Afghanistan: les femmes résistent encore à la répression

Manifestation le 10 décembre 2021 à l'occasion de la journée internationale des droits humains - crédit Rawa.org
Yasamin Afghan dévoile le quotidien des femmes afghanes et dénonce le meurtre et l’emprisonnement de celles qui résistent au régime brutal des talibans.

publié sur le site féministe Capire

Depuis près de sept mois, le peuple afghan perd ses droits et en particulier les femmes afghanes qui sont devenues la principale cible du régime brutal des talibans. Les femmes et les filles afghanes sont prises en otage par les talibans et utilisées comme objet de négociation lorsque les talibans veulent traiter avec la communauté internationale.

Les femmes afghanes ont été intimées de ne pas quitter leur foyer sans un parent de sexe masculin, même s’il s’agit d’un garçon de cinq ans. Les femmes ont reçu l’ordre de se couvrir et ont été interdites sur les chaînes de radio et de télévision, bien que certaines présentatrices travaillent encore, mais cela ne se limite qu’à la ville de Kaboul. En dehors de Kaboul, la vie dans son ensemble est devenue un enfer pour les femmes en Afghanistan.

Les femmes ont été intimées de se couvrir de la tête aux pieds avec le hijab noir. Les vêtements colorés et les talons hauts ont été interdits, en particulier pour les étudiantes. Récemment, les universités ont repris le travail, mais avec des cours séparés et des étudiantes ont été arrêtées pour avoir utilisé des accessoires considérés comme inappropriés par les talibans.

La situation générale à Kaboul est dramatique. Si on demande aux femmes, elles diront qu’il y a des descentes quotidiennes dans les marchés et magasins. Si une femme part seule, les talibans apparaissent rapidement et commencent à la battre et à l’insulter.

Les écoles sont toujours fermées dans tout l’Afghanistan, pour « raisons de sécurité », même dans des zones considérées comme sûres. La vérité est que les universités n’ont rouvert que parce que les talibans veulent présenter une image favorable d’eux-mêmes, mais ce qui se passe réellement n’est couvert ni par les médias internationaux ni par les médias locaux.

Les femmes afghanes manifestent depuis le premier jour du retour des talibans. C’est pourquoi les talibans ont peur de la détermination des femmes afghanes ; c’est pourquoi de nombreuses manifestantes ont été arrêtées, battues et y a mêmes des récits selon lesquels elles ont également été violées. Même maintenant, certaines militantes sont toujours en détention.

Les militantes sont traquées et tuées. Leurs corps sont retrouvés sans vie et, selon les talibans, ce sont des tireurs « inconnus » qui tuent ces femmes. Nous, le peuple afghan, nous savons que les « tireurs inconnus » sont en fait les talibans eux-mêmes parce qu’ils étaient l’un des responsables de l’élimination de figures progressistes.

Il y a une forte censure en Afghanistan et les médias locaux n’osent pas montrer la brutalité des talibans. En dehors de Kaboul, il y a des passages à tabac publics et d’autres punitions, tout comme pendant la période précédente où les talibans étaient au pouvoir, de 1996 à 2001.

L’Afghanistan a déjà été oublié, en particulier avec la crise qui se déroule en Ukraine. Le monde a complètement cessé de regarder l’Afghanistan. Alors que le monde est tourné vers l’Ukraine, les talibans mènent des raids de maison en maison à Kaboul, Parvana et Kapisa et arrêtent des gens en se déguisant comme des ravisseurs, des membres de Daech [État islamique, acronyme arabe] entre autres. En raison de la censure, le nombre exact de personnes arrêtées est inconnu.

Édité par Tica Moreno

Traduit du portugais par Claire Laribe
Texte original en anglais