Klara Alkalla, collaboratrice
Une exposition photo d’Adriana Garcia-Cruz sur les immigrant.es artistes de Montréal
À moins que vous ne soyez autochtone, tout le monde est un immigrant venu d’ailleurs — Anila Lee Yuen, directrice générale du Calgary Centre for Newcomers
Musicien.nes, danseur.euses, écrivain.es ; toutes et tous sont des artistes. Leur statut migratoire ne les définit pas plus que leur métier. Pourtant, force est de constater que l’intégration dans le milieu culturel demeure un défi complexe et souvent ardu. Mais alors, qu’est-ce qui peut pousser les artistes et autres personnes migrantes à s’installer au Canada, sinon au Québec ?
Originaire de Colombie, la photographe Adriana Garcia-Cruz a immigré au Canada en 2006. Aujourd’hui résidente au Québec, elle expose jusqu’au 30 avril 2025 une série de photos au parc Ottawa à Montréal. Ce sont des portraits qu’elle qualifie de « processus psychologique ». Elle met en scène des artistes de Montréal qui ont dû trouver leur place sur l’île et tout reconstruire pour retrouver la notoriété qu’ils et elles avaient dans leur pays d’origine.
Multiculturalisme et Soft Power canadien
Le Canada est connu pour son modèle d’intégration multiculturel qui est fondé sur le droit à la différence. Il revendique une intégration des immigrant.es à la société sans assimilation culturelle. Critiqué au Québec, le multiculturalisme est à comprendre comme une stratégie qui part du principe d’un Canada uni. Le multiculturalisme s’intègre dans la vision du Soft Power canadien, qui rend ainsi le pays des plus attractif.
Pour le démographe Everett Lee (1967), il y a des raisons qui poussent à partir et d’autres qui attirent des populations. Il s’agit de la théorie du « push and pull ». La migration est tel un marché où l’individu doit faire un choix pour concevoir un avenir meilleur.
Croissance démographique record au Québec
Selon l’Institut de la statistique du Québec, la province connaît une croissance démographique record en 2023. Le Québec attire. Alors que le multiculturalisme canadien a ses failles, l’interculturalisme québécois se démarque comme modèle pluraliste d’intégration. Il concilie les volontés de la majorité culturelle à celles des minorités et des nouveaux arrivants, ce qui permet de conserver l’identité québécoise sans nuire à l’intégration des minorités ethniques.
Une œuvre inspirée par l’interculturalisme
C’est ce principe d’intégration qu’Adriana Garcia-Cruz transmet à travers son exposition. En effet, un récit migratoire positif se démarque. Par la puissance de la photographie, l’artiste explique qu’elle conçoit ses portraits tels des œuvres engagées à travers lesquelles la conception de l’individu transcende la dimension universelle des migrations.
La migration : un problème ? Une crise ? Un phénomène inhérent à l’espèce humaine ? Aujourd’hui on parle beaucoup de crise migratoire, mais est-ce vraiment une crise ? Adriana Garcia-Cruz utilise son appareil photo pour transmettre de l’espoir en montrant au public que l’intégration est possible, d’autant plus lorsque que les gouvernements fédéraux communiquent une image de tolérance et d’inclusion.
Cependant, des obstacles tels que la discrimination, les barrières linguistiques et l’accès inégal aux opportunités économiques et sociales demeurent. Ces défis peuvent entraver le processus d’intégration. Cette réalité complexe peut être illustrée par le paradigme assimilationniste. Cela suppose que la migration implique une rupture avec la société d’origine et une intégration totale dans la nouvelle, pour un.e artiste, ça peut impliquer une pression à abandonner les pratiques culturelles et l’identité qui lui est propre.
Finalement, l’exposition Artistes et immigrations met en lumière ces réalités nuancées, tout en soulignant les réussites et les contributions des immigrant.es dans la société. En capturant les histoires personnelles et les expériences des individus, ces photographies offrent une perspective humaine sur la migration et se concentrer sur les récits et les espoirs partagés.
