Par Mustafa Barghouti – publié en anglais le 6 octobre – traduction par Johan Wallengren pour le Journal.
Demain, le 7 octobre, la guerre israélienne contre Gaza, qu’Israël a étendue au Liban, à la Syrie, au Yémen et à l’Iran, aura duré toute une année. Cette guerre régionale aurait pu être facilement évitée si le gouvernement israélien avait accepté un accord de cessez-le-feu avec Gaza qui aurait comporté la libération de tous les otages israéliens et de nombreux prisonniers et prisonnières palestinien.nes, ainsi que la fin de l’assaut militaire israélien contre Gaza.
Au cours de l’année écoulée, Israël a commis trois crimes de guerre concomitants contre le peuple palestinien occupé :
- Le crime de guerre de génocide,
- le crime de guerre de nettoyage ethnique et
- le crime de guerre de punition collective.
Dans le cadre de son effroyable campagne de bombardements contre Gaza, l’armée israélienne a lancé pas moins de 84 000 tonnes d’explosifs, soit plus de quatre fois la puissance explosive des deux bombes nucléaires utilisées contre le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. Cela équivaut à 32 kilos d’explosifs pour chaque homme, femme et enfant de Gaza.
Les retombées ont été dévastatrices : à ce jour, 41 850 Palestiniens et Palestiniennes ont été tué.es, chiffre auquel il faudrait ajouter une dizaine de milliers de cadavres pris sous les décombres.
Les enfants, femmes et personnes âgées représentent 70 % du nombre de personnes tuées.
Au moins 16 756 enfants palestiniens ont été tués, dont 115 sont nés et ont péri pendant la guerre. Certains nouveaux nés, comme les jumeaux de Mohammed Abou al-Qoumssan, ont succombé avec leur mère sous les bombardements israéliens, trois jours après leur naissance.
De surcroît, 96 910 Palestiniens et Palestiniennes ont été blessé.es, dont 12 000 mourront s’ils ne sont pas transférés hors de Gaza pour être soignés ailleurs, ce qu’Israël ne permet pas. Parmi les blessés, 4 050 ont été amputés, dont 1 300 enfants qui ont perdu un ou plusieurs membres.
Soixante mille femmes enceintes n’ont pas pu accoucher dans des conditions sûres et hygiéniques, beaucoup ont perdu leur bébé et le taux de mortalité maternelle a connu une hausse fulgurante.
Le nombre de personnes tuées ou blessées à Gaza depuis un an représente 6,5 % de la population de l’enclave. Si la population américaine avait été touchée dans une telle proportion, ce sont 20 millions de ses citoyen.nes qui auraient connu un tel sort.
Durant cette guerre génocidaire, l’armée israélienne a commis 3 568 massacres, détruisant près de 80 % de toutes les maisons et institutions, y compris toutes les universités, 330 écoles, 814 mosquées, les trois églises, 162 établissements de santé, 34 des 36 hôpitaux, 131 ambulances, ainsi que tous les réseaux d’électricité, de communication, d’eau et d’égouts. En outre, 67,7 % des champs agricoles et des fermes ont été détruits et 700 puits ont été bombardés. Les stades sportifs, au nombre de 34, ont tous été détruits.
Au cours de sa réoccupation de Gaza, l’armée israélienne a rasé la majeure partie de la ville de Rafah et de son district.
On déplore parmi la population palestinienne la mort de 11 500 étudiant.es, de 750 enseignant.es et de 115 scientifiques et professeur.es d’université.
Le personnel médical a été particulièrement ciblé par l’armée israélienne et 885 médecins, le personnel infirmier et autres professionnel.les de la santé ont été tués.
Pendant cette période d’un an, Israël n’a pas autorisé les journalistes de l’étranger à entrer dans la bande de Gaza. Cette guerre est la première des temps modernes à ne pas être couverte par la correspondance militaire étrangère.
Ajoutons à cela que l’armée israélienne a délibérément pris pour cible les journalistes locaux et leurs familles : 175 journalistes ont été tué.es par des bombardements et tirs israéliens et un grand nombre de leurs collègues ont été arrêtés. De plus, 87 institutions médiatiques ont été détruites.
