Haïti : revue de la semaine (26 avril-1er mai 2021)

Maccénat André, 3 mai 2021

L’insécurité continue de faire des ravages dans les familles haïtiennes. Trois jeunes en provenance de Lascahobas, ville du département de Plateau Central, ont été enlevés dans la zone de Croix-des-Bouquets qui est devenue le principal terrain d’activités criminelles du gang 400 mawozo. Ils ont été libérés après le versement de rançon par leur famille. Aussi, les six religieux séquestrés depuis plus de trois semaines par ce même gang ont été libérés cette semaine. Parallèlement, un étudiant de la Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’État d’Haïti a été kidnappé devant sa maison dans la soirée du 27 avril 2021. Cette situation a conduit à des mouvements de blocage des rues pour exiger sa libération et protester contre les actes de kidnapping dans la journée du mercredi 28 avril 2021. Il a été libéré sans rançon. Toujours sur les questions d’enlèvement, un médecin de l’ONG “Nos Petits Frères et Sœurs” et son fils ont été enlevés chez eux dans la nuit du 1er au 2 mai 2021. En réaction à cet acte, plusieurs institutions scolaires et sanitaires gérées par cette ONG ferment leurs portes. Il faut signaler qu’il y a d’autres cas de kidnapping qui ne sont pas médiatisés, soit par crainte de représailles ou pour protéger la vie des otages; ce qui que l’ampleur du phénomène est présentée de manière très réduite.

Dans la nuit du 1ier mai 2021, un policier du nom de Guerby Géffrard, délégué du syndicat de la Police Nationale d’Haïti (S-PNH-17), a été assassiné par balles. À noter que ce dernier faisait l’objet de persécution politique et de multiples menaces de mort par le pouvoir en place et le Haut État-Major de l’institution policière d’Haïti pour ses activités syndicales. Son assassinat coïncidant au jour de la commémoration de la fête de l’agriculture et du Travail marque le symbole du glissement vers la dictature de Jovenel Moise.

Dictature, Référendum illégal et résistances

Le média en ligne AlterPresse à travers un article intitulé “Crise  : Le gouvernement de facto toujours à la recherche des bonnes grâces de l’OEA pour ses projets inconstitutionnels et illégaux en Haïti’‘ sorti en date du 30 avril 2021, fait remarqué le gouvernement de facto du premier ministre Claude Joseph cherche à mettre l’OEA de son côté en se disant prêt à accueillir une mission de l’organisme hémisphérique, jusque-là principal allié des dérives dictatoriales de Jovenel Moise.

Parallèlement, 68 congressmen étasunien ont écrit au président Biden pour l’enjoindre à ne pas soutenir le projet de référendum illégal et inconstitutionnel de Jovenel Moise. De son côté, le Core Group se plaint de l’absence d’un accord politique sur les élections en Haïti. Pour sa part, la Direction Politique de l’Opposition (DIRPOD), dans une correspondance adressée à l’OEA, plaide pour une solution durable à la crise. Certains observateurs voient cette main tendue à Jovenel Moise par ces partis politiques comme une tentative pour consolider son pouvoir dictatorial.

À l’occasion de la fête du travail en Haïti (1er mai), des organisations sociales et syndicales ont lancé des mouvements de protestation pour dénoncer la criminalité et l’insécurité.

Économie et société

Le 1er mai 2021 a lieu l’inauguration du « barrage Marion », un « projet phare » de l’administration de Jovenel Moise. Comme tous les précédents, il semble que la montagne a accouché d’une souris. Depuis hier des internautes tournent en dérision cette « réalisation » en la comparant à d’autres travaux d’infrastructures du même genre réalisé dans la moitié des années 1950.

Aussi, cette année, la traditionnelle Foire agro-artisanale et industrielle a lieu au Cap Haïtien dans le département du Nord.

L’oligarque Clifford Apaid, initiateur du “Projet Savane Diane”, principal bénéficiaire de l’arrêté présidentiel créant la zone franche agro-industriel de savane Diane (février 2021) annonce que cette structure va créer environ 20 000 emplois. A noter qu’à chaque fois que l’État exproprie des paysans pour donner des terres à des oligarques corrompus proches du pouvoir, on avance des chiffres faramineux pour détourner l’attention sur la portée criminelle, anti-économique et anti-nationale de ces projets. Rappelez-vous, de la zone franche CODEVI, de Agritrans projet de l’actuel président de facto, du parc industriel de Caracol, etc…