Mai 1968 au Québec : la révolte étudiante

Pierre Bédard et Claude Charron, « L’époque héroique : octobre 1928, Noir et Rouge, automne 1969

 

Le Congrès de l’Union générale des étudiants du Québec (UGEQ), en février 68, au début du mouvement de Sciences Sociales, avait déjà laissé entrevoir une remise en question qui perçait le mur des traditionnelles rencontres de l’élite étudiante. Cette nouvelle attitude faisait son chemin en particulier au sein de la nouvelle équipe, laquelle allait entrer en action dès les premières semaines de l’été. Ce qui n’était encore qu’une interrogation et tentation allait bientôt céder la place à une audace et une franchise vis-à-vis de ses propres problèmes et de ceux de la société. L’exemple le plus étonnant est la fameuse « semaine syndicale » qui se tint en août 1968 à Sainte-Anne-de-Bellevue.

Dans une maison de retraite fermée, des étudiants de tous les coins du Québec ont fait l’examen des méthodes et des besoins d’actions et de l’idéologie sous-jacente à chacun des gestes de leurs syndicats. On ne signalera jamais assez la profonde transformation qu’ont connu les principaux leaders étudiants au cours de l’été; citons par exemple le stage des syndicalistes de C.E.G.E.P. qui eut lieu au début de juin à Saint-Jean; on venait poser, mais d’une façon différente, les vieilles questions : comment impliquer les gars, « leur faire voir ce que nous voyons », comment les faire participer au ciné-club… etc. etc. « Soupe à l’ancienne servie à la moderne » et qui, pourtant, déjà, était tiède. Toutefois, grâce à ce stage se rencontrèrent les différents syndicalistes de chaque C.E.G.E.P. qui, plus tard, allaient rencontrer les « leaders » universitaires. Tout au cours de l’été, lors de discussions interminables, on allait remettre profondément en cause les principes mêmes pour lesquels ces gens avaient pris en main la gestion de leur syndicat. Témoins, les étudiants de la région métropolitaine, de Valleyfield et même de Hull qui, au cours de l’été, se sont eux-mêmes organisés pour rencontrer des collègues plus éloignés de la métropole et pour entrer en contact avec des étudiants moins politisés.

À chaque rencontre entre ces étudiants (rencontres convoquées ou non par les dirigeants de l’UGEQ.) on sentait l’élaboration de nouvelles idées dépassant largement « le monde des études », et la présence d’une volonté neuve. Au cours de ces discussions s’est esquissé le programme de cette Semaine Syndicale où des gens de tous les coins du Québec allaient se rencontrer et établir des contacts que l’imagination et l’organisation allaient faciliter. Ils devaient finalement se demander, comme le proposait des affiches-thèmes de cette rencontre, si « dialoguer c’est se faire fourrer ». Des déchirements apparurent. Il fallait s’y attendre. Ils étaient même souhaités : C’était d’ailleurs l’objectif de cette réunion qui se voulait l’expression et la discussion de ces divergences. Le mouvement étudiant en était rendu là. Il était inutile de se poser des questions sur l’assurance-santé ou quelqu’autre « machin » sur lesquels tous les corps intermédiaires avaient leur mot à dire; notre rôle était de trouver ce que nous faisions dans la société et, encore plus, de déterminer comment nous, en nous définissant bien, nous pouvions agir sur cette société. Cette rencontre, à deux semaines de la rentrée, allait laisser ses marques; on y apprit, entre autre chose, qu’il n’y avait peut-être plus de solutions toutes faites. Le plus urgent pour nous à ce moment était de laisser place à l’imagination et de trouver de nouveaux moyens d’agir pour transformer la société et la rendre telle que nous la cherchions. Si les modérés ont pu voir et entendre des gens pour qui leur solution n’était plus qu’un souvenir, les autres, eux, se sont aperçus qu’il était inutile de s’entourer de drapeaux rouges ou noirs s’ils perdaient le contact avec ceux avec qui ils vivaient. S’il est une chose à retenir de ces quatre ou cinq jours, c’est la prise de conscience d’une solution qui était encore à venir.

