Jen Gobby, Leah Temper, Holly Dressel et Freeman. Economics for the Anthropocene, 11 février 2020) |
Déclaration de solidarité endossée par plus de 4000 professeurs et chercheurs dans le monde
NOUS ÉCRIVONS POUR EXPRIMER NOTRE GRATITUDE AUX PERSONNES WET’SUWET’EN qui ont agi avec une vision et une force formidables pour défendre leur population et leurs territoires contre le développement de pipelines, alors qu’ils sont confrontés à de violentes incursions de la GRC et de l’industrie. Ils tiennent cette ligne depuis des années et prennent soin des terres et des eaux depuis d’innombrables générations. Pour nous et pour beaucoup d’autres, le camp Unist´ot´en représente la résurgence, la reconnexion, la créativité et la relation à la terre. La lutte à long terme des Wet´suwet´en est légitime et appuyée par des droits, l’autonomie et la souveraineté sur les territoires non cédés. Ces efforts profitent à tous les Canadiens.
NOUS DÉNONÇons LES ACTIONS DU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL, DU GOUVERNEMENT DE LA C.-B. ET DE LA GRC. Nous demandons que les travaux illégaux sur le territoire d’Unist’ot’en par Coastal Gas Link soient immédiatement arrêtés. Nous demandons aux gouvernements fédéral et provinciaux de respecter les droits des peuples autochtones tels qu’ils sont énoncés dans notre constitution, dans d’innombrables décisions de justice, ainsi que par la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP) et ‘Anuc niwh’it’en (Wet’suwet ‘en droit). Nous demandons aux dirigeants et aux politiciens canadiens d’arrêter la militarisation. Nous rejetons la campagne actuelle de désinformation, en particulier les déclarations qui affirment que toutes les communautés ont adhéré au pipeline, qui ne tiennent pas compte de la question très importante des différends sur la compétence des territoires entre les conseils de bande et la gouvernance héréditaire. Dans le procès Delgamuukw, les chefs héréditaires des Wet´suwet´en ont été reconnus comme les titulaires légitimes du titre, et leur souveraineté sous-jacente sur le territoire a été établie par la plus haute cour du Canada.
Nous nous opposons fermement au projet de pipeline Transcanadien et à d’autres projets d’énergie en cours de développement qui menacent les terres autochtones. Selon les dernières preuves scientifiques, il est encore possible que les changements climatiques catastrophiques soient ralentis ou arrêtés, mais cet objectif nécessite une élimination immédiate des infrastructures de combustibles fossiles. Et nous demandons aux gouvernements de répondre à l’appel des scientifiques qui ont indiqué que les nouvelles infrastructures de combustibles fossiles représentent la source des émissions les plus menaçantes du monde et nous mèneraient vers des augmentations spectaculaires de la température mondiale.
Le monde doit passer directement aux sources d’énergie renouvelables le plus rapidement possible. Le gaz naturel ne doit pas être considéré comme un carburant de transition qui «comblera le fossé» entre les systèmes énergétiques à haute et à faible teneur en carbone. La mise en valeur du gaz de schiste et ses infrastructures connexes auront des répercussions très graves non seulement sur les territoires des peuples autochtones qui habitent la province de la Colombie-Britannique, mais sur les zones d’extraction dans le nord-est, le long des territoires et des bassins versants que le pipeline traversera, et en particulier sur les communautés côtières, l’habitat du saumon dans les rivières et la vie marine restante dans la mer des Salish et K̲andaliig̲wii (le détroit d’Hécate), que tous seront touchés par l’augmentation du trafic de pétroliers.
Les processus de gouvernance actuels n’ont pas réussi à protéger adéquatement l’environnement et les droits issus de traités. Pour atteindre les objectifs climatiques du Canada et les engagements du Canada à l’égard de la réconciliation, le gouvernement canadien doit cesser de forcer violemment les gazoducs à travers les terres autochtones.
NOUS VOULONS ENCOURAGER TOUS LES CANADIENS À SOUTENIR ACTIVEMENT LES GENS DE WET’SUWET’EN. Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat a averti que nous n’avons que 12 ans pour relever le défi de limiter l’augmentation des températures à 1,5 degrés. Même à ce moment historique, nous ne voyons aucun signe que nos gouvernements actuels soient capables de relever les défis actuels auxquels tous les Canadiens sont confrontés. La double crise du chaos climatique et la montée des inégalités s’aggravent. La recherche montre qu’une transformation substantielle et rapide de nos sociétés sera nécessaire pour atteindre nos objectifs climatiques et de réconciliation; cependant, nos systèmes économiques et politiques actuels ne tiennent pas compte de ces appels et ne nous font pas avancer vers un avenir durable et juste. En effet, ces systèmes économiques et politiques facilitent l’accumulation de richesses par la saisie continue de terres autochtones et le pillage du monde naturel. Nous ne pouvons pas laisser ces systèmes défaillants nous guider.
Notre meilleur espoir de justice et de durabilité au Canada réside dans des collectivités comme la nation Wet’suwet’en, qui prennent leurs relations et leurs responsabilités à l’égard de leurs terres et de leurs eaux si sérieusement qu’elles risquent tout ce qu’elles ont pour la défendre.
Le camp Unist’ot’en abrite un centre de guérison, conçu comme un espace pour guérir du traumatisme subi par tant de Premières nations au Canada en raison de la violence coloniale et extractiviste. Des projets comme le pipeline Transcanadien perpétuent cette violence. Envahir ce camp, perturber cet espace de guérison, est particulièrement déraisonnable. Pour commencer à guérir ces relations, la violence observée récemment en Colombie-Britannique doit cesser.
[…] Ainsi, au lieu de condamner le blocus du chemin de fer, je vous suggère peut-être de vous joindre aux 5000 professeurs et chercheurs qui soutiennent le peuple Wet’suwet’en. […]