Crédit photo: Rébecca Vassie, AP, NTB. CC BY-NC 4.0. https://ndla.no/article/36479

Laetitia Lahy JdA-PA – Juin est le mois de la fierté pour la communauté LGBTQ+ dans le monde. C’est aussi le premier mois de l’adoption de l’« Anti-homosexuality Act 2023 » en Ouganda interdisant l’homosexualité et toute forme de promotion.

Approuvée et signée le 29 mai par le président Yoweri Museveni, elle est qualifiée comme étant l’une des lois les plus dures et sévères envers les personnes LBGTQ+ dans le monde ((Le Monde. (2023, May 29). En Ouganda, le président promulgue une loi anti-LGBT+, accusée de violer «de manière flagrante les droits humains» Le Monde. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/05/29/en-ouganda-le-president-promulgue-une-loi-anti-lgbt-accusee-de-violer-de-maniere-flagrante-les-droits-humains_6175301_3212.html)).

Histoire des lois anti-homosexuelles en Ouganda

L’homosexualité est, jusqu’à aujourd’hui, un tabou et surtout un crime, dans près de 32 différents pays en Afrique1. En Ouganda, elle est punie par la loi depuis l’époque de la colonisation par la Grande-Bretagne. Cette loi anti-homosexualité est en préparation depuis le début de l’année 2023. Le projet de loi contre l’homosexualité avait été précédemment voté par le Parlement le 21 mars dernier. Il avait ensuite fait l’objet de plusieurs amendements ainsi que d’allers-retours entre le parlement et le président, comme lors de celle du 2 mai, où ce dernier avait demandé que la loi se concentre sur les actes plutôt que sur l’identité sexuelle des personnes homosexuelles2. Mais nombre de ces amendements ne sont pas passés face à la montée et au durcissement du conservatisme en Ouganda, qui se produit depuis plusieurs années.

La loi anti-homosexuelle 2023

La signature par le président rend cette loi encore plus dangereuse pour les personnes homosexuelles et aggrave leur situation au sein du pays. Une des versions antérieures de cette loi punissait celles et ceux qui avaient des relations sexuelles avec des personnes du même sexe et toutes personnes soupçonnées d’être homosexuelles, ce qui repose sur les préjugés sur les personnes homosexuelles et les renforce. Tout individu accusé d’avoir des relations avec des personnes du même sexe risquait près de 10 ans d’emprisonnement3.

Cette dernière version de la loi, signée par le président, punit tout comportement homosexuel, et toutes personnes soupçonnées d’actes homosexuels, qui pourraient risquer l’emprisonnement à vie et les « récidivistes » pourraient être condamnées à mort. Des projets de loi similaires punissent de vingt ans d’emprisonnement toute forme de « promotion » de l’homosexualité4.

Réaction locale et internationale

L’adoption de cette loi a suscité une très forte réaction sur la scène internationale. De nombreux pays et chefs d’État de par le monde, notamment le président Joe Biden, ont exprimé leur déception et leur mécontentement. De même, de nombreuses organisations, comme Amnesty International ou encore l’Organisation des Nations unies ont soulevé le danger que représente l’adoption de cette loi et l’atteinte grave qu’elle représente en termes de violation des droits humains. De nombreux pays occidentaux avaient déjà précédemment condamné le projet de loi au mois de mars, et menacent maintenant de mettre en place de potentielles sanctions économiques. Les États-Unis pensent notamment à durcir les restrictions pour l’obtention d’un visa et retirer leurs contributions économiques à l’aide à la lutte contre le VIH4

Face à l’adoption de cette législation, de nombreuses associations en Ouganda ont réagi et ont décidé de porter leur cause auprès de la cour constitutionnelle, car cette décision représente une contradiction avec les principes de la Constitution en Ouganda5.

Cette nouvelle loi participe au renforcement de l’homophobie en Afrique et met la vie des personnes de la communauté LGBTQ+ en grave danger. Elle représente un pas en arrière dans la lutte pour les droits de la communauté et vers la création d’espaces plus sûrs pour l’expression des genres et des sexualités dans le monde. L’adoption de cette loi ouvre la porte aux violences et aux discriminations envers les personnes homosexuelles, mais cette fois, autorisées par l’État. La réputation de l’Ouganda sur la scène internationale ainsi que ses relations avec de nombreux États va être grandement touchée et très certainement avoir une conséquence sur sa situation socio-économique.

  1. Reuters. (2023, May 30). Uganda enacts harsh anti-LGBTQ law including death penalty. Reuters; Reuters. https://www.reuters.com/world/africa/ugandas-museveni-approves-anti-gay-law-parliament-speaker-says-2023-05-29 []
  2. Le Monde. (2023, May 29). En Ouganda, le président promulgue une loi anti-LGBT+, accusée de violer «de manière flagrante les droits humains.» Le Monde. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/05/29/en-ouganda-le-president-promulgue-une-loi-anti-lgbt-accusee-de-violer-de-maniere-flagrante-les-droits-humains_6175301_3212.html []
  3. Anonyme (2023, March 22). Ouganda. Il faut rejeter la loi anti-LGBTI qui érige en infraction les relations sexuelles entre personnes de même sexe. Amnesty International. https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2023/03/uganda-reject-anti-lgbti-law-that-criminalizes-same-sex-sexual-activity/ []
  4. Al Jazeera (2023, May 30). US to consider visa restrictions over Uganda anti-gay law. Aljazeera.com; Al Jazeera. https://www.aljazeera.com/news/2023/5/30/us-to-consider-visa-restrictions-over-uganda-anti-gay-law [] []
  5. Reuters. (2023, May 30). Uganda enacts harsh anti-LGBTQ law including death penalty. Reuters; Reuters. https://www.reuters.com/world/africa/ugandas-museveni-approves-anti-gay-law-parliament-speaker-says-2023-05-29/ []