Dans un contexte de polarisation politique suite à l’arrestation d’Ousmane Sonko et la démission du président Macky Sall, l’initiative du réseau Seen Égal-e – Seen Égalité s’inscrit dans la démarche pour des assises nationales de la gauche au Sénégal, dont le contenu pourrait permettre de sortir le pays du sous-développement.
Ce réseau Seen Égal-e – Seen Égalité a lancé, hier mercredi 19 juillet à Dakar, l’esquisse de ce projet de société, en invitant les actrices et acteurs politiques et de la société civile à saisir les propositions pour impulser un renouveau dans la dynamique de développement. Parmi les personnes à l’initiative de ce réseau, on retrouve Aziz Salmone Fall, enseignant à l’UQAM et à Concordia, et un des responsables du Centre internationaliste Ryerson Fondation Aubin (CIRFA) de Montréal.
Nous reproduisons ci dessous le communiqué du réseau de la conférence de presse. On peut aussi accéder au document sur le projet de société, à la vidéo de l’événement, ainsi qu’une entrevue publiée dans le journal en ligne sénéplus.
Une transition de rupture est possible, un meilleur Sénégal est possible !
Communiqué de presse du réseau Seen Égal-e – Seen Égalité
Le projet de société Seen Égal-e – Seen Égalité découle de la trajectoire historique impulsée par un des initiateurs du mouvement des assises de la gauche au Sénégal. Ce mouvement a bifurqué vers les rencontres de la Gauche historique, ensuite vers les assises nationales, et finalement vers Benno, sans atteindre l’objectif initial d’unir la gauche et proposer un projet de société cohérent.
Pour la première fois dans notre histoire, une esquisse de projet de société est offerte aux partis, coalitions de gauche, candidat.es à la présidentielle de 2024 et à toutes les bonnes volontés qui pourraient se l’approprier ou infléchir leurs programmes ou vision. Il revient aux militants, aux citoyennes et citoyens engagé-es, face à l’action parfois défaillante des dirigeant-es, de mettre la pression afin de façonner le message progressiste.
La gauche, dans notre entendement, s’inscrit dans le combat donnant à la démocratie son sens émancipateur et affirmant les droits humains et du citoyen, les droits sociaux individuels et collectifs, les droits à la maîtrise sociale du système économique. Dans le contexte du Sénégal actuel, construire la gauche alternative exige, pragmatiquement, que l’on développe pour l’instant des stratégies principalement autour du centre gauche avec le maximum de forces politiques et populaires se réclamant du progrès social. Avec minimalement toutes les forces et tous les mouvements sociaux engagés contre le néo-libéralisme, contre l’impérialisme, et dans une perspective panafricaine en faveur d’avancées démocratiques et populaires, de notre jeunesse, du progrès dans la libération des femmes et dans le respect des exigences d’une gestion écologique viable de la terre.
Seen Égal-e – Seen Égalité s’inscrit dans cette dynamique d’organiser les aspirations des classes populaires, pour circonscrire et renverser les pouvoirs dominants qui empêchent leur concrétisation. Ceci est un outil à opérationnaliser principalement par nos travailleuses, nos travailleurs, nos sans -emplois, notre jeunesse. Cette jeunesse consciente qui perpétue les espérances de générations qui n’ont pas pu définitivement abattre l’injustice sociale et l’ordre impérialiste et néo-colonial. Nous escomptons ensemble faire reculer les bornes de l’idéalisme, de l’ignorance et de l’adhésion à des illusions passéistes obscurantistes et ethnicistes. L’exigence est d’assurer la démocratisation de la société et la socialisation de la gestion économique. Le renforcement progressif de la convergence, dans la diversité, exige la tolérance et la conciliation. Il nous faut, avec l’esprit de discernement, armé-es de science, de culture et d’altruisme empathique, dégager l’horizon pour esquisser les fondements d’un projet de société progressiste viable et enviable pour la multitude. Revisiter et vivifier les valeurs qui fondent la gauche, au-delà du discours ou du label, en se fondant sur la praxis. Entre autres la pratique de l’altruisme, la solidarité avec les opprimés, l’égalité à tous les niveaux, le refus de l’exploitation, de l’oppression et de l’injustice; l’élan pour le progrès social, la laïcité, la liberté, la conscience révolutionnaire…Ainsi nous parviendrons à assainir le projet politique et esquisser et mettre en œuvre ensemble un projet de société pour ce 21 è siècle.
