Bill Clinton, Yitzhak Rabin et Yasser Arafat. CC0. Crédit photo : Vince Musi - The White House.

Théa Lombard, correspondante au journal et stagiaire à Alternatives et Ronald Cameron, responsable de la rédaction

Le droit international, les propositions de paix et la politique canadienne

Par pression de la société civile, le Canada a finalement restauré le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNWRA) et le Parlement a adopté, le 18 mars dernier, l’arrêt de l’exportation d’armes en Israël. Cependant, d’autres mesures restent toujours attendues, dont une véritable reconnaissance de la Palestine. Le Parti libéral du Canada ne reconnaît pas non plus officiellement l’État palestinien malgré une motion présentée par le Nouveau parti démocratique, envisageant une solution à deux États. Le soutien du Canada à la position israélienne, qui refuse l’autodétermination palestinienne, renforce les obstacles à l’aboutissement de solutions de paix au Moyen-Orient.

Dans le cadre de la série sur la crise en Palestine organisée par l’Upop au Café Les Oubliettes, Rachad Antonius s’est concentré jeudi 14 mars sur les propositions de paix passées et actuelles. Faisant suite à son premier exposé portant sur le récit d’un siècle de dépossession du peuple palestinien, il s’est interrogé sur les initiatives de paix et leur finalité.

Un ou deux États?

Deux scénarios marquent aujourd’hui la manière d’envisager la paix au Moyen-Orient. D’une part, il y a la solution à deux États qui, dans les faits, accorde 22 % du territoire de la Palestine historique à un État palestinien et les 78 % restants à Israël, rendant ainsi légale la colonisation israélienne. D’autre part, existe la solution dite d’un seul État dans lequel vivraient les populations juive et palestinienne sur l’ensemble du territoire dans le cadre d’un État laïc. Si la première proposition est largement soutenue par plusieurs gouvernements principalement occidentaux dont le Canada, la deuxième n’a jamais fait l’objet de réelles discussions.

Des changements territoriaux aux conséquences pérennes

R. Antonius a d’abord rappelé que la partition de la Palestine eut lieu avec la création de l’État d’Israël en 1948 et son implémentation sur 78 % du territoire palestinien, les 22 % restants étant composés de la bande de Gaza, la Cisjordanie et le Golan syrien. L’occupation militaire de la Palestine s’est ensuite renforcée avec les guerres de 1967 et de 1973.

La guerre des Six Jours en 1967, occasionne également de profondes conséquences territoriales et politiques. Alors que l’Égypte tente de récupérer le Sinaï, Israël déclare la guerre et prend le contrôle de la bande de Gaza, de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est, de la péninsule du Sinaï et du plateau du Golan, qui deviennent des territoires occupés.

Celle d’octobre en 1973 visait la récupération par l’Égypte et la Syrie des territoires occupés par Israël. Ces affrontements et colonisation illégale de la Palestine ont réduit les possibilités d’établir un véritable État palestinien.

Les initiatives de «paix» avec les pays voisins arabes

Parallèlement, différents pourparlers de paix ont eu lieu entre Israël et les pays arabes, portant d’abord sur les relations entre Israël et ses voisins et qui mettent en lumière les divisions au sein du front arabe. Rachad Antonius souligne la reconnaissance d’Israël par l’Égypte suite à la guerre de 1973 et les accords de Camp David en 1978. Un traité de paix fut également signé en 1994 entre Israël et la Jordanie.

Plus récemment, les accords d’Abraham en 2020 proposent de normaliser les relations entre Israël et les Émirats arabes ainsi que le Bahreïn.

Cet accord est également décrié par certains États notamment par l’Autorité palestinienne, l’Iran et la Turquie, qui y voient une normalisation des agissements d’Israël sur les territoires palestiniens, notamment son occupation de la Cisjordanie et la rupture d’une position commune arabe.

Les initiatives « de paix » avec la Palestine

On évoque en 1981 une première initiative «de paix» entre Israël et les Palestinien.nes, avec l’organisation d’une conférence sous l’égide de l’ONU, respectant les principes du droit international, et avec la participation de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Cependant, ce n’est qu’en 1989 qu’un consensus relatif à la conférence de paix est atteint. Il faudra toutefois attendre les négociations d’Oslo amorcées en 1993 et qui se poursuivront jusqu’en 2001.

Ces négociations bilatérales entre la Palestine et Israël ont pour objectif d’instaurer une paix durable et de donner lieu à une réconciliation caractérisée d’historique. L’état d’Israël est reconnu par la Palestine et est décidée l’autogouvernance du peuple palestinien par le biais de l’Autorité palestinienne pour une période de 5 ans.

L’assassinat d’Yitzhak Rabin, premier ministre israélien, en novembre 1995, lors d’une manifestation en soutien aux accords d’Oslo mit à jour les paradoxes existants au sein de la politique et société israélienne et a condamné la possibilité de conclure une entente qui se voulait dans la perspective des deux États.

Qu’en est-il de la politique canadienne ?

La politique canadienne appuie l’autodétermination des Palestinien.nes et la création d’un Etat palestinien souverain. Cependant, elle ne mentionne pas le droit au retour de la population palestinienne et évoque de manière concise les colonies illégales israéliennes.

De par l’interdiction temporaire de financement à l’UNRWA et l’import d’armes vers Israël, le Canada renforce les obstacles relatifs à une reconnaissance du génocide et l’implémentation de sanctions envers Israël.

En effet, Israël ne respecte pas les principes régissant le système du droit international. Celui s’appuie sur quatre grands principes, bafoués sur le territoire palestinien : le droit à l’autodétermination, le droit à un territoire, le droit à la protection des civils et l’interdiction d’annexer un territoire en temps de guerre et d’y transférer sa propre population.

La suite du programme de l’Upop :

  • Jeudi 21 mars 19 h, Café Les Oubliettes
    L’opposition juive au sionisme
    avec Fabienne Preséntey.
  • Jeudi 28 mars 19 h, Café Les Oubliettes
    Quel avenir pour la Palestine?
    Avec Zahia El Masri.