Ce 6 décembre, les élections législatives au Venezuela, marquée par une très forte abstention, ont débouchés sur une victoire de la coalition qui soutien Nicolas Maduro. Sans surprise, les États-Unis et l’Union Européenne, dans la plus pure tradition de l’ingérence impérialiste, ont annoncé ne pas reconnaître le résultat.
Julian Vadis, Révolution permanente, 9 décembre
« La communauté internationale ne peut pas laisser Maduro, qui est au pouvoir de manière illégitime après avoir volé l’élection de 2018, tirer profit d’une seconde élection volée » a annoncé Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, au lendemain des résultats des élections législatives au Venezuela. Même son de cloche du côté des institutions européenne qui, par la voix de Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’UE, a déclaré que « « le manque de respect du pluralisme politique, la disqualification et la poursuite des dirigeants de l’opposition ne permettent pas à l’UE de reconnaître ce processus électoral comme crédible, inclusif ou transparent, et ses résultats comme représentatifs de la volonté du peuple vénézuélien. »
En soi, ces déclarations n’ont rien d’étonnant, tant le soutien effectif des forces impérialiste, états-uniennes comme européennes, au putchiste Guaidó, est un fait établi. Guaidó, d’ailleurs, avec d’autres forces d’oppositions, avait appelé à un large boycott du scrutin législatif, préparant à l’avance tout un argumentaire sur le thème de la fraude électorale du camp Maduro.
Plongé dans une crise sociale et économique profonde, alimenté à la fois par les politiques hostiles des États-Unis et la casse des acquis des travailleurs menées par Maduro lui-même, les vénézuéliens se sont massivement abstenu ce 6 décembre (69%). Une abstention qui a été immédiatement instrumentalisé par le camp Guaidó, qui y voit un désaveu populaire envers Maduro, mais qui s’explique avant tout par le caractère ouvertement antidémocratique de ces élections manipulées par le pouvoir judiciaire et les difficultés traversées par les travailleurs et secteurs populaires.
Non aux ingérences impérialistes ! Pour une assemblée constituante libre et souveraine !
Fort logiquement donc, la droite vénézuélienne, totalement accordé sur la ligne de Washington, poursuit dans sa stratégie : faire appel aux puissances impérialiste en s’appuyant sur le taux d’abstention important de ces élections législatives. Une façon de tenter de légitimer le putsh de 2018, Guaidó étant par exemple toujours considéré comme le « président par intérim légitime » du Venezuela par les États-Unis.
Si nous n’apportons aucun soutien à la politique de Maduro, nous condamnons avec force l’ingérence impérialiste au Venezuela et les manœuvres de la droite vénézuélienne pour imposer son putsch, promettant de nouvelles attaques d’ampleurs contre les classes populaires et les travailleurs. Il s’agit là d’une défense démocratique élémentaire, tant les droits politiques du peuple vénézuelien sont ouvertement bafoué, y compris dans le cadre légal du régime.
Toutefois, face à la crise économique, sociale, sanitaire et politique, il est clair que Nicolas Maduro n’est en rien une alternative. Comme l’explique Thomas Posado, docteur en Science Politique à l’Université Paris 8, « La situation est catastrophique au Venezuela : les salaires ne valent plus rien, le salaire minimum ne s’élève qu’à environ un dollar. Malgré des revalorisations, celles-ci sont inefficaces puisque les revenus ainsi que les retraites sont immédiatement rognés par l’hyperinflation […] Le gouvernement a mis en place depuis plusieurs années des mesures allant vers une précarisation du travail. Le mémorandum 2792 d’octobre 2018 avait par exemple, sous prétexte de la préservation des emplois en période de crise économique, permis de faire l’impasse sur des règles liées à la sécurité ou de réduire les prestations sociales. »
C’est pourquoi, face aux tentatives putschiste et à la politique de Maduro, il est indispensable d’exiger une assemblée constituante libre et souveraine, basé sur des organes populaires d’auto-organisation dans les quartiers et sur les lieux de travail, pour ouvrir la voie à une alternative claire face à cette crise aux multiples facette, en toute indépendance de l’État et de ses institutions. « Une Assemblée constituante libre et souveraine où le pouvoir présidentiel serait dissout, concentrant les fonctions exécutives et législatives, et dont les premières mesures iraient vers la mise en place d’un plan d’urgence ouvrier et populaire contre les conséquences de la catastrophe économique et sanitaire, et vers la nationalisation sous contrôle des travailleurs des entreprises stratégiques et gérant les ressources naturelles. Où les juges seraient élus et révocables, et gagneraient autant qu’un ouvrier qualifié, afin de mettre fin à la caste judiciaire bonapartiste. Une assemblée qui traiterait également de la question de la nationalisation de la banque et du monopole du commerce extérieur ».