Un mineur colombien sortant d'une mine de petite échelle. Source : Bayves - CC BY 4.0 DEED (https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Minero_de_San_Roque,_Huila,_Colombia.jpg)

Le collectif Projet Accompagnement Solidarité Colombie (PASC), et plusieurs allié·es, dénonce l’immoralité et l’injustice de Aris Mining qui a entamé une poursuite de 700 millions $ US en 2016 contre l’État colombien.

La raison de cette poursuite est que la compagnie canadienne accuse les mineurs artisanaux des municipalités voisines d’avoir envahi ses mines et d’avoir fait des grèves qui affectèrent directement leurs chiffres d’affaires.

Pourtant, c’est Aris Mining qui s’est installé sur les territoires traditionnels des communautés minières des villes de Segovia et Marmato, en forçant le déplacement des peuples.

« C’est paradoxal », s’est exclamée Leila Celis, membre du PASC, écrivaine d’un article de dénonciation dans la revue Caminando et professeure de sociologie à l’Université du Québec à Montréal, lors d’une entrevue en visioconférence.

Une installation forcée et des droits violés

La société canadienne Gran Colombia Gold, aujourd’hui Aris Mining, a racheté Frontino Gold pour un montant total de 200 millions $ US. Ce rachat bénéficie d’une expropriation frauduleuse puisque l’entreprise appartenait légalement auparavant à des travailleur·euses et des retraité·es.

À plusieurs reprises dans l’historique de la compagnie, les employé·es et légaux propriétaires ont été victimes d’actions frauduleuses des fonctionnaires de différents paliers.

L’acquisition a tout de même été conclue par l’entreprise canadienne, qui savait l’existence des violations des droits de la personne. Juste après que Gran Colombia Gold prit possession de la compagnie minière, les conditions de travail et le respect des droits des personnes retraitées se sont détériorés.

Des démarches juridiques pour faire reconnaitre leur droit de propriété ont débuté et, entre 2010 et 2016, 14 personnes affiliées au syndicat ont été assassinées, dont trois dirigeants syndicaux. D’autres ont été forcés à se déplacer ailleurs. Aris Mining n’est pas directement impliquée dans cette situation, mais elle en est informée.

Les terrains de travail de la compagnie se situent dans une région où l’exploitation minière indépendante et artisanale est une pratique ancestrale. Les droits de ces communautés minières sont affectés par différents mécanismes juridiques favorisés par des entreprises de capitaux privés.

Avec cette poursuite d’un montant élevé, Aris Mining se présente comme victime alors qu’elle a beaucoup à se reprocher.

Leila Celis croit que, si cette poursuite se concrétise en faveur de l’entreprise canadienne, ce type de pratique serait plus accessible et encouragerait les capitaux privés à poursuivre plus facilement les États.

Des impacts environnementaux s’y ajoutent

Même si plusieurs entreprises prônent la transition écologique, l’exploitation minière a des effets néfastes sur l’environnement. Bien que la pensée populaire croie que l’utilisation des mines soit réduite, l’extraction des métaux a doublé depuis plus de vingt ans et devrait continuer d’augmenter.

L’industrie minière teste les limites de l’environnement tandis que des compagnies comme Aris Mining poussent pour augmenter la productivité de leur effectif et jette une grande quantité de déchet.

Maigre possibilité de changer les choses

L’industrie extractive est l’une des plus rentables et c’est la raison à laquelle les capitaux privés investissent dans ce milieu. Il est rempli d’injustice sociale, de violence envers les travailleur·euses et d’exploitation des pays moins développés.

Le gouvernement canadien facilite ce type d’investissement en défendant ces pratiques sur le plan juridique.

Mme Celis a indiqué qu’il faut travailler ensemble et faire en sorte que le gouvernement canadien se responsabilise sur la situation actuelle en Colombie. Elle ajoute qu’il faudrait que quelqu’un rapporte le sujet au Parlement du Canada.

« Je souhaite beaucoup qu’il quitte le territoire, mais je doute qu’il va le faire », a ajouté Mme Celis.

Omettant l’immoralité, aucune raison ne pousserait Aris Mining à abandonner leur site d’extraction qui leur rapporte énormément d’argent, avec une poursuite en attente.

Plusieurs organismes offrent du soutien aux communautés colombiennes. Le PASC, qui prône une solidarité directe, défend les droits humains et combat la colonisation des territoires, travaille sur la sensibilisation concernant cette situation entre Aris Mining et l’État colombien.

Cet organisme offre un accompagnement international dans le but de soutenir les différentes communautés colombiennes qui ont besoin de soutien. Le support et la présence étrangère exercent une pression sur le pouvoir politique locale.

Pour en savoir plus sur l’accompagnement international du PASC, cliquez ici et regardez la vidéo.