Les jeunes sénégalais.es songent à retourner dans leur pays

Amina Diallo

Les élections du 4 avril 2023 au Sénégal ont résonné comme un coup de tonnerre auprès de la population sénégalaise. La diaspora ne fait pas exception. L’accès au pouvoir de Diomaye Bassirou Faye après douze ans du régime de Macky Sall a été ressentie comme un énorme espoir. Nous avons voulu prendre le poul de trois jeunes au statut étudiant étranger au Québec. Le dauphin d’Ousmane Sonko est très populaire chez les jeunes au Sénégal mais aussi chez celles et ceux qui étudient au Québec.

Mame Adama a 25 ans et étudie en informatique. Marième Soda, 23 ans, est étudiante en systèmes informatiques et électroniques. Les deux sont de l’Université de Montréal. Mamadou est étudiant en biochimie à l’UQAM. Pas besoin de poser des questions compliquées, il suffit de leur demander Et puis, pour avoir un flot de commentaires enthousiastes sur la situation.

Une source d’espoir pour la jeunesse sénégalaise

Pour Mame Adama, sa satisfaction est immense : « La rupture tant attendue a finalement eu lieu, l’ancien président et son gouvernement ont fait vivre un enfer aux populations sénégalaises ces trois dernières années. ». Il me raconte qu’une connaissance au Sénégal lui a dit qu’il prendrait une embarcation de fortune pour rallier l’Occident « si le candidat de BBY (Ben bokko yakar – le parti de Macky Sall) gagne!» C’est dire à quel point l’exaspération de la jeunesse était profonde, me confie-t-il.

« Diomaye Bassirou Faye était le candidat que le peuple voulait avoir au pouvoir » ajoute Mamadou Beye. Pour Marième, la satisfaction tient au fait que le nouveau président n’a rien à avoir avec les anciens du régime qui est au pouvoir. Il est le candidat d’Ousmane Sonko, nouveau premier ministre, très aimé de la jeunesse sénégalaise et principal opposant à l’ancien pouvoir. C’est aussi parce que c’est « facile de s’identifier, car il a fait tout son parcours au Sénégal ».

Les choses vont-elles changer?

Pour Mame Adama, la jeunesse est éveillée et consciente des enjeux.  « Avec les premiers barils de pétrole et l’exploitation du gaz de manière éthique et durable, ces ressources constituent une manne financière qui pourrait changer de manière drastique les conditions de vie des populations. »  Il ajoute qu’il est temps que le gouvernement et les processus d’admission au gouvernement soient réformés. Adama poursuit en ajoutant que le gouvernement et les autorités du pays doivent être réformés car les Sénégalais en ont trop souffert « L’ancien gouvernement de BBY a fait trop de mal avec des meurtres, des vies brisées, des corps mutilés, etc. Également les rapports des corps de contrôle qui sont publiés font état d’une gabegie sans précédent. J’attends de ce nouveau gouvernement une gestion sobre et vertueuse « Jubb,Jubal,Jubanti » (slogan de Pastef-parti d’Ousmane Sonko ) signifiant « être sur le droit chemin, et y rester » et que cette fois-ci ce ne soit pas juste un slogan mais des faits réels. »

Marième Soda envisage des changements significatifs dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’économie et de l’environnement avec l’arrivée de Diomaye. Elle insiste sur la nécessité d’une transparence accrue au sein des institutions gouvernementales et sur l’adoption d’un plan de lutte contre la corruption, considérée comme un obstacle majeur au progrès économique et social du pays, « La lutte contre la corruption est également une priorité, car elle entrave le développement économique et social du pays. »  une vision partagée par Beye. Elle aspire à faciliter l’accès à l’éducation pour les jeunes filles et les enfants issus de milieux défavorisés, afin d’accroître le nombre de Sénégalais instruits. De même, elle souhaite une amélioration de l’efficacité et de la disponibilité des soins de santé pour tous. Concernant le développement économique, elle promeut une croissance durable et inclusive, favorisant le secteur privé et la création d’emplois pour combattre le chômage, en particulier chez les jeunes. En outre, elle met en avant la nécessité de protéger l’environnement et de promouvoir une agriculture durable pour garantir la sécurité alimentaire et préserver les ressources naturelles du pays.

Enfin selon Mamadou Beye les choses vont changer car l’essence de la doctrine politique de Diomaye Bassirou Faye va en ce sens. « Effectivement les Sénégalais, pensent que le changement arrive. Car Bassirou Diomaye Faye est le candidat du projet de Paste (parti d’Ousmane Sonko- principal opposant de Macky Sall), qui porte un projet de rupture systématique par rapport au Sénégal actuel. » Dès lors il encourage ce candidat car il pense qu’il sera apte à favoriser une « diminution du coût de la vie, réussir à mettre en place un système méritocratique sur lequel n’importe qui ne pourra pas avoir accès au gouvernement ou à des fonctions importantes dans le pays, la régulation de l’argent du pays le système administratif »

Un possible retour « au bercail » après ces élections ?

 Pour Adama, le retour au Sénégal après ses études est tout à fait envisageable car le gouvernement facilitera le retour d’une diaspora éduquée et diplômée nécessaire au bon développement du pays. Pour lui le Sénégal est son chez lui et y voit un avenir stable et positif qui va dans le sens des idées de Diomaye « Le Sénégal est un havre de paix et les composantes qui la constituent reflètent une société unie et indivisible. Cette exception africaine en termes de démocratie continuera d’aller encore plus loin »

 Pour Beye, le Sénégal est l’unique endroit dans lequel il se verrait vivre. Il assure que la fuite des cerveaux n’est que temporaire et que tous les jeunes Sénégalais veulent rentrer dans leur pays après avoir acquérit une expérience et une éducation riche dans leurs domaines respectifs qui seront plus que nécessaires au développement du pays. Cependant il nuance ses propos en assurant que les changements en perspectives prendront du temps et qu’il faudra être patient pour récolter ls fruits de ces changements. « Après ces élections, bien sûr que cette idée de retour, est encore plus mise en valeur pour moi. Néanmoins, je ne pense pas qu’un seul mandat de cinq ans pourrait faire autant de changements, ce développement du Sénégal prendra du temps, mais nous, jeunes, sommes prêts pour ce changement-là. »

« L’arrivée de M. Bassirou Diomaye Faye a ravivé une vague d’espoir pour le développement du Sénégal. Avec son projet qui aidera à mieux responsabiliser les jeunes, je suis optimiste quant à l’avenir de mon pays et je serais prête à contribuer activement à son développement. Moi et mes compatriotes aspirons à un Sénégal prospère, juste et solidaire, où chaque citoyen pourra s’épanouir et contribuer à la construction d’une nation forte et unie. » Pour Marième Soda le retour au Sénégal est planifié afin d’encourager la mise en place des idées du président actuel.