La semaine en Haïti du 11 au 17 octobre 2021

Hérold Constant

Commémoration de l’assassinat du fondateur de la nation haïtienne, Jean Jacques Dessalines

En Haïti, le 17 octobre est une date de commémoration de l’assassinat du fondateur de la patrie, Jean-Jacques Dessalines. S’il était coutume de se rendre à Pont-Rouge pour déposer des gerbes de fleur au pied l’Empereur, depuis quelques années déjà nos gouvernants n’ont pu se contenter de MUPANAH pour cette traditionnelle cérémonie. Soit en raison de la colère populaire contre ces politiciens qui assassinent l’idéal dessalinien, soit à cause des gangs armés. Cette date historique très importante pour les Haïtiens est donc banalisée dans le contexte de crise sociopolitique. Cette année, de très tôt ce dimanche matin, des hommes lourdement armés ont contraint le PM de facto Ariel Henry et sa délégation de rebrousser chemin en toute précipitation. « Depuis 2018, aucune autorité n’a pu se rendre au Pont-Rouge pour commémorer l’assassinat du Père fondateur de la Nation, Jean-Jacques Dessalines. Ce quartier de Port-au-Prince contrôlé par des gangs armés a été pendant pratiquement tout le mandat de Jovenel Moïse l’une de ses faiblesses » (Extrait Le Nouvelliste, 17 oct. 2021). Après la déroute du Premier Ministre de facto, le chef de gang Jimmy Cherisier (allias Babekyou), entouré d’une dizaine d’individus armés d’armes d’assaut, s’y est rendu calmement pour déposer ses gerbes de fleur. Aucune intervention n’a été tenté du côté de la PNH. Cette date historique se banalise et se profane de plus en plus.

À en croire l’ancien sénateur Samuel Madistin intervenant sur Radio Magic 9, cet incident aurait été causé par une mauvaise répartition d’une somme de 20 millions de gourdes donnée par le pouvoir en place au groupe G9 pour pouvoir se rendre à Pont-Rouge. Comme ses prédécesseurs, le gouvernement en place continue avec la logique de connivence avec les gangs armés. Jean Rebel Dorcena, membre de la Commission Nationale de Désarmement, Démantèlement et Réinsertion (CNDDR) avait d’ailleurs révélé que des hauts cadres du Palais national avaient l’habitude de pousser les gangs à chauffer le béton pour soutirer de l’argent du trésor public.

Sources :

Insécurité publique : le kidnapping continue de faire rage

La semaine a été très mouvementée en Haïti. La rentrée sud de la capitale reste toujours bloquée à Martissant cause des activités criminelles des gangs armés. Dans la capitale de Port-au-Prince, ces derniers enlèvent, volent, cambriolent, violent et tuent sans inquiétude. Environ une vingtaine de cas d’enlèvement a été enregistrée cette semaine. Si la Police Nationale d’Haïti met la main au collet de quelques individus présentés comme présumés, la situation reste très grave. Dans la soirée du 15 octobre, la maison du monseigneur de l’église catholique a été cambriolée.

Ce samedi 16 octobre, sur la route de Ganthier, zone contrôlée par le gang « 400 mawozo », des occupants de plusieurs véhicules ont été kidnappés. Parmi ces gens, quinze missionnaires américains et cinq français qui revenaient d’un orphelinat. Pour l’instant, ni la PNH ni l’ambassade américaine n’a fourni plus de détails. Parmi ces gens, quinze missionnaires américains et cinq français qui revenaient d’un orphelinat. Pour l’instant, ni la PNH ni l’ambassade américaine n’a fourni plus de détails. À rappeler qu’au mois d’avril dernier, 7 religieux (dont deux français) ont été enlevés à Croix-des-Bouquets avant d’être libérés contre rançons.

