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Le mardi 28 mars se tenait à Bruxelles le 6e forum sur le futur de l’agriculture. Une grande messe européenne pour multinationales. Cependant, l’Observatoire des multinationales dénonce ce sommet qui permet en réalité au lobby de l’agriculture intensive de se draper dans une cape verte tout en faisant la promotion d’un technojovialisme qui, selon ses défenseurs, permettrait de résoudre de nombreux problèmes.
Un centre de conférence tout neuf, des invité.e.s de marque (dont le vice-président de la Commission européenne en charge du « Green Deal »), une journée entière de discussions en anglais. Une journée presque classique dans l’agenda bruxellois de ceux et celles qui suivent la politique européenne.
Pourtant, ce mardi 28 mars, l’enjeu était de taille : rien moins que « le futur de l’agriculture ». La liste des sponsors de l’événement était tout aussi impressionnante : les multinationales Nestlé, PepsiCo, Syngenta (pesticides), Cargill (matières premières), John Deere (machines agricoles) et Microsoft, ainsi que le lobby européen des grands propriétaires terriens (ELO). Ces entreprises et lobbys ont retiré de ce sponsoring un retour sur investissement direct et appréciable, puisque leurs représentants ont eu une place à la tribune pour discourir devant et à côté du commissaire européen à l’Environnement.
Car le Forum pour le futur de l’agriculture est un événement de lobbying. Il bénéfice certes du soutien de grandes ONG environnementales (IUCN, WWF), mais ce n’est qu’un moyen de lui donner une image un peu plus verte vis-à-vis de l’extérieur. À l’intérieur, les discours sont tout autres. Les multinationales vantent la technologie comme moyen de répondre à toutes les critiques sans rien changer à leur modèle. Le directeur scientifique de l’ELO balaie d’un revers de main la proposition de loi fixant un objectif de 25% d’agriculture biologique en Europe. Et pour couronner la mise en scène, la suédoise Eva Weijber, présentée comme une défenseuse des agriculteurs.trices qui ont des difficultés à boucler leurs fins de mois, fait un très beau discours bien écrit, debout, dans un costume impeccable, pour exiger moins de réglementation, notamment environnementale. En réalité, elle n’a rien d’une paysanne pauvre. Elle possède un vaste domaine agricole, a des liens avec la famille royale suédoise, et travaille pour l’organisation suédoise des grands propriétaires terriens.
Au final, un bel exercice de théâtre et de faux-semblants, où les grands intérêts économiques revêtent le costume de l’intérêt général et de la durabilité pour maintenir les critiques à la porte de l’événement et mieux effacer les véritables alternatives. À l’image de la fresque du Forum, théoriquement à la participation de « tous.toutes », mais où les mots « stop pesticides » ont été très vite recouverts.
Avant
Après