L’urgence climatique n’est pas une mode: passons de la parole aux actes !

Half drought and half abundance tree standing landscape background

Lettre ouverte de membres de la communauté universitaire de l’UQAM concernant la position de la direction de l’université

Collectif, Ricochet, 27 septembre 2021

En 2019, l’UQAM ainsi que neuf autres universités québécoises se joignaient au mouvement mondial des établissements d’enseignement supérieur déclarant l’état d’urgence climatique. Cette année, outre la pandémie dont – rappelons-le – la gravité fut accrue par la crise climatique, nous avons pu être témoin d’effets dévastateurs sur notre environnement: des feux de forêt ont fait ravage en Colombie-Britannique et en Ontario, une augmentation sans précédent des températures ainsi que de multiples inondations à travers le monde. Parallèlement, les gouvernements tant provincial que fédéral tentaient d’adopter des projets liés aux énergies fossiles : GNL Québec, Keystone XL, Trans Mountain – pour ne nommer que ceux-ci.

Ne pas agir maintenant, c’est attendre que les choses s’aggravent. Alors que cet été, dans le Sud du Québec, nous prenions des photos du soleil orangé, nous ne réalisions pas que ce dernier était en fait un avertissement, un indicateur de la mauvaise qualité de l’air à cause de la fumée des feux de forêt en provenance de l’Ontario. Parce que, oui, les changements climatiques ont des conséquences allant bien au-delà des barrières géopolitiques. Ces évènements sont encore en cours et se produiront de manière plus fréquente, alors que chaque année, plus de 7 millions de personnes meurent de manière prématurée à cause de la pollution de l’air. Pire encore, d’ici la fin du siècle, plus d’un milliard de personnes vivront dans des conditions de chaleurs insupportables pour le corps humain, ce qui fera trembler l’équilibre géopolitique.

Suite au dépôt du dernier rapport du GIEC, le message d’Antonio Guterres est clair : « Si nous unissons nos forces maintenant, nous pouvons éviter une catastrophe climatique. Mais, comme le montre clairement le rapport d’aujourd’hui, il n’y a pas de temps à perdre ni d’excuses à trouver. ».

Cette année, plusieurs universités se sont mobilisées afin de faire front commun et demandent des changements concrets, car l’urgence climatique doit être prise sérieusement. Les membres d’associations représentant plus de 104 000 personnes étudiantes ont d’ailleurs voté en faveur d’une journée de grève pour la manifestation mondiale pour la justice climatique. Alors que près de 20 000 personnes étudiantes étaient en grève le 24 septembre, la Direction de l’UQAM a décidé d’ignorer l’urgence de la situation et de poursuivre ses activités. Or, le 27 septembre 2019, la direction de l’UQAM avait pourtant décidé d’annuler ses cours de l’après-midi afin de permettre une plus grande participation à la marche.

Rappelons que parmi les demandes de la manifestation figure la carboneutralité d’ici 2030; objectif que l’UQAM s’est elle-même donné en 2019. Cette décision de ne pas encourager sa communauté universitaire à participer à la marche semble d’autant plus contradictoire dans la mesure où, dans la dernière année, l’Université :

  • est devenue membre du Partenariat climat Montréal;
  • a soutenu financièrement six projets à l’aide de son Fonds vert;
  • annonçait être sur la voie de l’écoresponsabilité;
  • accueillait un sommet international sur la réduction des risques de catastrophe et l’adaptation aux changements climatiques;
  • recevait plus de 900 000$ du gouvernement du Québec pour son Centre pour l’étude et la simulation du climat à l’échelle régionale (ESCER);
  • créait trois chaires de recherche sur l’environnement en partenariat avec la Ville de Montréal et l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie;
  • organisait l’École d’été de l’Institut des sciences cognitives portant sur les défis cognitifs des changements climatiques,
  • annonçait fièrement que l’un de ses professeurs était signataire du sixième rapport du GIEC.

Dans une lettre ouverte cosignée par la rectrice de l’UQAM Magda Fusaro et publiée dans Le Devoir plus tôt cette année, on pouvait d’ailleurs lire : « À l’heure actuelle, le besoin de rebâtir un monde meilleur à la suite de la pandémie est plus que jamais d’actualité. Or, c’est précisément ce que nous voulons faire ensemble et c’est ce qui nourrit nos aspirations et notre motivation. ».

Or, la présente décision de la direction de l’UQAM nous pousse à nous questionner. Pourquoi fièrement annoncer sa participation proactive à plusieurs projets de lutte aux changements climatiques, alors que parallèlement, le message qu’elle envoie à sa communauté cette année est qu’ils ne sont pas assez importants pour que les cours soient annulés le temps d’un après-midi?

