Asha Aless, Révolution permanente, 17 avril 2020
Dans cet eldorado de l’inégalité et de la violence du système capitaliste, le confinement apparaît comme un cauchemar pour les Sud-africains. Sans salaires, ni aides telles que des allocations chômage, la majorité ne compte actuellement que sur des colis alimentaires qui sont leur seule source de nourriture. Mais ceux-ci n’étant pas distribués régulièrement, des situations de révolte surviennent comme a Johannesburg ou au Cap il y a seulement quelques jours, auxquelles le gouvernement ne répond que par la violence, la répression et la barbarie.
Cette phrase prononcée par une habitante du Cap à l’AFP résume la situation de la population en Afrique du Sud, tiraillée entre mourir de faim ou mourir du Covid-19. En effet, les systèmes de santé sont à l’image du pays, extrêmement inégaux entre d’une part, les cliniques privés dans les zones touristiques et les quartiers bourgeois qui disposent d’une infrastructure ultra-moderne et qui ont assez de soignants pour gérer le flux des patients, et d’autre part, l’hôpital public en manque criant de ressource, de moyens, et de soignants. Cet héritage colonial de la gestion de la santé empêche la majorité de la population d’accéder à des soins alors que l’épidémie se propage dans tout le continent subsaharien, sans aucune visibilité. Ainsi, le manque de tests qu’on déplore dans certaines puissances impérialistes y est encore plus manifeste dans ces pays.
De plus, les politiques austéritaires imposées par le FMI depuis 2008 doivent être refusées en bloc. L’Afrique du Sud, qui compte 60 millions d’habitants, ne peut se transformer en cimetière à cause des logiques impérialistes et néolibérales. La dette de 1700 milliards qui plane sur les populations pauvres et qui en dernière instance est payée par elles, doit être annulée. Et l’Etat doit réinvestir massivement dans le système de santé en réquisitionnant les cliniques privées pour les mettre au profit de l’ensemble de la population : seul moyen de sauver des vies et de sortir d’une logique de marchandisation de la santé, qui condamne actuellement en Afrique du Sud plusieurs millions de personnes.
« Ils nous ont dit qu’on aurait des colis. Où sont les colis ? »
Le gouvernement, à l’annonce du confinement, avait promis des colis de nourriture pour les populations les plus pauvres. Seul moyen de ne plus vivre le ventre vide pour au minima 25% de la population, ces colis sont une nécessité absolue. Cependant ils tardent à arriver, ce qui condamne des millions de Sud-africains à une faim permanente.
Alors que les denrées alimentaires dans certaines puissances impérialistes sont en train d’être détruite car n’étant plus assez rentables sur le marché capitaliste, partout dans le monde, la crise sanitaire accentue les inégalités d’accès a la nourriture. Ce qui a des conséquences tragiques pour ces populations déjà exposées à une très grande pauvreté. Les premières émeutes en Afrique du Sud pendant le confinement ont commencé quand des Sud-africains des quartiers pauvres sont sortis massivement a la recherche de ces colis alimentaire. Ils n’ont alors rien trouvé sauf la police et les militaires qui les attendaient. Comme au Cap, où les forces de répression ont alors procédé à des tirs de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc pour répondre aux demandes de la population.
En réalité, la maîtrise de ces émeutes par tous les moyens possibles est une nécessité pour le gouvernement de Ramaphosa qui cherche à tout prix à invisibiler et calmer toute révolte populaire. En effet, celle-ci pourrait transformer la crise sanitaire actuelle en une crise politique majeure dans un pays déjà frappé par autant d’inégalités.