Cachemire : occupation

 

Asad Rahim Khan, extrait d’un texte paru dans The Dawn (Karachi), 6 août 2019

https://www.dawn.com/news/1498368/laws-of-occupation

«QUAND je pense à l’Inde, je pense à beaucoup de choses», a écrit Jawaharlal Nehru une fois. « D’une vallée de montagne jsuqu’au printemps, couvert de fleurs et d’un ruisseau bouillonnant et gargouillant. Cela convenait bien au premier Premier ministre indien, lui-même originaire du Kashmiri. Tandis que les troupes indiennes affluaient dans la vallée, Nehru a feint de pleurer pour ses victimes et a appelé à un plébiscite sous la supervision de l’ONU. « Le peuple du Cachemire décidera de la question de l’adhésion à l’Union indienne », disait-il le 28 octobre 1948 le Premier ministre pakistanais.

Depuis 70 ans, les habitants du Cachemire n’ont jamais eu le choix. Aujourd’hui, la vallée est un champ de bataille – une vallée de fosses communes, où les enfants sont violés comme une arme de guerre et où les troupes qui attachent les civils à des jeeps se voient remettre des prix pour leur bravoure. Il a fallu Narendra Modi, un homme connu pour envisager le meurtre de masse de musulmans, pour passer à l’étape suivante.

L’article 35-A a été ajouté à la constitution indienne par le biais d’une ordonnance présidentielle en vertu de l’article 370, alors signée par Nehru. Ces articles incluaient l’interdiction des non-Cachemiriens de s’installer dans la région. Hier, Amit Shah, du BJP, a supprimé l’article 370, ainsi que le statut spécial qui prévalait pour les Cachemiris pendant une bonne partie du siècle.

Lors de l’élection de 2019, le manifeste du BJP promettait d’abroger l’article 370. Dans l’immédiat, l’impact de la suppression de l’article 370 aura des effets dévastateurs. À long terme, cela détruira l’idée de l’Inde en tant que démocratie fédéraliste. Mais qu’est-ce que cela change? Sur le terrain, le changement ouvre les portes aux colons indiens, qui peuvent désormais acheter des terres et acquérir une propriété au Cachemire. Appelez cela la formule palestinienne, permettant d’imaginer la modification de la démographie à majorité musulmane du Cachemire.

L’Inde a également modifié sa propre constitution : l’ordonnance présidentielle abrogeant l’article 370 insiste sur l’obtention du consentement du territoire indien du Jammu-et-Cachemire. Mais ce consentement a été agréé par le gouverneur, un représentant du centre, sans le parlement élu. Ce qui est totalement illégal. C’est sans compter le fait que le gouvernement indien déchiquète le droit international : la résolution de 1948 du Conseil de sécurité des Nations unies qui prévoit un plébiscite ; la résolution de 1949 qui garantit la liberté de retour ; et les Conventions de Genève qui interdisent à une occupation de transférer sa propre population civile sur un territoire détenu.

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