Depuis la promulgation des lois d’urgence sanitaire dues à la pandémie en mars 2020, la situation des femmes au Maroc s’est fortement dégradée. Les femmes ont subi plus sévèrement les conséquences de la crise économique étouffante qui en a résulté. Les mesures prises contre la pandémie ont aggravé les conditions de fragilité et de pauvreté dont elles souffraient déjà.
La crise sanitaire a dévoilé les terribles répercussions de l’absence d’une économie nationale orientée vers les besoins de la population. Elle a révélé la brutalité des politiques néolibérales imposées par les dirigeants du pays depuis le début des années 80, et qui ont généré le démantèlement du secteur public, la détérioration des services sociaux, l’augmentation vertigineuse de la dette, l’accumulation des richesses entre les mains d’un très petit groupe de familles qui dominent l’économie et contrôlent le pays, l’accentuation de l’économie de rente, et l’aggravation de la corruption dans les domaines économique, politique et autres.
Plus violence et plus pauvreté
Les politiques néolibérales ont aggravé la vulnérabilité des femmes, les poussant dans la pauvreté, perpétuant un regard méprisant à leur égard, perpétuant les diverses causes de violences auxquelles elles sont soumises, et les privant des droits économiques et sociaux les plus élémentaires, comme l’éducation, santé, logement décent, travail décent et protection sociale. Elle les a également privés de droits politiques et civils, tels que la participation aux postes de décision, la protection contre la violence, leur droit à l’égalité au sein de la famille, la préservation de leur dignité et leur droit à une maternité désirée.
Dans le monde rural, l’absence de couverture sociale chez les femmes, la propagation de la crise de l’eau potable, l’insuffisance alimentaire et l’horrible exploitation des ouvriers agricoles et des travailleurs de l’industrie alimentaire, qui étaient plus vulnérables à l’infection en raison de l’absence totale de des moyens de prévention et de sensibilisation entre eux, et l’imposition de leur travail pendant la quarantaine pour permettre aux villes de produits agricoles de base.
Pendant la pandémie, comme c’est le cas dans de nombreuses régions du monde, la violence à l’égard des femmes a augmenté, en particulier dans les villes. Nombre d’elles ont perdu leurs emplois, car la plupart travaillaient dans le secteur informel, qui a été fortement touché par la crise économique résultant de la mauvaise gestion de la pandémie par l’État. En contrepartie, les tâches domestiques non réglementées et non payées ont augmenté suite à l’arrêt de la plupart des services sociaux que les femmes ont dû prendre en charge.
Les femmes à la tête des luttes
Face à ces mauvaises conditions de vie des femmes, et malgré le poids des mentalités marginalisant les femmes qui prévalent dans la société, les femmes ont joué un rôle important dans le combat des populations face à la pandémie. Elles ont contribué dans cette lutte en tant que professionnelles de santé. Elles ont organisé la solidarité dans les quartiers pendant le couvre-feu. Elles ont mené des campagnes de sensibilisation aux mesures anti-covid. Elles ont apporté le soutien psychologique aux familles touchées. Les associations de femmes – dont celles membres de la coordination – ont été mobilisées pour soutenir les femmes victimes de violences dans des conditions difficiles imposées par la pandémie. Les forces de l’ordre interdisaient aux femmes de quitter leurs domiciles pendant le couvre-feu même si elles veulent fuir la violence, sans tenir compte qu’elles sont en détresse, voire exposées au danger de mort.
D’autre part, les femmes ont pris les devants dans la plupart des luttes, organisées par différentes catégories sociales et professionnelles. Des luttes sociales que le Maroc a connues ces dernières années, y compris pendant la pandémie. Elles ont été en première ligne des grèves menées par les professionnels de la santé qui revendiquaient les moyens de travail et des conditions décentes et sécurisées dans les lieux de travail. Les marches organisées par les enseignantes et enseignants contractuel-le-es qui revendiquent l’intégration au secteur public. Les grèves menées par les ouvrières agricoles obligées à travailler. Ces ouvrières exigeaient des moyens de stérilisations, et de prévention du virus dans les lieux du travail. Les femmes étaient présentes dans les différentes manifestations populaires qui ont eu lieu dans les petites villes marginalisées abandonnées par les autorités dans les conditions difficiles de la pandémie et des lois restrictives anti-covid.
La Coordination de la Marche Mondiale des Femmes au Maroc a mené un suivi continu des luttes des femmes contre les politiques d’appauvrissement et d’humiliation qui les visaient. Elle a fait connaitre leur contribution aux luttes populaires, et au combat mené contre le pouvoir despotique et contre les politiques de prévarication, revendiquant – entre autres – la libération des prisonniers d’opinion. Les femmes ont participé en masse également, et la coordination de la MMF avec elles, dans les rassemblements de solidarité avec le peuple palestinien pour dénoncer la politique de normalisation que le régime marocain a ouvertement adoptée, soutenant ainsi les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis par l’occupation sioniste.