La mémoire au service des luttes : Steve Biko

Alain Saint-Victor et FUIQP

 

Il y a 42 ans, le 12 septembre 1977, Stephen Bantu Biko, dit Steve Biko était assassiné pa les sbires du système de l’apartheid. Il fut l’un des plus grands combattants du régime raciste sud-africain.

Né à King William’s Town dans la province du Cap (Afrique du Sud), Steve Biko est témoin au cours de son enfance et de son adolescence des luttes contre l’apartheid. Son grand frère est arrêté en 1963 pour son militantisme politique.

Il faut attendre son entrée à l’université en tant qu’étudiant en médecine pour que Biko trouve un cadre dans l’organisation de la lutte. Il commence ses activités politiques dans le syndicalisme étudiant à l’université du Natal.

Élu dès sa première année au conseil représentatif des étudiants noirs, il est délégué, à ce titre, en 1968, à l’âge de 22 ans, à la Conférence de la National Union of South African Students (NUSAS).

C’est à cette conférence qu’il s’aperçoit que les syndicats, dominés par les étudiants blancs, ne s’opposent pas radicalement à l’apartheid. Les discours sur la diversité multiraciale qui sont dominants lui semblent cacher l’essentiel : la question de l’égalité.

Il réalise qu’il était essentiel d’élaborer un mouvement étudiant noir ayant à sa tête sa propre organisation.

En 1969, il crée, en collaboration avec de nombreux étudiants noirs du Natal la South African Students Organisation (SASO) (Organisation des étudiants sud-africains) et en devient le premier président. Cette organisation est l’un des principaux représentants du mouvement de la « Conscience noire » (Black consciousness movement) dont Biko est l’initiateur.

Biko et le Black Consciousness movement préconisent une émancipation des Noirs par eux-mêmes, en affirmant que, même s’ils sont de bonne volonté, les Blancs ne peuvent comprendre entièrement le point de vue des Noirs sur la lutte à mener.

 

Pour consolider l’autonomie du mouvement, Biko se prononce contre l’intégration entre Noirs et Blancs, se déclarant contre « le fait qu’une minorité de colons impose un système entier de valeurs aux peuples indigènes ».

Pour lui, la « libération psychologique » doit précéder la « libération physique » : les Noirs ne peuvent se libérer politiquement de l’apartheid que s’ils cessent de se sentir inférieurs aux Blancs. L’idée que les Noirs puissent ainsi déterminer leur propre destinée et le principe de la fierté de la conscience noire eurent un grand retentissement alors que les lois d’apartheid étaient à leur apogée.

Les écrits et interventions de Biko font références à tous les grands penseurs et mouvements de la réaffirmation noire d’une part et de la lutte anticoloniale d’autre part : W.E.B. DuBois, Marcus Garvey, Frantz Fanon, Aimé Césaire, etc.

Il s’inspire également des Blacks Panthers états-uniens et reprend le slogan « black is beautiful », invitant aux Noirs de croire en leurs capacités et de prendre en main leur destinée. Préconisant la lutte pacifique et non violente, Biko et le mouvement appellent au boycott de tous les leaders noirs collaborant avec le gouvernement raciste.

Il est arrêté en 1973 pour terrorisme. Il est ensuite banni et assigné à résidence. Ces mesures n’empêche pas le mouvement de la conscience noire de se répandre parmi la jeunesse et Biko de devenir le symbole de cette lutte.

En particulier, ce mouvement développe des campagnes de boycotts massives. Biko est alors interdit non seulement de prendre la parole en public mais aussi de parler à plus d’une personne à la fois. En juin 1976 les townships se soulèvent contre l’imposition de la langue du colonisateur (l’afrikaans) ce qui débouchera sur le massacre de Soweto. Mis au secret pendant 101 jours, Biko s’évade pour participer à la mobilisation.

Arrêté une nouvelle fois le 18 août 1977, il est assassiné en prison après avoir été torturé. Il n’avait que 31 ans.

Steve Biko demeure dans la mémoire populaire un symbole d’émancipation et de  résistance à l’oppression.

 

Repose en paix frère camarade.

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