Le projet Seen Égal-e, Seen Égalité endosse les fondements institutionnels des Assises nationales du Sénégal, et sa Charte de Gouvernance Démocratique. Il prône cependant une assemblée constituante pour l’avènement d’une troisième république. Cette assemblée est le moyen le plus démocratique de transformation de notre société pour affronter les défis et surmonter nos dysfonctionnements et déséquilibres institutionnels.
La lutte des forces de gauche de nos micro-États impose donc l’organisation des revendications des classes populaires, pour contenir, et si possible, renverser les pouvoirs locaux des oligopoles de la triade impérialiste. L’objectif est l’État panafricain fédéral, du moins régional. La volonté collective du peuple de servir le Sénégal est organisable et mobilisante. Une vaste coalition de gauche ouverte à toutes et tous les patriotes progressistes et intègres est capable de porter et de concrétiser les espoirs de changement du peuple. Notre convergence œuvre pour un développement autocentré progressiste panafricain, écologiste et féministe. Elle escompte la reviviscence de l’espoir révolutionnaire, encore fort ou diffus dans plusieurs tranches de notre population. Cette convergence fait aussi écho aux espérances de nos masses défavorisées, de voir résolues leurs aspirations essentielles et fondamentales et l’avènement d’une ère harmonieuse et prospère.
Notre projet de société innovant repositionnera notre pays dans une Afrique plus souveraine et contribuera plus audacieusement à son unité. Il nous faut pour cela, un mode d’organisation de type nouveau, par son recrutement, sa mobilisation souple, son inclusivité tactique, ses alliances organiques avec les structures sœurs. Cela permettra d’asseoir un dispositif démocratique à même de contrer l’accumulation par dépossession de ceux et celles qui paupérisent et qui empêchent les aspirations légitimes du peuple.
Au Sénégal nous devons assurer au moins 6 des égalités fondamentales retenues et réussir à maitriser quelques leviers de notre accumulation. Dans cette lutte, une des particularités, en plus de l’égalité, qui sert de matrice au projet Seen Égal, est l’eau. L’eau, source de vie, aux multiples propriétés et aux nombreuses capacités, est, au sens propre comme au figuré, le vecteur qui irradie et conditionne notre projet de société. Il y a une faible égalité quant à notre accès à l’eau dans le Sahel. Sans un accès équitable et sûr à l’eau pour toutes et tous, il ne peut y avoir de développement durable.
On peut légitimement aspirer au bonheur. Simplement et sans démagogie, en tenant compte de comment nous le percevons culturellement, l’État républicain et progressiste doit assurer les conditions minimales qui permettent le bonheur d’advenir pour les contemporains et les générations à venir. À savoir, entre autres, la sécurité, la paix, la satisfaction des besoins essentiels, un travail digne et décent, du temps libre, une qualité de vie, des droits équitablement répartis, des devoirs partagés, une liberté et un exercice démocratique, une symbiose avec la nature qui est préservée, une culture préservée, une communication épanouie, le bien commun et l’intérêt général assurés… Le but d’être plus, plutôt que d’avoir plus, demeure l’esprit qui doit animer l’atteinte de ces grandes exigences de la société nouvelle.
Le minimum acceptable que représente le document de Seen Égal-e, Seen Égalité peut servir de trame de contenu pour élaborer une plate-forme conjointe offrant des propositions concrètes en guise de programme de gouvernement. Cette étape relève de la concertation démocratique. Les formes institutionnelles et programmatiques d’une unité d’action du front de gauche, susceptibles de traduire en réalités ce projet de société, sont laissées à la discrétion des participant-es à cette concertation. Nous ne saurions préjuger de la physionomie du mouvement, mais espérons que toutes les parties prenantes progressistes de notre peuple y seront représentées.
Notre aspiration est de cheminer plus vite et ensemble vers une nouvelle république et une Afrique unie, souveraine, progressiste, et prospère.
Une transition de rupture est possible. Un meilleur Sénégal est possible !