Amazon : la nouvelle figure du capitalisme globalisé

Attac-France, 24 novembre 2019

Évasion fiscale massive, développement d’entrepôts entièrement robotisés, livraisons par drones, repas fournis en moins de 30 minutes, salarié·e·s sous surveillance, reconnaissance faciale, destruction d’invendus… Le monde selon Amazon, première capitalisation boursière au monde, semble s’inspirer d’une science-fiction. C’est pourtant une réalité chaque jour plus concrète.

Cette position invasive et omnipotente, Amazon a pu l’acquérir en s’affranchissant d’une série de règles et de lois. Jeff Bezos, multimilliardaire à la tête de la firme, a su construire sa suprématie au détriment du respect des normes les plus élémentaires.

Dans ce rapport, Attac France, les Amis de la Terre et l’Union syndicale Solidaires démontrent, chiffres et données à l’appui, l’impunité fiscale, sociale et environnementale dont jouit Amazon depuis de trop nombreuses années. Cette étude présente une série d’indicateurs qui éclairent sur l’impact écologique et économique sur les territoires. Enfin, il met enfin en évidence une série de pratiques illégitimes de la multinationale : du chantage à l’emploi sur des élu·e·s jusqu’à l’organisation de la gentrification de quartiers entiers à Seattle. Dans ce rapport il est notamment démontré que :

  • Amazon dissimule 57% de son chiffre d’affaires réalisé en France, selon nos estimations, ce qui lui permet de pratiquer une évasion fiscale massive en déplaçant une grande partie de ses bénéfices vers l’étranger. Cela a bien sûr des impacts négatifs sur les recettes fiscales des États où est présent Amazon, mais ce recours massif aux paradis fiscaux renforce également la position prédominante d’Amazon vis-à-vis de ses concurrents, plus petits, qui paient en proportion de leur activité davantage d’impôts.
  • Le monde selon Amazon n’est pas viable : d’après nos calculs, Amazon Web Services a émis 55,8 millions de tonnes de gaz à effet de serre en 2018, soit l’équivalent des émissions du Portugal ; les pratiques de la firme occasionnent un gaspillage considérable : 3 millions de produits neufs ont été détruits par Amazon en France en 2018.
  • Amazon développe sa présence en France en faisant travailler majoritairement des personnes ayant des contrats précaires, notamment en intérim, qui s’épuisent dans des entrepôts gigantesques. En mesurant l’impact net d’Amazon sur l’emploi aux États-Unis où la multinationale est implantée depuis plus longtemps, on constate que pour 1 emploi créé par Amazon, 2 emplois sont détruits. Mais parce que la marche d’Amazon n’est pas inéluctable, ce rapport s’attache aussi à présenter plusieurs luttes inspirantes, qui, partout autour du globe, s’opposent aux méfaits de la multinationale, avec à la clef, quelques victoires.

Nos revendications

  • Le maintien de l’application de la convention collective du commerce et de la distribution pour les salarié·e·s d’Amazon.
  • Le respect du code du travail en termes de temps de traitement de la paie et des arrêts et accidents du travail.
  • L’intégration de tou·te·s les travailleuses et travailleurs intérimaires dans les effectifs d’Amazon et la fin de la sous-traitance.
  • La réduction progressive des ventes de produits neufs – notamment textiles et électroniques – afin de baisser de moitié d’ici 2030 les émissions de l’ensemble du modèle Amazon, de la fabrication des produits à la livraison, conformément aux recommandations du GIEC.
  • La réduction de l’impact climatique des transports par la diminution des trajets, le passage de l’ensemble des prestataires à des modes moins polluants, à commencer par l’arrêt immédiat du transport des marchandises par avion, du retour gratuit des produits.
  • La réduction de l’impact climatique des data centers, par la réduction progressive des données stockées et l’approvisionnement à 100% en énergies renouvelables.
  • La mise en place du “reporting public pays par pays” soit l’obligation, pour les multinationales, de rendre publiques les informations concernant leur activité dans chaque pays, ce qui permet de les taxer en conséquence.
  • La mise en place d’un système fiscal basé sur la taxation unitaire des multinationales, afin qu’Amazon paie sa “juste part” d’impôt.
  • La finalisation et mise en œuvre d’un traité international contraignant destiné à encadrer l’action des multinationales et les obligeant à publier des informations concernant les enjeux et les risques de leurs activités en matière d’environnement et de droits humains, ainsi que les politiques mises en place pour y faire face.
  • Dans l’immédiat, pour stopper l’expansion d’Amazon et l’aggravation de son impact écologique, social et économique sur les territoires, nous demandons l’arrêt de la construction de nouveaux entrepôts en France, tant que les mesures assurant le respect de l’Accord de Paris et qu’une étude d’impact sur l’emploi n’auront pas été mises en place.

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