Les 2,3 millions de personnes habitant Gaza ont été soumis à des déplacements répétés, plusieurs devant même fuir à dix reprises. À l’heure actuelle, plus de 1,6 million parmi ce nombre sont coincé.es dans une petite bande de la région d’al-Mawasi, qui ne fait pas plus de 22 kilomètres carrés, et ils continuent d’être bombardés.
Au cours de l’année écoulée, l’armée israélienne a soumis des centaines de milliers de Palestiniens et de Palestiniennes à des punitions collectives, y compris la famine. La population palestinienne de Gaza a été privée de nourriture, d’eau potable, d’abris, d’installations sanitaires, de soins médicaux et de médicaments. En conséquence, 1 737 524 ont souffert d’infections, dont 112 000 ont contracté une hépatite infectieuse. De nombreux cas de méningite ont également été signalés. Des centaines d’enfants ont souffert d’infections cutanées. Un cas de poliomyélite a été confirmé et six autres cas sont suspectés. La poliomyélite a été éradiquée à Gaza il y a 30 ans, mais elle est réapparue à la faveur des conditions sanitaires déplorables et du manque d’eau potable.
Tous les efforts déployés pour parvenir à un cessez-le-feu ont été sapés par le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, et son gouvernement d’extrémistes. Le génocide perpétré par Israël à Gaza se poursuit et, en moyenne, 60 à 90 Palestiniens et Palestiniennes sont tué.es et plus de 150 blessé.es quotidiennement par les bombardements israéliens.
L’armée israélienne et des bandes terroristes de colons illégaux ont par ailleurs mené et continuent de mener de nombreuses attaques contre la population palestinienne de Cisjordanie.
Depuis le 7 octobre de l’année dernière, en Cisjordanie, l’armée israélienne, ainsi que des colons, ont tué 641 Palestiniens et Palestiniennes, pour la plupart des civils, dont 163 enfants, et en ont blessé 6 250.
Toujours en Cisjordanie, pas moins de 11 000 Palestiniens et Palestiniennes ont été arrêté.es et emprisonné.es, dont plus de 800 enfants. Des milliers sont maintenus en prison au titre de la soi-disant détention administrative, ce qui signifie qu’ils ont été arrêtés sans inculpation ni procédure légale normale. Cinq mille Palestiniens et Palestiniennes de Gaza ont de plus été kidnappé.es et sont détenu.es en prison ou dans des camps de concentration tels que la prison de Sde Teiman.
Les prisonniers et prisonnières palestinien.nes sont soumis.es à la torture, et notamment à la famine, aux coups, aux humiliations répétées et, dans certains cas, au harcèlement sexuel. Les autorités israéliennes ont reconnu au moins un cas de viol d’une prisonnière palestinienne par des soldats israéliens.
Cinquante-sept personnes emprisonnées ont été exécuté.es ou sont mort.es d’autres causes dans les prisons israéliennes de Cisjordanie au cours de l’année écoulée. Des centaines de Gazaouis ont été tués et plusieurs personnes ont rapporté avoir été témoins d’exécutions sommaires par des l’armée israélienne.
Au Liban, depuis le 7 octobre de l’an dernier, les attaques israéliennes ont coûté la vie à 2 036 citoyens et citoyennes, dont 50 médecins, 9 653 autres personnes ayant été blessées.
Israël n’aurait pas été en mesure de poursuivre cette terrible guerre et les crimes de guerre afférents sans le manque de réaction de la communauté internationale et sans le soutien et la bénédiction de nombreux gouvernements occidentaux qui continuent de fournir à Israël des armes, des explosifs, une aide financière illimitée et un soutien politique.
La plus amère ironie réside dans les déclarations répétées de nombreux gouvernements occidentaux qui prônent le droit d’Israël à se défendre, mais omettent systématiquement le droit du peuple palestinien opprimé et occupé d’en faire autant. Le fait pour la population palestinienne de ne pas être considérée comme égale à la population israélienne et aux autres êtres humains signifie qu’ils sont non seulement victimes de crimes de guerre et de l’opération de nettoyage ethnique et d’occupation la plus longue et du pire apartheid de l’histoire moderne, mais en outre d’un racisme inhumain.
Après une année entière d’atrocités et d’horreurs, il est temps d’arrêter la guerre et les crimes de guerre contre le peuple palestinien et d’ouvrir de nouvelles perspectives en vue de mettre fin à l’occupation et de parvenir à une paix juste.
Écriture inclusive par le Journal des Alternatives.