L’internationalisme à l’époque des Soviets

Extraits d’un texte de John Riddell, The Bullet, 6 mai 2018

 

John Riddel sera un des intervenants à la conférence LA GRANDE TRANSITION à Montréal les 17-20 mai prochains.

L’Internationale Communiste (IC) ou Komintern a été un point culminant dans l’émergence du marxisme révolutionnaire comme force mondiale. Près d’un million de membres ont été organisés dans des dizaines de partis politiques répartis sur tous les continents et coordonnés par un appareil de direction à Moscou dans la nouvelle république soviétique. Leur influence s’étendait par des organisations associées mobilisant la jeunesse, les femmes, les syndicats, la solidarité anti-impérialiste, la défense des victimes de l’oppression et d’autres domaines.

Dans la tempête

Les premiers congrès du Komintern ont tenté étape par étape de développer un système stratégique – c’est-à-dire un cadre de politiques influençant le recrutement, l’éducation et l’intervention de ces partis. La stratégie révolutionnaire était alors définie comme un système d’actions combinées qui, par leur association, leur cohérence et leur croissance, devait mener le prolétariat à la conquête du pouvoir.

Mais quelques années après la révolution, un tournant est survenu. Au cours du deuxième congrès de l’IC en 1920, l’Armée rouge avançait victorieusement vers Varsovie, suscitant l’espoir à Moscou que son triomphe déclencherait une révolution allemande et ferait ainsi pencher la balance mondiale vers le socialisme. Mais les forces soviétiques ont été vaincues. Les gouvernements capitalistes ont retrouvé la stabilité ; la recrudescence des luttes s’est atténuée. Les partis mis en place dans le sillon de l’IC sont restés bloqués par la force persistante de la social-démocratie orientée vers la réforme. Au sein du Komintern, deux réponses opposées ont été avancées pour faire face à ce déclin, toutes deux originaires d’Allemagne. Elles sont devenues plus tard connues comme « la politique de l’offensive » et celle du « front uni ».

L’offensive

La thèse de l’offensive visait à lancer les forces communistes dans une confrontation avec le gouvernement dans l’espoir qu’une initiative audacieuse attirerait les masses ouvrières dans la lutte. En Allemagne en mars 1921, cette hypothèse s’est conclue par une défaite catastrophique. Cependant, lors du troisième congrès de l’IC, les partisans de « l’offensive » étaient majoritaires, jusqu’à temps que Lénine n’impose un virage, expliqué dans un pamphlet très audacieux, « Le gauchisme, la maladie infantile du communisme » : Quelque chose ne va pas à l’Internationale », avait-il alors déclaré: « Nous devons dire: Arrêtez! Sinon, l’Internationale communiste est perdue ».

Le Front uni

De là une deuxième hypothèse a été mise sur la table, dans le but de s’engager avec des travailleurs fidèles aux partis réformistes sociaux-démocrates. La politique du front unique fonctionnait selon trois niveaux interdépendants.

  • Premièrement, l’unité organisationnelle avec des forces progressistes était requise.
  • Deuxièmement, il fallait un programme de revendications immédiates, démocratiques et transitoires
  • Troisièmement, on lançait un appel pour un gouvernement des travailleurs. C’est-à-dire un régime d’une ou de plusieurs organisations de travailleurs qui tire son autorité des mouvements de masse des travailleurs et agit selon leurs exigences. Un tel gouvernement pourrait être formé au parlement, mais serait indépendant de la bourgeoisie et pourrait ouvrir la voie au véritable pouvoir ouvrier.

Ces concepts sont demeurés le noyau d’un cadre stratégique qui s’est imposé dans les partis révolutionnaires jusqu’à aujourd’hui.

John Riddell est un militant basé à Toronto et maintient un blog à johnriddell.wordpress.com. Son histoire de l’Internationale publiée en plusieurs volumes sera en vente au salon du livre de la GRANDE TRANSITION.

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