Thomas Erdbrink, extrait d’un article paru dans le New York Times, 8 mai 2018
L’Iran est en crise. L’économie est en chute libre. La monnaie est en chute libre. La hausse des prix pèse sur les citadins. Une sécheresse de cinq ans dévaste la campagne. La bataille entre les « modérés » et les « radicaux » s’intensifie. Aujourd’hui, la bouée de sauvetage offerte par l’accord nucléaire de 2015, censé alléger la pression sur l’économie iranienne et ouvrir les portes de l’Occident, s’effondre avec l’annonce du président Trump,
Le principal perdant sera le président modéré du pays, Hassan Rouhani, qui a maintenant l’air affaibli et brûlé pour le risque qu’il a pris en traitant avec les Américains. S’adressant à la nation après l’annonce de M. Trump, Rouhani a déclaré que l’Iran ne prendrait aucune mesure immédiate pour redémarrer l’enrichissement d’uranium et qu’il négocierait avec les autres parties impliquées dans l’accord. L’effondrement de l’accord nucléaire pourrait être une mauvaise nouvelle pour l’ensemble de la direction iranienne, déjà secoué par l’insatisfaction populaire sur l’économie et le manque de libertés.
Même avant la décision de M. Trump, l’accord nucléaire n’avait pas tenu sa promesse de salut économique pour les Iraniens. M. Rouhani l’a vendu comme la solution aux problèmes du pays. Il a promis que les entreprises étrangères inonderaient l’Iran d’investissements, apportant des emplois et des opportunités à des millions de chômeurs. Il a également déclaré que le compromis sortirait l’Iran de son isolement international. En effet, plusieurs compagnies aériennes ont repris leurs liaisons avec Téhéran après la conclusion de l’accord.
Mais des problèmes plus profonds, tels que des lois sur l’investissement, la corruption généralisée et l’arrestation d’étrangers par des forces de sécurité extrémistes, ont freiné le boom promis par le président.
Mais ce qui a vraiment diminué les avantages potentiels de l’accord, ce sont les sanctions américaines qui sont restées en place malgré l’accord, et qui ont empêché plusieurs institutions financières de travailler en Iran. Les sanctions empêchent également presque toutes les transactions financières normales, privant l’Iran de crédits indispensables et d’investissements étrangers. Le retour de sanctions encore plus larges pourrait mettre encore plus de pression sur l’économie.
Les tenants de la ligne dure, qui ont perdu le soutien de la population, mais qui contrôlent les forces de sécurité, la justice et la télévision, se sont déclarés vainqueurs puisqu’ils ont toujours soutenu que l’Iran ne pouvait pas faire confiance aux États-Unis.