Joao Marcio et João Pedro Stédile Socialist project, 28 décembre 2018
Le capitaine « réformé » Jair Bolsonaro s’était déjà engagé à ce que toutes les décisions relevant du domaine économique soient transférées au grand capital, sous l’hégémonie du capital financier et des sociétés étrangères (incarnées dans Paulo Guedes et ses Chicago Boys). Selon les déclarations du président, son gouvernement sera directement dirigé par des hommes d’affaires déterminés à réduire les « coûts », c’est-à-dire à accroître les profits privés. Un gouvernement radicaliserait l’agenda de Michel Temer dans le but de mettre en œuvre les mesures suivantes:
- Une réduction brutale des coûts salariaux de la main-d’œuvre(c’est-à-dire une réduction du salaire minimum et la fin des divers droits du travail, associée à une détérioration des conditions de travail, par la généralisation du travail intermittent, la sous-traitance et le démantèlement de justice du travail);
- L’appropriation privée de toutes les ressources naturelles possibles (pétrole, minerais, terre, eau et biodiversité), en éliminant tout obstacle bureaucratique ou juridique, en piétinant les populations traditionnelles et en respectant l’environnement.
- La privatisation de 149 entreprises d’État,dont il ne resterait qu’une partie de Petrobras pendant que la société publique EMBRAER serait vendue à Boeing;
- La privatisation de la sécurité socialeoù le problème n’est ni le déficit ni les privilèges, en particulier ceux des juges et des militaires, qui ne seront pas modifiés. Ce que veulent les banques, c’est le droit de mettre en place un régime de sécurité sociale privé, avec un accès gratuit à l’épargne nationale;
- Le démantèlement et la privatisation de l’éducation publique, ce qui implique une forte réduction ressources et des investissements dans les écoles et les universités; la mise en œuvre massive de la formation à distance par des entreprises privées; la substitution du processus public d’embauche de techniciens et de professeurs par la sous-traitance; la réduction drastique des bourses d’études, de la recherche et du soutien pour rester à l’université; l’imposition de présidents d’université par le ministère de l’Education au détriment d’élections démocratiques par la communauté universitaire; la persécution idéologique contre la liberté d’enseignement et de recherche;
- La suppression et la privatisation de la santé publiquepar la généralisation des partenariats public-privé en tant que modèle de gestion et la substitution des concours publics par une sous-traitance temporaire);
- La privatisation du système financier public- Banco do Brasil, BNB et Caixa – et un processus de sous-traitance et de privatisation des services publics en général;
- La relance de l’industrie de l’armement, par la libération des permis et des priorités budgétaires imposées par la police et les forces militaires, y compris des accords avec Israël pour la fourniture d’équipements;
- Un modèle de sécurité publique encore plus belliqueux, moins imputable et juridiquement moins responsable, avec la libération des ventes d’armes, l’abaissement de l’âge légal pour être jugé en tant que criminel à 16 ans et un processus punitif en cours remplir nos prisons encore plus qu’ils ne le sont déjà;
- L’alignement subordination du Brésil face aux intérêts des États-Unis, ainsi que son alignement politique sur des gouvernements de droitetels que l’Italie, Israël et Taiwan.
Conclusion
La mise en œuvre d’un tel programme ne peut être achevé que par l’intimidation, la persécution et la violence. Par ailleurs, c’est aussi un projet vulnérable. L’élite économique s’inquiète de son imprévisibilité. Sa base sociale est fragmentée, son parti, le PSL, n’ayant aucune cohérence programmatique. D’autre part, Bolsonaro présente une manière autoritaire qui constitue sa figure publique qu’il ne peut pas abandonner sans se nier.
Certes, les capitalistes l’utilisent maintenant, mais ils lui ont déjà mis un prix et ont fixé comme date d’expiration l’exécution de réformes néolibérales (la thérapie de choc) pendant un an ou deux au maximum. L’incertitude (pour tous) réside dans le fait que, une fois la boîte de Pandore st ouverte, les démons n’y reviendront pas facilement.