Venezuela : les vraies raisons de la stratégie du « regime change »

PETER KOENIG, extraits d’un texte paru dans Canadian dimension, 15 MAI 2019

https://canadiandimension.com/articles/view/venezuela-a-risk-to-dollar-hegemony

 

Depuis la nouvelle tentative de coup d’État, le Venezuela vit dans un état d’insécurité étrange. Quand on voit que le prétendu coup d’Etat a été vaincu en quelques heures à peine, sans aucune ingérence militaire vénézuélienne, on peut se demander s’il s’agissait vraiment d’un coup d’État ou simplement d’une opération de relations publiques.

Entretemps, le peuple vénézuélien souffre. À date, les sanctions auraient tué quelque 40 000 Vénézuéliens. Et cela, non pas à cause du gaspillage des ressources vénézuéliennes par le président Maduro, mais à cause d’une ingérence extérieure brutale et impitoyable, principalement des États-Unis et, dans une moindre mesure, des vassaux européens et canadiens de Washington.

La confrontation

Malgré des menaces après des menaces pompeuses, de fausses accusations et des tentatives de coup d’Etat infructueuses, le président Maduro conserve le soutien solide de six millions d’électeurs qui l’ont soutenu le 20 mai 2018. Il a également le soutien solide des militaires. Et surtout, il bénéficie du soutien d’alliés solides, notamment la Russie et la Chine. Et alors on peut se poser la question, pourquoi les États-Unis semblent contempler l’idée d’une guerre contre ce pays ?

Certes, le Venezuela possède les plus grandes réserves d’hydrocarbures du monde et se trouve à proximité des raffineries américaines du Texas. Cependant, la raison principale pour laquelle Washington veut imposer un changement de régime (regime change) est que le fait que le Venezuela a cessé de vendre ses hydrocarbures en dollars américains et pourrait donc devenir un risque pour l’hégémonie du dollar américain dans le monde. C’est une violation inacceptable pour l’empire.

L’hégémonie mondiale du dollar ne peut être maintenue que par un monde inondé de dollars et par un système monétaire entièrement contrôlé par la Banque fédérale de réserves (FED) et les banques américaines associées, par un système de transfert international (SWIFT), qui canalise chaque dollar à transférer entre pays, que ce soit les États-Unis ou tout autre pays, par l’intermédiaire d’une banque américaine, à New York ou à Londres. Et ainsi, le dollar américain reste la principale monnaie de réserve dans le monde, même s’il s’est affaibli. Parallèlement, un nombre croissant de pays essaie de se détacher de ce système. Ils convertissent progressivement leurs avoirs de réserve en dollars en d’autres actifs, vers l’or ou le yuan chinois, entre autres.

La Russie et la Chine ont cessé, il y a plusieurs années, d’échanger des dollars américains, pas seulement sur le marché des hydrocarbures. L’Inde et l’Iran ont commencé à faire de même. Pour ces raisons, l’administration Trump et ses maîtres de Wall Street feront ce qu’il faut pour empêcher le Venezuela d’abandonner le dollar.

C’est donc cela qui est en jeu concernant l’Iran et le Venezuela, deux pays qui bénéficient d’une solide protection de la part de la Russie et de la Chine.

 

Peter Koenig est économiste et analyste géopolitique. Ancien membre du personnel de la Banque mondiale, il a beaucoup travaillé dans le monde entier dans les domaines de l’environnement et des ressources en eau. Il enseigne dans des universités aux États-Unis, en Europe et en Amérique du Sud. Il écrit régulièrement pour des médias indépendants. Cet article a paru à l’origine sur DissidentVoice.org.

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