Crédit : La Baudrière

Par Hubert Alain, membre de la délégation jeune franco-québécoise à l’UÉMSS


J’avais prévu assister à l’atelier « Luttes LGBTQiA+, luttes sociales et luttes au travail », qui proposait une discussion autour de revendications queer dans les milieux syndicaux et politiques, tout en se positionnant contre les relégations des vécus queer au rang de combats secondaires ou culturels. J’envisageais cet atelier avec enthousiasme puisqu’il s’agissait du seul à aborder directement des questions queer dans la programmation de l’UMÉSS.

Annulation de l’atelier sur les luttes LGBTQiA+

Malheureusement, les associations n’ont pas pu se présenter à l’atelier. En discutant avec l’organisatrice venue nous l’annoncer dans la salle, j’ai appris que contrairement aux autres ateliers de l’université d’été (qui sont proposés directement par des associations) elle avait elle-même mobilisé ces associations à venir animer l’atelier. En effet, aucune organisation queer ne s’était initialement proposée à participer à l’UMÉSS.

Si nous ne savons pas la raison de leur désistement, je crois qu’il est important de considérer cette absence initiale de regroupements queer dans cet événement. Cette absence soulève bien des questions, qui me semblent elles mêmes énoncées dans la description de l’atelier qui devait avoir lieu : dans les milieux militants, trop souvent les combats queer sont perçus comme secondaires, comme relevant du domaine du personnel ou du culturel, comment étant moins pressants que ces enjeux qui nous cessent de nous sauter au visage (crise climatique, violence policière, embourgeoisement, oppression capitaliste, etc.). Or, les personnes, les militant·e·s et les groupes queer sont souvent touchés de manière particulière par ces mêmes enjeux.

Comment le militantisme intersectionnel, internationaliste et altermondialiste peut-il s’allier des combats queer ? S’il y a plusieurs avenus, je crois qu’il important d’abord de favoriser l’écoute, de mettre sur pause ses présupposés, de s’informer et de laisser les queer prendre la parole. Vous verrez que nous en avons bien des choses à dire sur ces luttes et ces termes brandis fièrement.

Or il y a aussi une autre réalité : le temps et les moyens manquent pour que nous venions vous parler. Face au désistement des associations, certainement animée par des membres qui travaillent sans cesse pour leurs luttes et qui ont peut-être d’autres choses à faire que de venir prendre parole dans un espace face auquel on craint peut-être d’encore une fois se faire énoncer que nos luttes sont moins importantes, je perçois ici, en tant que fier pédé, une invitation à laisser une trace de leur absence. Ainsi, j’invite les lecteur·ice·s à s’informer à leur sujet. Aux associations suivantes, merci pour tout le travail que vous faites afin que nos vies soient meilleures :

  • Queer Parlons Travail
  • Mutuelle TransPédéGouines de Paris-Banlieue
  • Caisse de Grève Queer

Expulsion du squat La Baudrière à Montreuil

Cette semaine, à Montreuil, avait lieu le festival Les Digitales, organisé par des membres du squat anarcho-féministe transpédégouine La Baudrière. Au premier jour du festival, la police parisienne est venue expulser les membres du squat — un milieu de vie essentiel pour de nombreuses personnes queer.

Je vous invite ainsi à lire également la description des événements publiés sur le site de la Baudrière. Vous constaterez entre autres que par essentiel, nous n’entendons pas espace où les drapeaux de toutes les couleurs se font aller gaiement sur fond de padam padam, mais bien un milieu de vie dans lequel on travaille à ce que tous·te·s aient accès à des ressources de base, à ce que tous·te·s soient accueilli·e·s, à ce que personne ne soit seul, bref, à ce que tous·te·s survivent.

Cette collectivité s’est redressée avec une rapidité désarçonnante — dès le lendemain, le festival continuait à la Parole errante et un nouveau squat ouvrait, à quelques rues de l’ancien lieu de la Baudrière. Pour plus d’information, suivez ce lien : https://labaudriere.noblogs.org/