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Mariam Jama-Pelletier, correspondante en stage
La déforestation au Brésil a connu une hausse alarmante de 9,1 % entre août 2024 et mai 2025, avec une explosion de 92 % pour le seul mois de mai, selon l’Institut national de recherches spatiales (INPE).
Non loin de ces ravages, la COP 30 s’ouvrira en novembre prochain à Belém, au cœur même de l’Amazonie brésilienne. Une fois encore, la planète rassemblera ses dirigeantes et dirigeants pour débattre du climat, multiplier les engagements et promettre des réformes. Mais derrière les discours diplomatiques et les poignées de main soigneusement chorégraphiées, une préoccupation majeure persiste : la faible représentation des Premiers Peuples dans les décisions mondiales sur l’environnement.
Bien qu’ils ne constituent que moins de 5 % de la population mondiale, les peuples autochtones habitent ou gèrent près de 80 % des écorégions terrestres de la planète, selon World Wildlife Fund.
Pourtant, les persistances des violations des droits fonciers des peuples autochtones demeurent au cœur des crises écologiques actuelles et à venir. Ces défis dépassent les frontières physiques et nationales. Ils trouvent leur origine dans des activités humaines destructrices : déforestation, combustion d’énergies fossiles, expansion agricole, chasse et pêche industrielle. La majorité de ces activités se déroulent sur des terres autochtones, souvent sans leur consentement libre, préalable et éclairé, mettant en péril leur mode de vie, leur sécurité et parfois même leur survie.
Les communautés autochtones ne sont pas des spectatrices de la crise climatique, elles en sont en première ligne. Leur rôle dans la préservation des écosystèmes est aujourd’hui documenté : les territoires sous leur gestion affichent des taux de déforestation largement inférieurs que le restes. Leur savoir écologique, transmis sur des siècles, demeure un rempart essentiel face à la destruction accélérée de la planète.
Pourtant, les premiers peuples sont largement exclus des négociations. Selon Fany Kuiru Castro, directrice du Comité de coordination des organisations autochtones du bassin du fleuve Amazone (COICA), plus de 5 000 Autochtones souhaitent participer à la COP 30. Très peu ont obtenu une accréditation officielle. En cause : la capacité d’accueil limitée de Belém, les coûts exorbitants d’hébergement et l’absence de mécanismes de financement adaptés. Autrement dit, la voix de celles et ceux qui protègent la forêt est étouffée avant même d’avoir été entendue.
Tandis que les délégations diplomatiques se réuniront dans des salles climatisées, des communautés entières risquent leur vie pour défendre la forêt amazonienne. L’un des chefs de la communauté Ka’apor au Brésil, Itahu Ka’apor, aujourd’hui forcé de se cacher après avoir reçu des menaces de mort émanant de multinationales polluantes, incarne cette réalité brutale.
Ce ne sont pas les conférences, les fonds carbone ou les protocoles qui maintiennent la forêt debout. Ce sont les communautés qui y vivent, leur vigilance, leurs pratiques, leurs liens spirituels avec le territoire. Ignorer cette réalité revient à affaiblir toute stratégie climatique.
La COP 30 ne doit pas reproduire les erreurs des précédentes éditions. Elle ne doit pas seulement inviter les Premiers Peuples à témoigner, mais leur confier une place décisionnelle. Sans eux, la gouvernance climatique restera abstraite, déconnectée du terrain et vouée à l’échec.
Le Sommet des peuples est un rassemblement parallèle aux grandes conférences internationales sur le climat, où la société civile, les mouvements écologistes et les communautés autochtones se réunissent pour proposer des solutions alternatives et défendre la justice climatique.
Nous mettons nos pages au service des solutions alternatives, inclusives et portées par les Premières Nations, et nous rendons leur parole et leur place, qui leur reviennent de droit, à travers une couverture du Sommet des Peuples et à des activités de suivi axées sur les communautés autochtones.
Nous rappelons que la COP 30 doit cesser d’être un théâtre diplomatique et devenir un espace de cohabitation réelle des savoirs.








