Le Conseil présidentiel de transition (CPT) a été installé le jeudi 25 avril dernier. Nous publions ci-dessous la Déclaration de la diaspora haïtienne de Miami, New York et Montréal, suivi de la Déclaration de la Coalition haïtienne du Canada contre la dictature en Haïti comme contribution collective aux échanges avec les groupes de Miami et New York.
« Surveillez-les, arrêtez-les, il y a une loi pour ça ». Aujourd’hui, alors que le Conseil présidentiel de transition prend le pouvoir, il est crucial de rester vigilants !
Le peuple haïtien endure d’énormes souffrances. Nous refusons de retomber dans les mêmes erreurs qui ont causé notre situation actuelle. Les gangs continuent de semer la terreur en tuant, torturant, chassant les gens de chez eux, détruisant les hôpitaux, les universités, les commissariats de police, et bloquant les routes. Ils ont pris en otage l’État. La pauvreté et la faim se répandent. Notre capitale dépérit. Notre pays est en danger d’extinction.
Quand Dessalines parlait de « couper la tête, brûler la maison », il ne visait pas les maisons malheureuses, mais plutôt les misérables qui luttaient pour leur survie.
Durant ces trois dernières années, plusieurs organisations civiles représentatives du pays se sont réunies sous la bannière du groupe Montana pour proposer un changement radical s’opposant au régime PHTK. Ce régime qui, depuis 2010, a conduit le peuple vers la ruine, la mort, la corruption et l’impunité.
Le groupe Montana a fait de nombreuses propositions concernant la sécurité publique, la justice, la participation citoyenne et la décentralisation. Ces propositions ont servi de base à un accord politique facilitant la création d’un Conseil présidentiel transitoire pour promouvoir le changement.
Ce n’est pas toutes les propositions du Montana qui se retrouvent dans cet accord politique, mais ce groupe a compris qu’un COMPROMIS est nécessaire pour freiner cette machine de la mort et rétablir d’autres règles dans le jeu politique.
C’est une étape importante. À cet égard, nous saluons tous les participants ainsi que le CARICOM (Caribbean Community) qui ont rendu cet accord possible. Cependant, le peuple haïtien a beaucoup trop souffert pour que nous acceptions de jouer à ce jeu malicieux, et nous refusons que des acteurs peu crédibles soient une fois de plus au centre des affaires.
Le gouvernement démissionnaire d’Ariel Henri, qui est directement responsable de cette situation chaotique, a publié un décret formant le Conseil présidentiel de transition, en modifiant des détails importants de l’accord qu’ils avaient eux-mêmes signé.
NOUS EXIGEONS LA PUBLICATION DU TEXTE AUTHENTIQUE SANS AUCUNE MODIFICATION
Le gouvernement démissionnaire n’a aucun droit de modifier quoi que ce soit dans cet accord.
Nous estimons que le gouvernement de facto n’a aucune légitimité pour enseigner la Constitution aux citoyens. De même, nous pensons que ceux qui ont contribué à plonger le pays dans son état actuel ne peuvent pas prétendre être ceux qui le dirigent.
REGARDEZ-LES ! DÉMASQUEZ-LES ! Le peuple haïtien a trop souffert pour que nous tolérions un retour au même jeu corrompu où le pouvoir est détenu au bénéfice personnel, utilisant des gangs pour empêcher les gens de questionner l’origine de l’argent de Petro Caribbean.
L’Accord du Montana repose sur un ensemble de valeurs éthiques non négociables. C’est un document respecté nationalement et internationalement.
Ces valeurs doivent guider le conseil présidentiel de transition, tout en respectant la loi et la constitution de notre pays. En élisant les candidats du Montana au Conseil de transition, ces valeurs démontrent comment des élections transparentes peuvent se dérouler et également comment des Haïtiens de divers horizons peuvent s’asseoir ensemble, discuter et parvenir à un consensus en plaçant les intérêts nationaux au-dessus des intérêts personnels. C’est donc une source d’exaspération dans notre système actuel.
