Martín Noda / Hans Lucas, Basta Mag, 25 septembre 2019
Les mobilisations pour le climat ont repris de plus belle. Le dérèglement climatique s’accélère, l’inaction continue, et des marcheurs et marcheuses ont arpenté les rues, vendredi 20 et samedi 21, pour rappeler aux gouvernants leurs responsabilités, dénoncé leur inaction totale, affirmer la volonté de « sauver le climat, pas le système ». Plus de 5 000 actions recensées, plus de 4 millions de manifestantEs dans le monde. Marches mais aussi, grèves, débats et recherches de voies alternatives.
Vendredi 20, des centaines de milliers de jeunes, dans plus de 150 pays, ont manifesté à travers le monde, poursuivant ainsi l’appel lancé par Greta Thunberg, en 2018, à la « grève de l’école ». Ce boycott des salles de classe a été le plus important jamais organisé.
Des villes de l’Asie-Pacifique, Sydney, Séoul, Manille, Tokyo, Bombay, Bali… ont connu des manifestions importantes.« Nous ne coulons pas, nous nous battons », reprenaient les jeunes du Vanuatu, des Kiribati, des Salomon, des Philippines, archipels menacés de submersion. En Australie, les sécheresses de plus en plus fortes, les feux de forêt de plus en plus intenses, des pluies diluviennes provoquant des inondations dévastatrices, la dégradation de la Grande barrière de corail, sont les signes manifestes du dérèglement du climat. Signes que les conservateurs au pouvoir refusent de voir, là-bas comme ailleurs.
Des jeunes à l’ONU
Vendredi a été donné à New York le coup d’envoi de deux semaines d’actions, dont le Sommet de la jeunesse pour le climat. Plus de 600 jeunes sud-américains, européens, asiatiques et africains se sont réunis à l’ONU. Le cadre institutionnel inspire doute et méfiance et, parmi les « solutions » proposées aux États, figurent des propositions qui ne rompent pas avec le capitalisme, bien sûr, mais le caractère exceptionnel de la réunion (des jeunes face aux responsables des États) montre la détermination de la jeunesse mobilisée et la crainte des puissants de voir la colère se propager et aboutir à une contestation généralisée de leur système. D’ailleurs, la brutalité des déclarations des Trump, Bolsonaro et autres tyrans climato-négationnistes, prêts à une 3e guerre mondiale pour sauver leur système en bout de course, révèle leur panique à voir les luttes s’organiser et s’étendre. En France, la répression policière disproportionnée, samedi encore à Paris, l’utilisation de lacrymos, grenades et armes de guerre sont les signes que Macron craint de voir toutes les colères converger.
Ne comptons que sur nous-mêmes !
Lundi 23, les chefs d’État dont Macron, Merkel… se réunissaient à l’ONU pour un premier sommet du climat. Nous sommes habitués à leurs shows carnavalesques, et celui-ci a apporté une fois de plus son lot de déclarations enflammées, vides de toute efficacité.
Pour maintenir la hausse à 1,5°C, il faut laisser 80% des énergies fossiles dans le sol. Donc changer de mode énergétique, de mode de production, de consommation, de déplacement… Pour cela, une révolution est indispensable. Elle est peut être en route : les slogans des marcheurs et marcheuses sont identiques, d’un continent à l’autre. C’est une première !
Au-delà du succès numérique des marches, nombreux et nombreuses sont celles et ceux qui se posent la question de l’efficacité face à l’urgence mise en évidence par les derniers travaux scientifiques1. Ils et elles sont des milliers à se former à la désobéissance civile, comme les décrochages de portraits de Macron ou le blocage de la « république des pollueurs ». Il est de plus en plus clair qu’il faut trouver les moyens pour bloquer la fuite en avant climaticide. La grève mondiale pour le climat sera le moyen le plus efficace pour arrêter la machine infernale qui mène à la catastrophe. Il y a aussi la recherche précieuse des convergences comme l’appel « Nous, Gilets jaunes, écolos, handicapés, paysans, travailleurs, avons un message commun ».