Isabelle Papillon, Haiti Liberté, 6 mars 2019
Le vendredi 1er mars 2019, David Hale le Sous-secrétaire d’État aux Affaires Politiques des Etats-Unis, est arrivé en Haïti pour une visite officielle. Vu la conjoncture politique du pays, cette visite entre dans le cadre précis du gouvernement américain de rassurer en quelque sorte le régime imposé qui est totalement menacé par une mobilisation populaire.
Au cours de son périple, le commissaire yankee s’était toujours fait accompagner par l’ambassadeur des Etats-Unis Michele Jeanne Sison. Tout juste après son arrivée, Hale a rencontré le président doublement inculpé Jovenel Moïse, le premier ministre Jean-Henry Céant et ensuite différentes personnalités politiques du pays telles que Mirlande Manigat du RDNP, Florence Elie, Edmonde Supplice Beauzile de la FUSION, Liné Balthazar du PHTK, le député de Pétion-ville, Jerry Tardieu et le sénateur Évalière Beauplan du secteur dit démocratique et populaire de l’opposition.
Hale n’est ni le premier et il ne sera également pas le dernier envoyé de la Métropole américaine en Haïti pour essayer de transmettre le message symbolisant la domination néocoloniale à savoir « Les Etats-Unis s’opposent à toute forme de violence. Haïti ne doit pas être une menace pour la région ». C’est leur tentative d’instrumentaliser un coup d’état au Venezuela qui les oblige à ne pas laisser dégénérer la crise haïtienne qui pourrait d’un moment à l’autre déboucher sur n’importe quel dangereux imprévu. C’est dans cette optique que le chef de file des impérialistes force les protagonistes de la « crise » à s’asseoir ensemble pour une solution pacifique de dialogue inter haïtien ; pourtant au Venezuela, il a pris position claire et nette aux côtés d’une certaine opposition qu’il a orchestrée.
Le gouvernement de Moise/Céant n’a rien dévoilé sur des retombées de cette visite, à part le Premier ministre qui a signalé sur twitter : « J’ai rencontré M. David Hale, le Sous-secrétaire d’État américain aux affaires politiques. Les échanges se sont articulés notamment autour de la nécessité de renforcer le processus d’institutionnalisation de la démocratie en Haïti à travers le dialogue » La responsabilité d’informer l’opinion haïtienne a été l’œuvre de l’ambassade des États-Unis à Port-au-Prince qui dans un communiqué a publié les diktats de Hale exprimant la position de l’administration américaine. Il « exhorte le gouvernement haïtien à élaborer une stratégie à long terme pour renforcer les institutions, améliorer la bonne gouvernance et lutter contre la corruption ».
Pour jouer à l’équilibre de façon à amadouer les naïfs, le communiqué continue en ces termes : « Les Haïtiens souffrent depuis trop longtemps de l’instabilité politique, de la mauvaise gestion économique et de la corruption. La stabilité politique attirera la croissance économique et les investissements étrangers. Nous félicitons la Police nationale d’Haïti (PNH) pour son professionnalisme, et nous continuerons de lui apporter notre soutien afin qu’elle puisse remplir sa mission ».
« Le gouvernement des États-Unis encourage les efforts déployés pour engager un dialogue inclusif et sérieux et attend avec impatience la tenue d’élections parlementaires et locales honnêtes et transparentes au mois d’octobre qui aideront à canaliser les changements à travers les urnes et non par la violence »
Jovenel Moise lui, comme il n’a jamais eu l’étoffe d’un chef d’état a manifesté ouvertement son contentement par un énorme gâchis qui a transpiré dans un tweet et qui l’a exposé en tant qu’un président-subalterne des américains. Par ce tweet, il a tout à fait rabaissé la présidence haïtienne d’autant qu’il n’en sait pas le prestige, n’ayant pas gagné le fauteuil présidentiel à la sueur de son front, encore moins par le vote majoritaire du pays.
Une honteuse déclaration est tombée de sa bouche : « J’ai eu l’honneur d’accueillir le sous-secrétaire d’État aux Affaires politiques, M. David Hale. Nous avons eu des échanges sur la situation du pays. J’apprécie la disponibilité du gouvernement américain pour faciliter la recherche d’une solution interhaïtienne à la crise sociopolitique ». Aux oreilles d’une population qui a déjà vomi l’usurpateur du titre présidentiel, une telle déclaration a eu l’effet désastreux d’un gage de soumission inconditionnelle et veule à titre de remerciement et de reconnaissance à l’égard de ceux qui le tiennent encore au pouvoir.