Nous, de la diaspora, soutenant l’accord du Montana, luttons contre toutes les politiques destructrices qui minent les institutions du pays depuis quatorze ans. Nous dénonçons les manœuvres dilatoires qui maintiennent le pays sur le chemin chaotique sur lequel il est.
Nous avons le droit de participer aux décisions qui nous concernent, nous, le peuple haïtien.
Nous avons besoin de deux personnes responsables pour diriger la transition avec succès : un coordinateur du conseil présidentiel et un premier ministre.
NOUS AVONS BESOIN DE PATRIOTES qui croient en notre pays, qui sont qualifiés et honnêtes, pour nous aider à sortir de la crise de mort et de destruction que nous vivons actuellement.
Le peuple haïtien souffre énormément. Il y a de l’espoir de changement. Ne le gaspillons pas.
NOUS RESTERONS VIGILANTS !
Groupes au sein de la diaspora haïtienne de Miami, New York et du Canada
- Initiative citoyenne à New York pour soutenir l’accord du Montana : Daniel Henrys Daniel Huttinot Julien Jumelle, Lionel Legros Michèle Montas
- Comité de Solidarité et de Résistance du Peuple Haïtien à Miami : Hudes Desrameaux, Abel Simon Zéphir.
- Coalition haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti : Jean-Claude Icart Chantal Ismé, Richard Mathelier, Dominique Mathon, Walner Osna, Alain Saint-Victor.
La position de la Coalition haïtienne du Canada contre la dictature en Haïti
Nous, de la Coalition haïtienne du Canada contre la dictature en Haïti, signataires de l’Accord de Montana du 30 août 2021, sommes très préoccupés par la manière dont la communauté internationale impose ses propres règles du jeu aux acteurs haïtiens dans la mise en place d’une transition continue.
Nous sommes d’accord sur le principe de transition que l’accord du 30 août supportait. La transition radicale a une série de principes et de caractéristiques fondamentaux qui la caractérisent. Des principes comme la reconquête de la souveraineté du pays ne peuvent être négociés. Conserver la souveraineté, c’est abandonner toute forme d’occupation.
La CARICOM (Caribbean Community), qui est censée jouer un rôle intermédiaire, semble, par ses actions, être un acteur politique intéressé qui agit selon l’agenda des puissances qui dominent le pays, en collaboration avec les politiciens et les organisations politiques à l’intérieur du pays. Dans cette logique, l’occupation transnationale s’impose comme condition d’établissement de la transition. Cela ne correspond pas du tout à nos convictions et à nos principes.
Une transition radicale doit être claire du choix des personnes qui y participent. En ce sens, nous continuons de croire que le PHTK et ses alliés n’ont pas leur place dans un gouvernement de transition visant à retrouver la souveraineté du pays et à établir les conditions permettant au peuple haïtien de vivre dans la paix et la dignité. C’est ce régime qui nous a mis dans le bourbier dans lequel nous nous trouvons, dans le but de démanteler de fond en comble toutes les initiatives et mobilisations populaires du pays qui nécessitent un changement de système.
Le dicton populaire « Renverser le chaudron » exprime clairement la volonté et la détermination du peuple haïtien d’établir un autre modèle de société. Par conséquent, les personnes et les organisations des « bandits légaux » du PHTK et de ses alliés soutenus par la « communauté internationale » sont les responsables du chaos et de la situation terroriste d’aujourd’hui depuis plus d’une décennie. Le peuple haïtien dit c’est assez. Le PHTK et ses alliés sous la dictée du Core Group (États-Unis, France, Canada…) ne peuvent être a la base du chaos, des problèmes pour ensuite chercher les solutions. Ils mettent le feu et redeviennent pompiers.
