Venezuela : la construction d’un régime autoritaire

Gustavo Marquez Marin, économiste vénézuélien, membre de la Plateforme pour la défense de la constitution

 

Le gouvernement avance dans la construction du cadre juridique d’un État dérégulé, invoquant la Constitution mais en dehors de celle-ci. Le gouvernement cherche à consolider un régime autoritaire en manipulant arbitrairement la Constitution, pour perpétuer le groupe civilo-militaire dominant au pouvoir sur la base des intérêts de la bourgeoisie émergente qu’il représente.

L’exercice du pouvoir autoritaire autoritaire sur le territoire s’inscrit dans un processus de centralisation du contrôle des espaces sociaux et de leurs dynamiques socio-économiques territoriales . La stratégie de création de structures institutionnelles parallèles à l’Etat et aux communes est une conséquence de cette logique de contrôle territorial.

L’ image patrimoniale autoritaire que projette l’autocrate est celle du « protecteur du peuple », privilégiant une « relation directe » avec la population, prenant le pas sur les institutions. Aussi, en tant que « défenseur de la patrie » face à l’agression impérialiste malgré le fait qu’il la vende aux enchères au plus offrant. Au-delà de son discours, ses actions s’inscrivent dans une logique pragmatique ancrée dans la préservation du pouvoir par tous les moyens.

Explicitement et implicitement, la « doctrine de l’ennemi intérieur » est utilisée, typique des régimes militaires autoritaires, pour restreindre et ignorer les droits et libertés des citoyens, persécuter la dissidence et réprimer les protestations, en dehors du cadre de l’État de droit.

COn procède ainsi à la construction d’un nouveau système juridique hors Constitution et lois, pour accompagner le régime autoritaire en construction et l’ouverture néolibérale de l’économie à travers un processus structuré sous la logique néolibérale de dénationalisation, déterritorialisation et liquidation des biens de la République pour l’usufruit des la bourgeoisie émergente et ses alliés internes et externes. Un processus fonctionnel à la stratégie de recolonisation territoriale du grand capital corporatif transnational.

Ce qui implique la mise en place d’un système de silence et d’opacité dans la gestion publique afin de maintenir les citoyens non informés et ainsi éviter les résistances et les critiques internes et externes des actions gouvernementales arbitraires. LAB consacre la confidentialité et le secret dans la gestion publique à la discrétion du gouvernement. Sur la base de cela et de la soi-disant «loi contre la haine, pour la coexistence pacifique et la tolérance», ceux qui dénoncent et affrontent le régime sont persécutés, emprisonnés et criminalisés pour la revendication de leurs droits fondamentaux. D’autre part, des progrès sont réalisés dans un contrôle progressif des supports de communication et des réseaux sociaux , allant même jusqu’à appliquer le blocage des supports numériques et les interférences dans les systèmes de communication.

Le régime actuel gouverne grâce à une forte présence militaire dans l’appareil d’État qui entraîne la militarisation progressive de la gestion publique et la participation de l’institution l’arméeà la gestion économique des entreprises d’État et mixtes , avec la participation de capitaux privés nationaux et étrangers, notamment dans les secteurs pétrolier et minier comme à travers des sociétés telles que CAMIMPEG et dans le développement des Zones Economiques Militaires Spéciales pour lesquelles des sociétés sont constituées en association avec des capitaux privés nationaux et internationaux. De cette façon, les FANB et les militaires deviennent des agents économiques, en plus de leur fonction selon la Constitution.