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Nina Angerville et isabeau Damette, membres du collectif Jeunesse pour le FSMI 2025

L’art pour tisser nos luttes est au cœur du projet de la courtepointe proposée par Valérie Ayotte-Bouchard et Laura Maria Uribe pour l’ouverture du Forum social mondial des intersections, jeudi 29 juin. Les deux qui étudient en Arts, nous accueillent chaleureusement avec des pinceaux, de la peinture, des feuilles, des pastels, des aiguilles, du fil et du tissu, prédécoupé en petits drapeaux.

À travers trois questions 1 , on nous invite à nous questionner sur ce que les discours politiques de haine suscitent chez nous et comment nous aimerions faire entendre notre voix.

Chaque personne participante est encouragée à s’emparer du matériel. Pendant que Laura-Maria donne l’exemple et nous apprend à broder, Valérie se déplace dans la salle et discute avec les un·es et les autres. Pour les deux à l’animation, il est important que chaque personne ait parlé avec quelqu’un·e. Ce moment de création collectif se veut à la fois un moment de production artistique et un moment pour créer du lien.

«Je ne suis pas dans une dynamique extractiviste, explique Valérie, je ne suis pas là pour faire la plus grande banderole possible. Ce qui m’intéresse ce sont les liens que je peux créer pendant ce temps-là.»

Un processus de création

Le projet, commencé en décembre dernier, comporte maintenant 21 toiles. Inspiré par le Patchwork des noms pour les victimes du Sida , il est constitué de toiles réalisées par les participant·es et cousues les unes aux autres. Il découle de la volonté de Valérie d’utiliser l’art comme un outil de mobilisation sociale : à la fois pour faire face à la montée de la  roite, au sentiment d’impuissance, et pour donner une voix, le tout dans un processus de  réflexion politique. Là où nous ne sommes pas capables de nous exprimer par l’oral, il  permet une autre forme d’expression.

Nolwenn, une participante rencontrée ce jeudi, nous confie que «ça fait du bien, le contexte
politique international est stressant, on ne sait pas où on va et peut-être que l’art peut  nous aider à changer ça».

Objectif

Au début conçu en non-mixité choisie pour accueillir des participant·es (femmes et personnes queers) au croisement d’oppression, l’atelier s’est finalement tenu ouvert à différentes identités. Pour autant «aucun homme cisgenre en dehors mes amis proches n’est venu malgré leur inscription», ajoute Valérie.

Chaque session est aussi un apprentissage pour Valérie qui apprend petit à petit à politiser l’atelier. Au départ tenu dans des cafés et lieux associatifs, iel a été étonnæ par la position très self-care adoptée par les participant·es. C’est pour éviter qu’on se demande comment on peut se sentir mieux avec le monde qui brûle qu’est venue l’idée de proposer un cadre  de réflexion autour des trois questions.

À travers la répétition des ateliers, Valérie a mis en place plusieurs pratiques qui facilitent l’atelier, comme notamment le fait d’exposer la «constellation» des œuvres de l’atelier précédent. Rendre visible le travail d’autres permet de rendre d’autant plus évident l’aspect collectif, de plonger plus rapidement dans l’atelier et de faciliter le passage de la réflexion à l’identité visuelle. De la même manière, organiser des sessions dans des lieux publics est souvent très riche, régulièrement des curieux·ses n’hésitent pas à se renseigner, voire même à rejoindre l’atelier !

Le projet continue son cours. Valérie aimerait qu’il puisse être utilisé dans des marches et des manifestations. Iel imagine un vernissage rassemblant toutes les personnes participantes et un fanzine composé des essais, brouillons et tempêtes de mots qui ont pu précéder la composition des œuvres.

Pour prendre contact avec la démarche :

  • V.ayottebouchard@hotmail.com , Insta angrytiredqueer
  • Lauraumaria@gmail.com

 

  1. Questions de l’atelier:

    • Quels sont les sentiments/pensées qui vous traversent face aux défis sociaux,
      politiques ou culturels actuels ? Comment l’art peut vous aider à y répondre ?
    • Qu’est-ce qui vous touche en ce moment dans le monde, comment souhaitez
      vous que votre voix soit entendue ?
    • Quelles émotions ou pensées avez vous face à la montée de la violence et
      des discours de haine dans nos sociétés ? Quels messages voulez-vous transmettre
      à travers votre art ?[]