Dans la même journée, à l’avenue Christophe, une patrouille policière n’a pas réussi à déjouer l’enlèvement d’un professeur d’université. En cette occasion, un agent de la BLTS s’est mortellement touché lors des échanges de tirs avec les ravisseurs.

Si la population se montre un peu indifférente par rapport à la gravité de la population, quelques secteurs essayent de se réveiller. C’est le cas de l’Association touristique d’Haïti (ATH) qui a critiqué la passivité du gouvernement en place. De son côté, l’Association des propriétaires et chauffeurs d’Haïti (APCH) fait un appel à une grève générale illimitée à partir du lundi 18 octobre 2021 pour protester contre cette situation.

Sources :

https://vantbefinfo.com/2021/10/haiti-tirs-nourris-a-martissant-a-lentree-sud-de-port-au-prince/

https://vantbefinfo.com/2021/10/haiti-securite-une-quinzaine-de-missionnaires-americains-et-des-haitiens-enleves-a-ganthier/

https://lenouvelliste.com/article/232246/quinze-americains-et-des-haitiens-kidnappes-sur-la-route-de-ganthier

https://vantbefinfo.com/2021/10/haiti-insecurite-la-commission-episcopale-nationale-justice-et-paix-questionne-la-passivite-des-autorites-policieres/

https://vantbefinfo.com/2021/10/haiti-enlevement-du-professeur-patrice-derenencourt/

https://vantbefinfo.com/2021/10/haiti-etienne-pierre-france-richard-un-policier-affecte-a-la-blts-assassine-a-port-au-prince/

http://www.alterpresse.org/spip.php?article27555#.YWzD4tlKjFo

Des franges de la communauté internationale dos-à-dos sur le dossier d’Haïti

  • Le 12 octobre passé, l’ambassadeur Kenneth H. Merten, réputé comme proche allié et défenseur du régime PHTK au temps de Michel Martelly, revient à la tête de la diplomatie américaine en Haïti. « Après la sortie fracassante de Daniel Foote qui a mis à nu la politique américaine en Haïti, l’administration Biden a déjà dépêché plusieurs délégations en vue d’évaluer la situation sur le terrain. Tout récemment, deux émissaires, Brian A. Nichols et Juan Gonzalez, respectivement secrétaire adjoint aux Affaires de l’hémisphère occidental et directeur principal du Conseil de sécurité nationale (NSC), pour l’hémisphère occidental ont séjourné en Haïti. […]. Et cette semaine c’est au tour de la sous-secrétaire d’État à la Sécurité civile, à la Démocratie et aux Droits humains, Uzra Zeya d’effectuer son périple en Haïti » (Extrait de Le National, 14 oct. 2021). Cette mission a entre autres rencontré des hauts acteurs du gouvernement de facto de Ariel Henry.
  • La crise haïtienne a aussi fait l’objet d’une rencontre au Conseil de Sécurité de L’ONU ce vendredi 15 octobre. En cette occasion, le débat a été houleux entre la Chine et les USA. La Chine y a pointé l’absence de résultats des USA et de l’ONU. D’un autre côté, la société civile haïtienne proteste aussi contre cette force onusienne jugée inutile et complice de la situation chaotique du pays. Ce vendredi 15 octobre, des organisations de la société civile haïtienne ont réalisé un sit-in devant leur local à Pétionville pour exiger le départ de cette force onusienne et de sa cheffe Helen La Lime. « Les Etats-Unis et la Chine ont trouvé vendredi soir un compromis sur la présence de l’ONU en Haïti, le Conseil de sécurité votant à la dernière minute une prolongation de neuf mois de la mission politique des Nations unies dans ce pays en crise » (Extrait de Le Nouvelliste, 15 oct. 2021). La Chine, se montrant très préoccupée de la crise haïtienne, optait pour une durée de 6 mois. Pour comprendre la perception de l’ONU en Haïti, regardez cette vidéo de l’artiste engagé Kébert Bastien : https://www.youtube.com/watch?v=usq3vw9uRbg.

Sources :