La caravane des migrants : une marche pour la vie

 

Amarela Varela (professeure à l’UNAM), Viento Sur, 11 novembre 2019

Entre janvier et septembre 2018, selon l’Unité de la politique d’immigration du gouvernement mexicain, 41 760 Honduriens et Honduriens de tous âges ont été arrêtés au Mexique, dont 37 000 qui ont été expulsés. Dispersés, violentés, ils fuyaient la faim et la violence, pourchassés par des bandes armées agissant en complicité avec les forces de police. C’est ce que des journalistes mexicains ont appelé « l’Holocauste invisible du 21ième siècle ».

C’est une sorte d’« industrie » où agissent des réseaux criminels de traite des êtres humains, en collusion démontrée avec les autorités de tous les pays impliqués, mais aussi avec des organisations internationales, des ONG qui répondent aux besoins les plus précaires et un très large éventail de spécialistes, technocrates et universitaires qui essaient de comprendre la transmigration, certains parce qu’ils croient que la migration humaine peut être « gouvernée » de manière ordonnée, et d’autres parce que nous voyons dans cette dimension de la société des exemples des conséquences humaines du néolibéralisme.

Ce qui est nouveau, c’est la façon dont les Centraméricains se déplacent aujourd’hui au Mexique : en masse, accompagnés d’organisations nationales et internationales et de médias, regroupés par nœuds qui marchent ensemble dans un pays pour lequel les « coyotes » chargent entre 9 et 15 000 dollars pour les amener aux États-Unis.  On les accuse d’obéir à une sorte de complot payé ou encouragé par le président américain Donald Trump, répondant aux intérêts des cliques qui cherchent à déstabiliser la transition à Mexico avec le président élu, Andrés Manuel López Obrador, ou du moins, trompés par des groupes hostiles au gouvernement hondurien de facto de Juan Orlando Hernández Alvarado.

En réalité, ces « caravanes », composées de 45% par des femmes et des enfants, sont une nouvelle façon de la lutte des migrants, sans slogan, sans formes d’organisation. Parmi les caractéristiques de cette nouvelle capacité politique des peuples et des communautés les interpellations, les migrants ‘encouragent, défient les chefferies et les tueurs, rencontrent les populations locales qui les fêtent, les nourissent, inaugurant des des formes d’hospitalité radicale pouvant compenser les complicités ou même les silences du peuple.

Pour le moment, la marche de milliers de familles expulsées par la violence et la misère est en train de changer la grammaire migratoire au Mexique, créant de l’espoir et de la vie. Ce n’est pas une caravane de migrants, c’est un nouveau mouvement social qui marche pour la vie.

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