Déjà, à ce moment, on savait que les choses éclateraient mais on ignorait comment, quand et sur quoi. Ceux qui, pour s’amuser, en discutant autour d’une bière, tentaient de prévoir les semaines suivantes ne le faisaient toutefois qu’avec la conviction d’exprimer là un souhait et non une tactique, un désir et non un plan. Car, en réalité, et comme pré-requis à toute l’activité étudiante telle que l’avait définie la réflexion des derniers mois, on voulait retrouver non pas « la base », comme on l’appelait dans le langage traditionnel, mais « les gars », ceux qui vivaient avec nous et qui allaient « s’impliquer d’eux-mêmes » : nouveau vocabulaire qui signifiait des conceptions nouvelles.

Le mouvement d’octobre devait avoir lieu et il eut lieu. Les premières semaines de la rentrée avaient été marquées par une inquiétude, un malaise imprécis. À l’université, dans les facultés les plus sujettes à caution, la bataille reprenait là où mars l’avait vu finir, presqu’uniquement sur le plan pédagogique. L’administration avait bien mis de l’huile dans les rouages, les étudiants auraient voulu de l’huile sur le feu : les discussions sur les cours magistraux, l’ensemble de la programmation occupèrent les premières semaines sous les yeux vigilants du monde de l’information. Dans les C.E.G.E.P., après la période des inscriptions et des options de cours, c’était le début de l’inquiétude; une certitude cachée que la castration de l’année précédente ne serait plus tolérée. On ne savait pas pourquoi, on ne savait pas comment, mais on avait cette conviction qu’aucune stratégie de l’administration n’aurait pu déjouer. Si ces premières semaines furent importantes, c’est qu’il se produisit, sur le plan concret de la vie étudiante, cette fissure entre les deux conceptions : celle de la société éducatrice et celle des éduqués. On se plaisait à évoquer l’espèce de douceur, d’amabilité dont témoignait l’ensemble des administrations; nous avons maintenant des raisons de croire que cette politique était dictée par le Ministère de l’Éducation. On s’aperçut, devant cette tactique qui avait ses côtés un peu gauche, que les administrateurs, en général, arrivaient à nous concéder, sur des terrains particuliers, des batailles que nous ne voulions même plus livrer.

La réflexion avait dépassé ces querelles bénignes; ce qu’on voulait remettre en question c’était l’ensemble de la vie, et le mot n’est pas trop fort. Ce que les administrateurs avaient à offrir, un « leader » étudiant l’a qualifié de « nénanne ». Un « nénanne » favori fut évidemment la participation. Après nous être tués pendant des années pour réclamer voix au chapitre de la gestion de notre propre vie et d’un ordre dans lequel nous vivions, on nous concédait finalement la victoire au moment où c’est l’ordre et la vie même que nous désirions reprendre en main. À la faculté de Sciences Sociales, l’espèce de conciliation étonnante issue des secteurs les plus réactionnaires de l’administration ne passait pas. Au C.E.G.E.P. Lionel-Groulx, en voie de devenir un des pôles du mouvement, on sentait nettement que, sur cette plaque étroite de « la conciliation incomprise », le malaise étudiants-administration prenait force. S’il faut en prendre la suite comme preuve, ce qui se passait à Lionel-Groulx était tout à fait symbolique.

Le Syndicat étudiant de Lionel-Groulx n’avait pas été inactif durant l’été. Il a été parmi les plus acharnés à ces travaux de rencontre et de discussion. Il rassemblait des hommes de caractère différent mais dont la complémentarité a permis cette homogénéité et cette audace dans l’idéologie. Au moment où d’autres C.E.G.E.P.s vivaient les interrogations de septembre de façon ambigüe, les dirigeants du Syndicat Étudiant de Lionel-Groulx affirmaient leur refus de la représentativité et, en même temps, impliquaient l’ensemble des étudiants devant l’échec perpétuel de la revendication, de la négociation et du dialogue. C’est ainsi que le soir du 8 octobre, dans une atmosphère qui laissait présager tout le mouvement, une majorité des étudiants du collège décidait de s’en emparer. Cette décision, aucune force extérieure ne vint l’influencer : Les dirigeants de l’U.G.E.Q. qui étaient informés, bien sûr, de la crise de Lionel-Groulx, apprirent la décision en même temps que tout le monde.

