Fritz-son Lalane, 10 juin 2021
Depuis le 1er juin 2021, des centaines de famille et des habitant-e-s des quartiers populaires de Fontamara et de Martissant (sud de la capitale d’Haïti) sont pourchassé-e-s par des individus armés réputés proches du pouvoir de facto en place. Ces individus sans foi ni loi utilisent la violence pour faire fuir les riverain-e-s de leurs demeures. Ils violent, pillent, assassinent, volent les biens des citoyen-ne-s, incendient des maisons et massacrent beaucoup de gens (toutes catégories confondues) sous le regard complice des autorités haïtiennes. Ils font, entre autres, usages de gaz lacrymogène, et procèdent par des actions de représailles contre des paisibles citoyen-ne-s pour provoquer leur fuite.
Selon les informations rapportées par plusieurs medias, cette situation tendue provient de la rivalité entre des gangs armés de Grand-Ravine et de Ti Bwa pour la conquête de territoire en ce qu’ils veulent conquérir beaucoup plus d’espaces pour mener des actions criminelles. Même si la thèse pour la conquête du territoire parait plausible, d’autres institutions et personnes avisées font valoir l’idée selon laquelle les affrontements entre les gangs rivaux seraient une stratégie de la part du pouvoir de facto pour casser les mobilisations populaires contre le référendum illégal et inconstitutionnel prévu pour le 27 juin prochain qui vient d’être reporté sine die. Pourtant, malgré ce report maquillé, les individus armés, constitués en milice de l’actuel pouvoir de facto ne chôment pas. Des tirs nourris d’armes automatiques continuent à raisonner et les opérations criminelles et de terreur sont légion sous la férule de ces malfrats dans les zones prises en otage par des bandits proches du régime scélérat phtkiste. Cette situation qui prévaut rend inaccessible la sortie sud du pays en coupant la connexion entre quatre départements (Sud-Est, Sud, Grande Anse et Nippes) et la capitale.
Depuis l’accession du PHTK au pouvoir qui a été soutenue par les puissances impérialistes, la violence a atteint son paroxysme et paraît être un choix délibéré de la part de l’État. Pourquoi la violence institutionnalisée constitue-t-elle le choix de gouvernance du PHTK ? À qui profite-t-il ce mode de gestion du pays ? La violence d’État qui a pris de l’ampleur sous Jovenel Moise n’est pas un choix anodin. C’est sous son administration que les réseaux de gangs se sont fédérés pour semer de la pagaille dans les quartiers populaires. Le choix de ces zones serait une stratégie pour instaurer la peur en vue d’empêcher l’amplification des mouvements populaires. C’est pourquoi il y a toujours des récidives dans la violence sous une forme ou sous une autre. D’où la recrudescence des actes de violence criminelle contre la population civile.
En effet, pour la récidive des actes de criminalité par des gangs armés qui s’affrontent dans les quartiers de Fontamara et de Martissant pour ce mois de juin, la protection civile a déjà recensé « 562 déplacés internes », parmi lesquels 69 enfants et cinq femmes enceintes, réfugiés dans une église d’une commune voisine, précise un communiqué de cette institution[1] selon une dépêche de l’agence de presse RTL. Ces familles qui ont trouvé aussi refuge sur la place de Fontamara et au Centre sportif de Carrefour éprouvent de grandes difficultés en nourriture, en eau et d’autres besoins sanitaires et hygiéniques.
Le nouvelliste rapporte les propos des déplacé-e-s internes qui fuirent la terreur des gangs rivaux, alliés du pouvoir de facto. « Je suis arrivé sur la place de Fontamara jeudi soir. Ma famille et moi venons de passer notre première nuit ici. Des hommes de Ti Bwa qui contrôlaient jusqu’à jeudi soir la zone de Martissant nous ont demandé de vider les lieux pour notre sécurité. […] Certains ont pu prendre quelques effets personnels. Mais ma femme et ma fille et moi on n’a rien emporté avec nous ».
Une autre mère déclare : « J’ai faim, et mes enfants ont encore plus faim que moi, alors je les allaite ». « Ici, on n’est plus dans la zone des affrontements, mais on entend les tirs nourris d’armes automatiques. Des rumeurs laissent croire que le groupe de Grand-Ravine va venir nous attaquer jusqu’ici ». Selon cet homme : « A Martissant 2A et à Martissant 4, plusieurs maisons ont été incendiées. C’est la désolation totale[2] ».
Ces familles en désolation dorment à la belle étoile sur la place de Fontamara et font leurs besoins à même le sol. Elles sont exposées à la pluie, les courants d’air de la mer et d’autres actes de violence et d’insécurité vu qu’elles sont dans l’obscurité.
Par cette situation, l’on constate que le régime phtkiste utilise la violence et la criminalité contre les citoyen-ne-s des quartiers populaires pour rester au pouvoir. C’est un régime dilapidateur et anti populaire qui banalise la vie. Par son mode opératoire et son choix de gouvernance, il planifie de l’insécurité en distribuant des armes aux gangs armés tout en les fédérant. Ces derniers bénéficient l’appui du régime phtkiste criminel pour terroriser la population en vue de permettre au système de se reproduire et de liquider les ressources d’Haïti aux pays impérialistes qui le soutiennent.
Il est à remarquer que depuis 2018, sous Jovenel Moise, le massacre en série contre des citoyen-ne-s des quartiers populaires devient le mode opératoire du pouvoir sanguinaire PHTKiste[3] deuxième version. Les quartiers populaires La Saline, Bel-Air, Carrefour-feuille, Martissant, Cité Soleil, Tokio et Delmas 2 sont entre autres les endroits où se sont produits plus de massacres sous Jovenel Moise.
Seul un soulèvement populaire pouvant aider le peuple haïtien à se débarrasser du régime sanguinaire dictatorial phtkiste. Ainsi, il est appelé aux forces vives de la nation d’intensifier les mobilisations pour libérer le pays du PHTK, un cancer qui gangrène la société haïtienne.
[1] Voir RTL : https://www.rtl.fr/actu/international/haiti-une-guerre-de-gangs-pousse-a-l-exil-des-centaines-d-habitants-a-port-au-prince-7900041310. Consulté le 10 juin 2021 à 9 heures 35 AM.
[2] Voir le Nouvelliste : https://lenouvelliste.com/article/229536/des-habitants-de-martissant-se-refugient-a-fontamara-pour-echapper-a-la-fureur-des-gangs. Consulté le 10 juin 2021 à 9 heures 54 AM.
[3] Le parti politique sur lequel a été élu le clown chanteur, Michel Martely, au pouvoir en Haïti s’appelle : Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK). Cette nomenclature est à la fois péjorative et burlesque. Elle est une stratégie pour ses membres et alliés corrompus et dilapidateurs de banaliser la politique, au sens d’organisation de l’espace social.