Forum social maghrébin
C’est avec consternation et une profonde inquiétude que nous, mouvements sociaux maghrébins, inscrits dans la dynamique du Forum Social Maghrébin, vivons avec inquiétude les évènements de Guergarate qui, si les parties en présence ne font pas preuve de retenue et de primauté des intérêts des peuples de la région qui aspirent à la paix, sonnent le glas du Cessez le feu de 1991 et ouvrent les portes à la guerre et au chaos dans la région.
Notre position est claire. Nous réitérons cette position engagée depuis 2006 à Bouznika (Maroc), couronnée par l’Appel Pour la Paix au Sahara Occidental (IPSO) à El Jadida (Maroc) en 2008, enrichie et confortée par l’Appel de Lyon en 2012, exprimée et défendue en plusieurs occasions du processus du FSMaghreb et du Forum Social Mondial, particulièrement en 2013 et 2015 à Tunis, lors des multiples rencontres de Nouakchott, à Tunis en passant par Alger et Oran. Cette position a été soutenue par un large mouvement social à l’échelle planétaire.
Dans le contexte actuel :
- Conscients des répercussions néfastes de la crise que traverse actuellement la région du Maghreb du fait du conflit et des incidents graves de Guergarate ;
- Considérant que ce sont les peuples de la région qui paient les conséquences néfastes d’un conflit armé ;
- Convaincus que la voie des armes détourne et dilapide des moyens financiers importants au détriment de la sécurité sociale, la sécurité sanitaire et écologique des populations en cette période de crise sanitaire qui a mis en évidence les carences des Etats à assurer correctement la couverture sociale et sanitaire des citoyens et citoyennes du Maghreb.
- Conscients que les effets d’un conflit armé aggravera les mesures néfastes sur les droits humains, qui ont déjà donné lieu à d’innombrables enlèvements, disparitions forcées, arrestations, détentions arbitraires, procès iniques, déplacements collectifs et forcés, etc.
1- Nous condamnons avec fermeté le langage des armes et de la violence verbale qui alimentent les haines et les nationalismes étroits et appelons à l’établissement d’une paix durable et à l’édification du Maghreb des peuples ;
2- Nous appelons les parties en présence impliquées directement ou indirectement dans le conflit à l’arrêt immédiat des opérations militaires et à revenir, dans l’intérêt des peuples, à la table des négociations, sous l’égide des Nations Unies pour une solution politique dans le respect des normes etaccords internationaux et dans le respect de l’intégralité et l’universalité des droits humains ;
3- Nous demandons à l’ONU et son secrétaire général d’assumer leurs responsabilités et de relancer rapidement le processus de négociations en nommant sans tarder un nouvel envoyé personnel pour ce dossier.
Perspectives maghrébines :
Convaincus, en tant que mouvement social pacifiste, de la nécessité d’agir au plus vite pour faire prévaloir une solution politique qui mette fin aux velléités de guerre qui déstabilisent la région et sert d’alibi aux violations des droits humains :
- Exhortons les forces démocratiques et de paix à faire plus de pression sur leurs gouvernants pour mettre fin à l’escalade des armes et à œuvrer pour la création des conditions nécessaires à un réel développement de la région du Maghreb et de la Méditerranéenne et pour la mise en place des fondements requis pour l’édification du Maghreb des peuples sans contrainte à la liberté de circulation des personnes et des biens .C’est une nécessité historique inéluctable et urgente. Chaque jour qui passe, nous sommes confrontés aux risques de voir des vies, en particulier celles de civils innocents, qui tombent sous les balles et les tirs d’artillerie ;
- Appelons à offrir des perspectives à la jeunesse maghrébine pour un présent et un avenir qui tourneraient le dos au chauvinisme et au repli sur soi, pour la construction d’un Maghreb de paix, d’égalité et de développement solidaire.
Il y a urgence pour la paix, il y a urgence pour l’édification d’un Maghreb démocratique et respectueux de la justice sociale et de la dignité de ses citoyens et citoyennes qui passe nécessairement par la résolution pacifique du conflit du Sahara Occidental.