Si on s’interroge encore sur la manière dont est surgi ce mouvement, il faut en retrouver les sources dans les préparatifs mêmes, dans cette profonde volonté de réflexion, dans cette acceptation de ne pas avoir de solutions et dans cette volonté d’en trouver. Un tel ressentir obligeait l’arrêt de la machine et la prise en main, non pas du devenir, mais d’une partie même du présent. Le mouvement connaissait, depuis plusieurs mois, une disparition progressive de son élite traditionnelle, représentative et responsable au profit d’un nouveau groupe de leaders dont la qualité première était la confiance en soi. Ce mouvement n’est pas surgi d’une décision prise dans un bureau, il est né à travers des discussions tourmentées, dans l’atmosphère surchauffée d’une assemblée générale. Pour ceux qui cherchent encore des explications à ces soudaines flambées qui marquèrent tout l’année académique et qui marqueront les prochaines, il faut dire que cette implication massive et voulue par les leaders est le gage même du succès du mouvement. Ce n’est évidemment pas en assemblée générale que la transformation des mentalités pouvait apparaître. Au contraire; à la plupart des assemblées où le vote d’occupation (ou à tout le moins celui des journées d’étude) fut pris, il y avait des points précis à l’ordre du jour (auxquels d’ailleurs le Ministère tentera de répondre) : la place à l’université, la place dans le monde du travail et, finalement, le fameux système de prêts-bourses dont plus d’un avaient à se plaindre. Là où était la différence entre ces deux termes et ce qui eut pu prendre un air corporatiste c’est, qu’à chaque endroit où ces points étaient évoqués, présentés ou expliqués, on découvrait qu’il n’y avait pas de solution possible dans le cadre politique actuel et surtout dans les mentalités actuelles. Pour ces étudiants, l’occupation physique du Collège n’était pas conçue comme un moyen de pression auprès du gouvernement mais un signe de refus de ce gouvernement, incapable de répondre à la situation. Les « trois points » comme on les appelle maintenant, étaient déjà dépassés au moment de leur explication. Ils allaient être complètement oubliés lorsque le mouvement s’orienta vers une recherche de solidarité pour ensuite devenir simplement, pour certains, une recherche de soi-même.

La vague

Ce qui a marqué ces premiers jours, c’est sans doute le désir de se sentir coude à coude et cette volonté de voir l’arrêt total de la machine. Il fallait voir les réactions des assemblées lorsqu’on apprenait l’occupation ou le débrayage d’un autre collège. On amplifiait volontiers, on extrapolait de façon assez peu scientifique mais tellement sincère. On se téléphonait de C.E.G.E.P. à C.E.G.E.P. et de C.E.G.E.P. à faculté pour savoir comment ailleurs on vivait. Les salles de l’UGEQ., devenues quartier général, remplies de militants sans chef. Lorsqu’on rentrait avec des nouvelles d’un Collège, lorsqu’on téléphonait à Gaspé, à Shawinigan ou au cœur de Montréal, c’était dans une euphorie. Au cinquième étage de la rue Saint-Paul on se serait cru au quartier général d’un parti politique un soir d’élection. Et de fait, quatre jours avant l’occupation de Lionel-Groulx, le mouvement s’était étendu à 10 autres C.E.G.E.P.s et gagnait lentement les facultés universitaires. On vivait littéralement des journées de fou et on en était heureux.