Cela fait 13 ans que le régime PHTK est au pouvoir et bénéficie des bénédictions des pays du Core Group (en particulier les États-Unis, la France et le Canada), le peuple haïtien ne manque jamais une occasion de jeter ces gens à la poubelle de l’histoire pour les crimes financiers, les massacres, la corruption et toutes les mauvaises actions commises contre le peuple. Une transition radicale nécessite des personnes et des organisations crédibles, qui ne sont impliqués dans aucune mauvaise action, drogue, délits financiers, enlèvements, meurtres; des personnes qui n’ont jamais été condamnées par la justice nationale ou internationale.
Une transition radicale doit avoir des gens qui ne sont soumis à aucune sanction nationale ou internationale, des gens qui n’ont jamais lié leurs saucisses au régime criminel du PHTK et qui n’ont jamais servi les intérêts des pays étrangers. Cela signifie que cette transition n’a besoin que de personnes et d’organisations intégrées, crédibles, honnêtes, patriotiques, fortes, compétentes et qui feront passer les intérêts d’Haïti avant tout. En ce sens, nous sommes très préoccupés par la présence du Montana dans le collège présidentiel de la CARICOM, car l’initiative de la CARICOM ne répond à aucune démarche vraiment radicale. À notre avis, l’objectif est de mettre fin à toutes les initiatives haïtiennes pour que le pays accède à sa propre souveraineté et d’empêcher Haïti d’apporter une solution haïtienne à la crise créée dans le pays.
Nous constatons que toutes les manigances que la CARICOM exécute au nom de ses employeurs sont contraires à tous les principes fondamentaux de la transition. Tout ce qui se passe ici répond aux objectifs des pays opprimant Haïti de renouveler et renforcer le régime du PHTK et ses alliés qui répondent comme des proxénètes aux projets des pays dominants Haïti. De plus, c’est une astuce pour maintenir et renforcer la dépendance et la domination du pays. Accepter cela, c’est vendre le droit souverain du pays.
Comme Montana l’a dit dans son programme initial, Haïti a besoin d’une transition radicale venant des Haïtiens. C’est une transition qui doit au moins créer les conditions pour dé-ghoster le pays dans toutes ses coutures (notamment économiques et politiques), rapatrier la souveraineté du pays en organisant de véritables élections sans dictature étrangère ni oligarchie locale. Toutes les transitions doivent être claires pour le peuple haïtien à partir du choix des personnes et des organisations qui y participent.
Cette transition doit créer les conditions permettant aux gens de vivre en paix, dans la dignité et poser les bases pour que les gens vivent comme les gens, les bases pour que les citoyens voient et fassent la politique d’une manière différente dans le pays et créent les conditions des procès à mener sur tous les crimes financiers et le massacre contre le peuple haïtien.
Toutes les démarches de la CARICOM sont contraires à ce projet. Et en ce sens, nous pensons que l’accord du 30 Aout doit lancer un processus de communication permanent pour expliquer à toutes les organisations signataires et au peuple haïtien en général ce qui se passe.
Quand on constate que ce qui se fait est contraire au projet de transition radicale, cela nous inquiète beaucoup. Tôt ou tard, et c’est encore plus triste, nous continuons de croire qu’à la croisée des chemins où nous nous trouvons, tous les vrais patriotes et organisations progressistes ont la responsabilité historique et éthique de se rassembler et de s’unir dans un front uni pour empêcher le pays de tomber dans un piège qui renouvellera PHTK et ses alliés et démanteler toutes les initiatives démocratiques et populaires.
Nous devons unir nos forces comme des adultes pour faire aboutir le projet de transition. C’est un rendez-vous que nous avons avec l’histoire, réagissons maintenant et assumons notre responsabilité.
Haïti avant tout ! Vive Haïti souverain ! Vive la lutte du peuple haïtien ! Ceux qui combattent ne meurent pas !
Pour la Coalition
Alain Saint-Victor, Walner Osna.
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