Un 8 mars en silence contre l’administration Trump

Marina Orsini, Laure Waridel, Anaïs Barbeau-Lavalette et Isabelle Maréchal @ crédit photo Nicolas de Bellefeuille pour Le Journal des Alternatives
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Nicolas de Bellefeuille, correspondant en stage

C’est au coin des rues Sainte-Catherine et Stanley, que le collectif Mères au front a donné rendez-vous à la population montréalaise, dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes. Vêtues de rouge, en partie ou en totalité, Laure Waridel et Anaïs Barbeau-Lavalette ont passé des messages d’espoir à la foule. D’autres rassemblements ont également eu lieu à Québec, à Sherbrooke, à Ottawa et dans plus d’une douzaine d’autres localités dans la province.

Réunis devant le consulat des États-Unis, les participants, qui arboraient tous une pièce de vêtement rouge, ont observé huit minutes de silence. Le tout en formant une chaîne humaine qui occupait 500 mètres de l’artère commerciale.

Plusieurs personnalités ont également uni leur voix à la cause, dont Suzanne Clément, Marina Orsini et Isabelle Maréchal.

Les femmes pour le monde

« La seule façon de confronter son harceleur, c’est de se tenir debout devant lui ! », a lancé madame Waridel en anglais devant le consulat. Les deux instigatrices de Mères au front ont de plus scandé « Honte à vous ! » dans le quadrilatère. Également en anglais, mais aussi en espagnol, Anaïs Barbeau-Lavalette a appelé à la solidarité des femmes au sud de la frontière canadienne.

Ce rassemblement fut l’occasion de rappeler à la population de Tiohtiá:ke (nom autochtone de la métropole), le combat des peuples autochtones dans la société ; « Nous ferons huit minutes de silence, pour toutes les femmes autochtones qui sont épuisées de se battre pour revendiquer simplement leur droit d’exister ».

Les causes ukrainienne et palestinienne ont d’ailleurs été mentionnées en parallèle. « Il faut essayer de construire une résistance qui passe par plusieurs moyens différents », explique madame Waridel, qui n’a pas manqué d’éclipser d’autres causes, importantes et toutes interreliées.

Puis, précédé d’une prestation par Debbie Lynch-White et Roxane Gaudette-Loiseau, le calme plat. Certains regards se baissent, d’autres regardent le bâtiment leur faisant face. Toutes se souviennent des femmes d’hier, d’aujourd’hui et de demain, les bras unis.

Pour apaiser la foule, et pour redonner l’espoir, les chanteuses Ingrid Saint-Pierre et Beyries ont ensuite interprété des chansons de leur répertoire.

Françoise David a fait une brève apparition improvisée pour exprimer sa solidarité et l’espoir insufflé par l’événement. Elle a tenu à répéter les droits des femmes, mais a souhaité préciser, sur la question des salaires, que le problème n’est pas celui des hommes ; « Je n’ai aucun problème à ce que les hommes soient payés comme il faut, mais je me dis “Pis nous autres ? Pourquoi pas nous autres ?” ».

Ingrid Saint-Pierre

Un combat pour toutes et tous

Avant le début des minutes de silence, en ce temps glacial, des femmes se sont exprimées sur leurs raisons de se présenter. L’une d’entre elles a prononcé un seul mot ; « Trump ! ». Ces femmes ont aussi exprimé leur désir de manifester encore aujourd’hui, elles qui ont pris part à d’autres manifestations, dont la grève étudiante de 2012. Car elles ont l’impression que ces droits reculent ; « S’il existe encore des manifestations comme ça, c’est que la bataille n’est pas gagnée », avoue l’une d’elles.

La raison qui a mobilisé une autre militante concerne le retrait de la journée internationale des droits des femmes du calendrier de la multinationale Google. Cette raison fut d’ailleurs l’élément déclencheur qui a amené à la création de ce rassemblement. Elle déplore aussi les mesures du gouvernement Legault ayant entraîné les grèves dans les CPE.

Une mère accompagnée de son enfant confie être venue pour soutenir la cause environnementale, qui permet « une porte d’entrée vers les autres combats », dont celui des droits des femmes. Elle a aussi tenu à envoyer un message à sa jeune fille ; « Il faut se battre, car c’est beau de lui dire et de se dire que ces droits sont acquis, mais il faut aussi les écrire et il faut les faire reconnaître. Dire n’est pas assez, il faut inscrire et présenter ».

Et après ?

Comment envisage-t-on les prochaines luttes sociales après ce rassemblement ? C’est la question à laquelle Laure Waridel a répondu. La co-instigatrice de Mères au front réitère son souhait de rester unis dans la bataille ; « Il faut s’organiser politiquement, il faut résister à la montée de l’extrême-droite même au Canada, nous ne sommes pas à l’abri avec les prochaines élections ». Elle ajoute le rôle crucial de la population de contrer la désinformation, et « de ne pas se laisser manipuler ».

La socio-écologiste conclut en proposant des solutions pour construire des « communautés résilientes » ; « Ça passe par la souveraineté économique, par la solidarité, et il faut absolument prendre soin des autres ! ».

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