Tout n’allait cependant pas être facile pour ceux qui vivaient l’occupation. Après avoir minutieusement envahi le Collège jusque dans ses recoins, en occupant parfois les bureaux de l’administration, en allant fureter jusqu’au plus profond des cuisines on se rendit compte que le délire qui avait marqué la décision d’occupation devait trouver d’autres épanchements. Car la plupart des Collèges occupés s’étaient spontanément donné un très puissant service d’ordre, formé, le plus souvent des sportifs du Collège; une telle place accordée à l’organisation matérielle allait servir de détonateur à ce qui fut l’acte révolutionnaire de l’occupation. Très tôt, la bureaucratie qui s’installait eut pour effet non seulement de couper le Collège du monde extérieur mais encore d’anéantir à nouveau les espoirs de rencontre des étudiants. Chacun était pris par une tâche ou par une autre. Dès la première semaine d’occupation, on en vint donc à contester notre propre appareil administratif. C’est alors que s’ébaucha une libéralisation du régime qui, en risquant sur la durée voulait faire de l’expérience éphémère un succès en intensité. On réduisit la plupart des administrations à la plus simple expression et l’on en vint à se rencontrer dans des discussions, à partager le même repas, et parfois le même lit; les slogans se mirent à remplir les murs, aucun n’était plus loquace que celui-ci « qui es-tu? ». Autant la première phase, qu’on pourrait qualifier de prise de pouvoir, fut sèche et aride et sèche; autant la deuxième, celle des réunions où les animateurs spontanés surgissaient fut féconde. Déjà pourtant on sentait confusément que ce remue-ménage de concepts et de mots, voué qu’il était à ne pas trouver de débouchés dans la réalité, ne pouvait pas toujours éviter les hautes sphères de la spéculation et de l’intellectualisme. Ce qu’il y avait d’étonnant, de renversant même, c’était la confiance que nous trouvions en nous à travers cette démarche.

Débats

Il faut ici répondre à certaines critiques qui ont entouré ces événements : La première, celle qui revient constamment, est que ces gestes sont ceux d’une minorité et que c’est porter beaucoup d’attention à quelques agitateurs ou écervelés exhibitionnistes. On nous dit : « il y a une poignée de jeunes, tout à fait minoritaire, qui sèment la violence et le désordre contre une immense majorité d’étudiants qui ne demandent qu’à travailler sagement et à passer leurs examens ». Les épisodes rapportés dans les journaux sont en effet le fait d’une minorité, mais il est vrai aussi que cette minorité témoigne, parfois de façon assez maladroite et brutale, d’un grave et profond malaise que ressent la majorité des étudiants. C’est pourquoi cette majorité, même si elle blâme des violences, des grossièretés ou des provocations inutiles se tait et laisse faire. Au fond d’eux-mêmes, beaucoup parmi les « bons étudiants » reconnaissent chez les agitateurs les plus actifs, les sentiments, la révolte, les aspirations qui sont aussi les leurs. Ils désapprouvent des formes d’actions provocantes parce qu’ils les trouvent excessives, parce qu’elles semblent ne déboucher sur rien de cohérent, mais au fond d’eux-mêmes ils ne se sentent pas les ennemis ou les adversaires des occupants au contraire.

Ce qui est encore plus grave, c’est de prétendre que les étudiants politisés sont les plus désabusés; ils disent et affichent qu’ils sont écœurés de cette vie qu’on leur présente et qu’on prépare pour eux, mais s’ils le disent et qu’ils arrêtent pourtant c’est qu’ils ont confiance, énormément confiance dans le fait que leur avenir n’est peut-être pas encore jouée et que le jeu des années leur permettra de construire une vie autre. Il faut avoir vécu un an, ou presque, avec ceux-là pour le savoir. En contrepartie il n’y a rien de plus triste que de voir un jeune de 20 ans qui parle et qui raisonne comme s’il en avait trois fois plus.

Ces jours d’occupation, où l’inquiétude s’installait sans détruire, d’autre part l’enthousiasme alimenté par la solidarité furent pour ces marginaux des moments de victoire. Victoire pour ceux-là même qui étaient qualifiés de mauvais étudiants par plusieurs journalistes, victoire pour ceux dont la raison, la sensibilité ou le physique subissaient le Collège, subissaient l’éducation plutôt que de s’y épanouir. C’était la victoire, la revanche de ceux qui aimaient vivre, de ceux qui avaient l’habitude d’accumuler des résultats plus ou moins bons justement parce que leur intelligence, souvent brillante, avait enfin trouvé meilleur terrain.

