Haïti : Quand Jovenel Moise fait appel à ses patrons

 

Regroupement des Haïtiens de Montréal contre l’Occupation d’Haïti

(REHMONCO)

Il fallait s’y attendre : Jovenel Moise demande à ses tuteurs de lui venir en aide. Il sait parfaitement qu’il leur doit le pouvoir, que sa présidence existe que par et pour eux, que les élections truquées qui l’ont propulsé au pouvoir ont été leurs œuvres, que sans eux il n’est rien.

On ne peut dans ce cas parler d’acte de trahison de la part d’un président fabriqué sur mesure par une oligarchie mafieuse et des puissances impérialistes qui entendent maintenir jusqu’au bout leur domination sur le pays. Le fait de solliciter l’intervention de l’OEA pour effectuer un audit des fonds dilapidés du programme Petro Caribe rentre donc dans le cadre normal et logique du pouvoir de Moise et du PHTK.

C’est cela qu’il faut comprendre aujourd’hui. Pour Jovenel, le sentiment de « honte » n’existe pas puisqu’il a déjà longtemps vendu son âme aux plus offrants, c’est-à-dire à ceux qui détiennent le pouvoir de l’oppression.

C’est pourquoi cet appel à l’OEA est pour lui une démarche qui s’inscrit dans le fonctionnement normal de son pouvoir. Il traduit chez lui un profond désir, celui de garder le pouvoir le plus longtemps possible et de rendre des comptes qu’à ses maîtres.

Il n’a cure des revendications du peuple, des cris au scandale d’institutions étatiques haïtiennes, des dénonciations venant de tous les secteurs de la société civile. Ce sont des aboiements de chiens pendant que sa caravane continue de passer. S’il existe comme président, c’est par la grâce et le pouvoir du « Blanc ».

Dans son article paru dans le Miami Herarld, destiné à ses tuteurs, Moise écrit : « Les Haïtiens ne sont pas étrangers à l’instabilité politique. » Ici, le « président » semble vouloir émettre une « pensée profonde » que d’autres, bien avant lui, rabâchaient pour justifier la répression et la situation de misère profonde du peuple.

Les luttes actuelles contre la corruption, pour dénoncer la répression sanguinaire, pour exiger l’élaboration d’un nouvel État qui soit au service du pays, seraient donc le résultat d’une mentalité proprement haïtienne, propice au désordre et à la pagaille.

Rien d’étonnant que Moise fasse appel à des organismes étrangers qui eux connaissent bien les mécanismes de la « stabilité politique » et par conséquent de la « prospérité du pays ».

Pour arriver à ce point, il a fallu que Moise fasse preuve de son impuissance : étant incapable de bloquer la lutte populaire par la répression policière et des massacres dans les quartiers populaires de Port-au-Prince et des villes de province, son régime néo duvaliériste veut rendre obsolète les institutions haïtiennes.

Il n’est plus question pour lui de répondre devant elles, de leur répondre sur des sujets qui pourtant touchent profondément l’avenir du pays.

Ce qu’il veut c’est que « Haïti [lui] donne un gouvernement », c’est-à-dire de lui faire confiance, car c’est à cette condition que les milliards vont pleuvoir, que l’étranger verra enfin que les Haïtiens sont capables de « stabilité », de « civilité », de travailler dans l’entente et l’harmonie.

Derrière cette rhétorique se trouve un racisme que l’on peut aisément imaginer. Jovenel s’y prête parce qu’il croit, au fond de lui, que notre pays est, comme le dit Trump, un « trou de merde », et, s’il en est ainsi, c’est bien la faute des Haïtiens puisqu’ils refusent de travailler « tèt ansanm ».

C’est pourquoi, sans gêne, affichant une volonté de vilipender et d’avilir le peuple, il rejette les rapports d’audit des institutions haïtiennes et recourt à une organisation étrangère.

Pour lui, il n’est pas question de se soumettre aux exigences de démission venant d’institutions d’un État dont il ne reconnait pas la souveraineté ni de satisfaire aux revendications de classes populaires qu’il perçoit composées de sous-humains.

Il se comporte en véritable « gérant de colonie » dont la fonction est d’obéir uniquement aux ordres de l’impérialisme.

En agissant ainsi, Moise joue cartes sur table. Ses gestes et faits, son silence même témoignent de sa volonté de renforcer sur le pays la domination des puissances impérialistes, particulièrement ceux du Core Group. L’idéologie pour justifier cette domination ne l’intéresse pas.

En écrivant cet article dans un journal étatsunien, il demande à ses tuteurs de Washington de l’appuyer dans sa quête de former un gouvernement envers et contre toutes formes de revendications venant du peuple et de l’opposition.

Entre temps, pendant que Jovenel cherche l’appui de l’Empire (en l’offrant toutes formes d’opportunités, l’une d’entre elles consiste de mettre à son service nos terres, de les transformer en agro-business), le peuple continue de subir terreur et répression.

Voilà pourquoi la lutte pour renverser ce régime sanguinaire est plus que jamais à l’ordre du jour.

Aujourd’hui, si le gouvernement illégitime de Jovenel Moise ainsi que ses acolytes du PHTK ont perdu le combat idéologique, ils mettent tout en œuvre pour garder le pouvoir par la force brute, les assassinats et les massacres.

Nous de la diaspora, continuons notre support aux luttes du peuple haïtien. Manifestons partout pour dénoncer le régime macoute et néocolonial des tèt kale.

Vive un État haïtien souverain au service du peuple !

Vive la lutte du peuple haïtien !

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