Extrait du rapport de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation au Mali, février 2018
Le gouvernement canadien s’apprête à déployer des hélicoptères et 200 militaires au Mali dans le cadre d’une Mission des États-Unis (MINUSMA) qui compte 12 000 soldats sur le terrain. Cette mission fait suite à plusieurs interventions militaires de la France depuis le début de la décennie. Par ailleurs, les investissements canadiens au Mali sont importants, plus d’un milliard de dollars (2014), notamment de la multinationale IAMGOLD, basée à Toronto. |
Tout au long de l’année 2016 et du premier semestre de 2017, la situation des droits de l’homme est demeurée préoccupante. Au moins 608 cas de violations et d’abus des droits de l’homme et 820 incidents mettant à risque la vie des civils et leurs droits ont été documentés par la Division dans les régions du nord et du centre du Mali, ainsi que le District de Bamako. Dans l’ensemble, au moins 441 personnes ont été tuées, 73 ont disparu, 295 torturées ou maltraitées et 365 autres blessées. Il est aussi important de noter que 78% de ces cas (violations, abus et incidents mettant à risque la vie des civils) ont impliqué soit des éléments de groupes armés signataires ou non signataires, soit des éléments armés dit non identifiés. Figurent également parmi ces auteurs des éléments affiliés à AQMI et autres groupes similaires.
Ces incidents ont été documentés principalement dans les régions de Tombouctou et de Mopti, des zones dans lesquelles l’empreinte des groupes armés signataires est moins importante que dans les régions de Gao, Ménaka ou Kidal, mais aussi des régions où la présence de l’Etat en dehors des villes principales est de plus en plus rare, laissant ainsi progressivement la place à d’autres entrepreneurs de la violence.
De leur côté, les autorités maliennes ont été impliquées dans 47% des violations et abus des droits de l’homme documentés par la Division. Ce qui représente au final 20 % de l’ensemble des violations, abus et autres incidents mettant à risque la vie des civils. Les principales violations concernent l’absence d’enquête et d’instruction pour des infractions au code pénal constitutives de violations des droits de l’homme et ou du droit international humanitaire, rapportées dans des zones sous leur contrôle. Si les FDSM n’ont été impliquées que dans un nombre limité de violations, les données ne doivent pas occulter le fait que dans les régions du nord et du centre du Mali, ces forces sortent très peu de leurs bases pour mener des opérations, sauf dans les régions de Mopti et Ségou.