Un autre phénomène particulier à ce mouvement d’octobre, fut que cette manifestation étudiante n’était pas le fait de syndicalistes étudiants « vieille mode » perdus à nouveau dans les méandres de la négociation et de la revendication pour de meilleurs prêts-bourses. Ce grand débordement n’était pas non plus la victoire des groupuscules classiques de la gauche. Au contraire, ces derniers se sont souvent révélés complètement dépassés par cette manifestation qu’au fond de leur cœur ils ne croyaient plus possible tout en l’espérant. Ils ont vite compris que ce n’était pas le triomphe de leur grignotage de nombreuses années mais plutôt la victoire d’un autre groupe qui n’avait que faire de ces idéologies et de ces schémas rigoureux qu’on voulait leur faire prendre. Le fond libertaire qui occupait le mouvement en faisait le gage d’une recherche intellectuelle qui dépassait largement tous les cadres établis. C’est au fond ce mouvement même qui déterminait le rôle que l’UGEQ. allait y jouer : structures établies, corps incorporé, l’UGEQ. allait effectuer, au cours de cet éclatement, une remontée, facilitée par l’importance que le monde extérieur lui accordait, importance supérieure à celle qu’elle pouvait avoir dans son milieu même. Le rôle auquel elle était confinée et que ses dirigeants ont toujours voulu maintenir devant les critiques les plus acerbes des groupuscules organisés a été d’attiser, de faciliter par tous les moyens possibles (et ils n’étaient pas nombreux) ce mouvement dont elle n’avait pas contrôlé le départ, dont elle ne voulait pas contrôler la durée et dont elle devait assurer la poursuite. Ces positions de l’Exécutif national avaient été largement appuyées lors d’une réunion à l’Université de Montréal dès la première semaine de l’occupation. Un des membres de l’Exécutif exposa son désir de voir, partout, des assemblées générales décider de ce qu’elles allaient faire mais il incitait les collèges à pousser ces assemblées générales dans le mouvement de solidarité actuel. Après que cette politique eut été acceptée, approuvée par des représentants de tous les coins du Québec, lui accordait une presse qui, de façon évidente, ne soupçonnait pas l’incapacité de l’UGEQ., l’eut-elle voulu, à contrôler le mouvement. L’UGEQ. se mit donc en service du mouvement tout en acceptant d’être le plus symbolique reflet aux yeux de l’opinion publique. Quand le mouvement commença à montrer son essoufflement, ce qui aux yeux de tous sauf les utopiques, était prévisible depuis le début, c’est à une réunion, tenue cette fois à Québec que l’on songea à relancer l’esprit du mouvement par une marche de solidarité dans les rues de Montréal. Ce n’était pas la fin du mouvement, expliquait l’orateur de l’UGEQ., c’était notre volonté d’exprimer, d’affirmer que ce n’était qu’un début et donc d’assumer, dans ces gestes de solidarité la poussée difficile qu’il faudrait maintenant faire, parfois de façon souterraine.

Le côté spectaculaire du mouvement connaissait donc son dénouement dans cette longue marche de plus de 10,000 étudiants dans les rues de Montréal, deux semaines après l’occupation de Lionel-Groulx jour pour jour. Au cours des jours précédents plusieurs collèges avaient abandonné l’occupation, réouvert leurs portes, tous marqués par la dernière expérience vécue. Même ceux qui n’avaient pas occupé ou qui n’avaient que débrayé ou qui avaient effectué des journées d’études furent touchés par les retombées du mouvement. Dans le discours, chaudement accueilli par les étudiants qui avaient fait la marche, il était au fond dit que le palier de confiance que nous avions désormais atteint ne pouvait plus disparaître et que nous venions d’élever en deux semaines le socle du monument que sera notre génération dans l’histoire du Québec. Et de fait, trois semaines plus tard le C.E.G.E.P. de Jonquière était de nouveau occupé.

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