Devant le bureau du premier ministre Trudeau à Montréal ce dimanche 17 mars, plusieurs membres de la communauté haïtienne se sont réuni.es pour demander au gouvernement canadien de ne plus prendre part aux prises de décision concernant Haïti. La manifestation profite de lancer un message aux pays membres de la Communauté caribéenne (CARICOM) 1 en leur disant qu’ils ne peuvent pas dicter quoi faire au peuple haïtien qui est habilité à prendre le pouvoir politique.
Munis de pancartes et du drapeau haïtien, les compatriotes haïtien.nes dansent et crient, fatigué.es de l’emprise occidentale. Toutes et tous se disent prêt.es à rester solidaire pour sauver leur pays, suivant sa devise «L’union fait la force». Le Canada doit admettre qu’Haïti est un pays souverain, les décisions concernant l’avenir d’Haïti doivent être prises par les Haitien.nes.
La diaspora haïtienne elle-même est également affectée par la crise en Haïti. Elle est souvent confrontée à des défis tels que la perte des membres de leur famille, les préoccupations économiques et les inquiétudes pour la sécurité de leurs proches restés en Haïti. Malgré ces défis, elle veut jouer un rôle crucial dans la réponse à la crise et dans la reconstruction d’Haïti.
Parmi les leaders, Dr Wilner Cayo est le principal visionnaire de ce mouvement intitulé «Debout pour la dignité». Tout au long de la manifestation, il n’a cessé de dire : «Nous sommes venu.es dire ici tout comme nous n’avons pas le droit de dire au Canada qui choisir comme premier ministre, le Canada non plus n’a pas le droit de nous dire qui choisir ni comment choisir.»
Rappelons qu’à la suite de la démission du premier ministre de facto Ariel Henry, la CARICOM, à la demande des pays occidentaux, presse les autorités politiques haïtiennes à instaurer un conseil présidentiel de transition composé de sept membres. Pour faire partie dudit conseil, les candidatures doivent répondre à certains critères dont ne pas être sur le coup d’une condamnation ni sous le coup d’un acte d’accusation ou d’inculpation.
Cela dit, plusieurs politiciens, parmi lesquels Guy Philippe n’aura pas leur place parmi les proposés. Militant politique, il est reconnu pour être celui qui a renversé en 2004 le pouvoir du Jean-Bertrand Aristide. Guy Philippe a été emprisonné aux États-Unis de 2017 à 2023 pour le trafic de stupéfiants, chef d’accusation pour lequel il a plaidé coupable.
«Pourquoi Donald Trump peut se présenter à nouveau à la présidence américaine pour le parti républicain aux prochaines élections tout en sachant qu’il fait face à 34 accusations criminelles?» est parmi les questions que posait la foule aujourd’hui. D’une seule voix, la foule réclamait Guy Philipe comme président provisoire d’Haïti.
Mais est-ce qu’effectivement Guy Philipe est une alternative crédible à une sortie de crise? Cette volonté d’avoir Guy Philipe à la tête du pays n’est-elle pas une façon de se rebeller contre l’ingérence étrangère? Pourra-t-il mettre fin au système comme le réclame le peuple? Ce que l’on peut retenir c’est que la diaspora haïtienne à Montréal réclame que la décision de sortie de crise ne doive pas être prise par la CARICOM ou par un tiers, mais par le peuple haïtien. C’est ça la démocratie!
Pour en savoir plus
- Coalition des acteurs et actrices de la diaspora haïtienne, La solution haïtienne à la crise plus que jamais d’actualité, 1er janvier 2024
- Coalition haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti (CHCCD), Le départ du premier ministre de facto Ariel Henry: nécessaire et incontournable, 26 septembre 2023
- Rédaction Jda-PA, Déclaration de l’Initiative citoyenne de New York pour appuyer l’Accord de Montana, 27 avril 2023
- une organisation internationale régionale dont sont membres plusieurs États anglophones des Caraïbes, le Suriname néerlandophone et Haïti[↩]