La lutte pour la justice climatique n’est pas une mode; il serait temps que la direction de l’UQAM regarde ce qui se passe dans son institution et qu’elle agisse en étant attentive aux préoccupations sociales et environnementales de sa communauté.

  • Albert Bourassa, militant pour la justice climatique et étudiant au baccalauréat en urbanisme
  • Albert Lalonde, militant pour la justice climatique et étudiant au baccalauréat en droit
  • Alexandra Dupuy, représentante étudiante au Conseil Académique facultaire de la faculté des sciences humaines, candidate à la maitrise en linguistique
  • Charles Duprez, candidat à la maîtrise ès sciences de la gestion en responsabilité sociale et environnementale à l’ESG UQAM
  • Cheryl Collerette, militante pour la justice climatique et candidate à la maîtrise ès sciences de la gestion en responsabilité sociale et environnementale à l’ESG-UQAM
  • Eduardo Clavijo, militant pour la justice climatique et étudiant au baccalauréat en urbanisme
  • Élizabeth Duboc, représentante étudiante au Conseil d’administration de l’UQAM, représentante des étudiants et étudiantes de deuxième cycle au Comité institutionnel en matière d’écoresponsabilité (CIME) et candidate à la maîtrise ès sciences de la gestion en responsabilité sociale et environnementale
  • Émilie Lorrina-Bélanger, coordonnatrice aux affaires académiques et vice-présidente de l’AFÉA, militante pour la justice climatique et étudiante en études théâtrales.
  • Étienne Aumont, candidat au doctorat en psychologie, représentant étudiant au Conseil Académique facultaire de la faculté des sciences humaines
  • Félix Guilbault, militant pour la justice climatique et étudiant en ressources énergétiques durables
  • Gabriel Stein, militant pour la justice climatique et étudiant au baccalauréat en urbanisme
  • Jeanne Vermette, militante pour la justice climatique et étudiante au baccalauréat en sciences naturelles appliquées à l’environnement
  • Jérémie Viret, militant pour la justice climatique et candidat à la maîtrise en sciences de la gestion
  • Laurence Allie, militante pour la justice climatique et étudiante au baccalauréat en action culturelle à l’UQAM
  • Luca Salas, militant pour la justice climatique et sociale et étudiant au baccalauréat en science politique
  • Mariama Dioum, représentante étudiante au Conseil d’administration de l’UQAM et candidate à la maîtrise en science politique à l’UQAM.
  • Marie Beigas, militante écoféministe pour la justice climatique, étudiante à la maîtrise en sciences de l’environnement et à la concentration en études féministes à l’UQAM
  • Marie-Pierre Forest-Gaudet, militante pour la justice climatique, responsable aux affaires uqamiennes de l’AFELC-UQAM et étudiante au certificat en études féministes
  • Mylène Arbour, militante pour la justice climatique et étudiante à la maîtrise en sciences de l’environnement
  • Reno Bouchard, militant pour la justice climatique et étudiant au baccalauréat en sciences naturelles appliquées à l’environnement
  • Roxanne Choquet, militant.e pour la justice climatique et étudiant.e au baccalauréat en action culturelle
  • Sara Landry-Pellerin, militante pour la justice climatique et candidate à la maîtrise ès sciences de la gestion en innovation sociale à l’ESG-UQAM
  • Sophie Faria-Beauregard, représentante des étudiants et étudiantes de premier cycle au Comité institutionnel en matière d’écoresponsabilité et étudiante au baccalauréat en science politique
  • Vice Benoit, militant.e queer pour la justice climatique et étudiant.e au baccalauréat en action culturelle à l’UQAM
  • Vincent Briand, militant pour la justice climatique et étudiant au baccalauréat en urbanisme
  • Vincent Gosselin Boucher, étudiant au doctorat en psychologie
  • Virginie Boelen, représentante des étudiantes et étudiants de troisième cycle au Comité institutionnel en matière d’écoresponsabilité de l’UQAM (CIME) et candidate au doctorat en Éducation relative à l’environnement
  • Zeynep Torun, militante pour la justice climatique et candidate à la maîtrise ès sciences de la gestion en responsabilité sociale et environnementale à l’ESG-UQAM
  • Nicolas Bastien-Porlier, étudiant au baccalauréat en biologie à l’UQAM, délégué aux affaires uqamienne à l’AESS.
  • Sébastien Côté, militant pour la justice climatique et candidat à la maîtrise ès sciences de la gestion en responsabilité sociale et environnementale à l’ESG-UQAM
  • Jacynthe Lussier, étudiante au baccalauréat en science politique à UQAM, responsable aux affaires académiques à L’AFESPED