord s’inscrit dans le sillage d’autres décisions prises par l’UE pour protéger les habitats marins. Pour n’en nommer qu’une seule, en septembre 2021, la Commission européenne lançait ses grandes Missions (Pôle Mer Bretagne Atlantique, s. d.). Parmi celles-ci, la Mission 2, Régénérer nos océans et nos eaux, visait :

  • la protection et la restauration d’écosystèmes marins et côtiers ;
  • la prévention et l’élimination de la pollution plastique et de la pollution attribuée aux pesticides chimiques en mer ;
  • la neutralité carbone et la circularité de « l’économie bleue de l’UE » par la réduction des émissions attribuables à l’aquaculture et par des processus de réutilisation.

Mise en œuvre à l’aide d’une enveloppe de 344 millions d’euros, la Mission a ainsi misé sur la création de Blue Parks, le développement de « connaissances numériques sur l’eau et les océans », l’accroissement de la surveillance de la santé océanique et le développement des liens et des leviers d’action des communautés locales et des personnes citoyennes pour favoriser la conservation et la restauration des écosystèmes maritimes européens (Pôle Mer Bretagne Atlantique, s. d.).

Bref, loin de conclure à des organisations internationales à l’avant-garde, idéales ou même suffisantes, il semble que l’instabilité internationale et l’urgence environnementale nous imposent à tout le moins de reconsidérer aujourd’hui le rôle de ces leviers de mobilisation et d’actions à la hauteur de leur potentiel.

Références