Laetitia Lahy – JdA-PA – Un phénomène en croissance dans le capitalisme mondialisé est sa pulsion prédatrice. Le néolibéralisme semble avoir fait place à un nouveau type de mondialisation, celle de la «WorldEater ».
Cette mondialisation prédatrice en fait une machine dévoreuse et avide de richesses. À l’occasion de l’atelier «Grassroots resisance against the imperial/colonial worldeater» ([Résistance terrain contre la prédation coloniale/impériale mondialisée — traduction libre]) qui s’est tenu dans le cadre de la conférence La Grande transition, Alexander Dunlap, a expliqué que le «WorldEater» est une sorte de pulsion qui pousse l’extractivisme du capitalisme toujours plus loin. Le «Worldeater» fait du capitalisme mondialisé une «machine» dévoreuse et avide.
S’inscrivant dans le cadre théorique des systèmes-mondes, les panélistes ont, tour à tour, présenté de quelle manière ce nouveau type de capitalisme s’approprie toujours et continuellement plus de richesses dans différentes régions du monde. Cette théorie soutient qu’il existe des dynamiques impérialistes et coloniales prédatrices qui accentuent les inégalités et renforcent les problèmes environnementaux, favorisant la croissance économique sans fin pour les pays du Nord.
Leonardo Helland, professeur à The New School à New York, a soutenu que le capitalisme occidental s’est accaparé de nombreuses terres «landgrabing» qui a conduit à la destruction de l’équilibre du mode de vie des populations autochtones. L’appropriation des terres est une forme de colonisation, permise et soutenue par le développement du capitalisme prédateur mondialisé (WorldWEater). Le «landgrabing» crée la dégradation des territoires, l’utilisation des ressources naturelles par les grandes compagnies, jusqu’à sa disparition et son épuisement.
Pour le Dr Abigaïl, Perez, du même établissement universitaire, insiste pour prendre en considération les multiples espèces vivantes cohabitant sur un territoire pour créer une égalité et une solidarité qui saurait dépasser l’imaginaire capitaliste occidental.
Dawa Yangi, une autochtone d’une minorité ethnique du Népal s’est concentrée sur la question de l’hydrocolonialisme au nord-est de l’Inde. Elle expliquait la manière dont de nombreuses entreprises ont pollué ou stoppé des cours d’eau qui étaient nécessaires au mode de vie et aux cultures, ainsi qu’aux croyances de nombreuse population en Himalaya.
Les derniers panélistes ont abordé les conséquences du «WorldEater» en Afrique, notamment en Tanzanie et au Libéria. Felix Mantz, de l’Université d’État de Californie, parle d’écologie abolitionniste. Il explique ainsi qu’il faut abolir les différentes institutions qui perpétuent et consolident des pratiques d’appropriation de terres pour pouvoir libérer les territoires. Il prenait notamment l’exemple de la construction des prisons et les frontières en Tanzanie sur les populations locales.
Ali Kaba, de l’Université américaine de Washington, a témoigné de la résistance face au vol de leur territoire et à l’invasion des entreprises occidentales. De nombreuses communautés au Libéria dépendent de leurs terres pour subvenir à leurs besoins et pour promouvoir l’écotourisme. Elles ont commencé à s’organiser après avoir constaté que leur avis n’était pas pris en considération lors de l’adoption de projets.
Cet atelier a bien montré l’ampleur de la démesure du capitalisme prédateur sur la planète. Le «Worldeater» est une force planétaire qui se manifeste de manière complexe et idiosyncrasique dans des lieux et des contextes spécifiques. Toutefois, il inspire un espoir face à la résistance constatée partout contre le stade suprême du capitalisme mondialisé incarné par ce système monde du «Worldeater».