LIBERATION15 août 2021 à 11h08
Kaboul assiégée ? Ce dimanche matin, les talibans se sont rapprochés encore un peu plus de la prise de pouvoir totale. Après avoir pris samedi soir les villes de Mazar-i-Sharif, quatrième plus grande ville afghane, et Jalalabad, trois officiels du ministère de l’Intérieur ont déclaré ce dimanche matin que les talibans étaient entrés dans Kaboul, la capitale afghane. Nouvel épisode tant redouté d’une campagne militaire à la rapidité stupéfiante. Selon un des porte-parole des talibans, les combattants auraient reçu l’ordre de rester aux portes de Kaboul et de ne pas entrer dans la capitale de l’Afghanistan.
«L’Emirat islamique ordonne à toutes ses forces d’attendre aux portes de Kaboul, de ne pas essayer d’entrer dans la ville», a ainsi affirmé sur Twitter Zabihullah Mujahid, un porte-parole des talibans. «Il y a des combattants talibans armés dans notre quartier, mais il n’y a pas de combats», a de son côté déclaré à l’AFP un habitant d’une banlieue située à l’est de la capitale. Le président Ashraf Ghani a demandé dimanche aux forces de sécurité d’assurer l’ordre public à Kaboul.
La déroute est totale pour les forces de sécurité afghanes, pourtant financées pendant vingt ans par plusieurs centaines de milliards de dollars par les Etats-Unis, et pour le gouvernement en place. Samedi, le chef de l’Etat avait dit faire de la «remobilisation (des) forces de sécurité et de défense» la «priorité numéro un». Le président afghan avait néanmoins précisé que des «consultations» étaient en cours pour trouver une «solution politique» garantissant la paix et la stabilité. Dans la soirée, le palais présidentiel a précisé qu’une délégation serait «prochainement constituée par le gouvernement et prête à négocier».
Déploiement américain
Face à la déroute de l’armée afghane, Joe Biden annoncé dans un communiqué publié samedi son choix de porter à 5 000 le nombre de soldats déployés dans la capitale afghane, à l’aéroport de Kaboul. L’administration américaine avait jusque-là évoqué le chiffre de 3 000 soldats. Leur mission : évacuer les diplomates américains et des civils afghans ayant coopéré avec les Etats-Unis qui craignent pour leur vie.
Le Pentagone évalue à quelque 30 000 le nombre de personnes à évacuer au total. L’ambassade américaine a ordonné à son personnel de détruire les documents sensibles et symboles américains qui pourraient être utilisés par les talibans «à des fins de propagande». Le président américain a menacé les talibans d’une réponse «rapide et forte» en cas d’attaque qui mettrait en danger des ressortissants américains lors de l’opération d’évacuation.
Mais il a aussi défendu sa décision de mettre fin à 20 ans d’une guerre lancée dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001. «Une année ou cinq années de plus de présence militaire américaine n’aurait fait aucune différence, quand l’armée afghane ne peut ou ne veut pas défendre son propre pays», a-t-il affirmé. «Je suis le quatrième président à diriger une présence militaire américaine en Afghanistan – deux républicains, deux démocrates. Je ne léguerai pas cette guerre à un cinquième., a-t-il conclu. Londres a parallèlement annoncé le redéploiement de 600 militaires pour aider les ressortissants britanniques à partir. D’autres pays occidentaux ont annoncé réduire au strict minimum leur présence dans les pays, voire fermer provisoirement leur ambassade.