Nina Angerville — membre du collectif jeunesse du FSMI
L’activité « En route vers le FSM 2026 au Bénin » était très attendue lors du Forum social mondial des intersections (FSMI) à l’UQAM le vendredi 30 mai. En mode hybride, cet espace de dialogue participatif a rassemblé sur place des dizaines de personnes. En ligne ce sont plus de 80 personnes avec une forte participation de personnes militantes du continent africain — dont plusieurs n’ont pu être présent.es physiquement à cause de problèmes de visa. Comme l’a souligné Carminda Mac Lorin, cofondatrice de Katalizo et organisatrice du FSMI : « On est dans un monde où les marchandises peuvent circuler librement, mais pas les personnes. »
L’assemblée était organisée par différents mouvements tels que Katalizo, l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI), l’Association Sterna Africa, ATTAC France, Caritas Internationalis ainsi que la Chaire Claire-Bonenfant — Femmes, Savoirs et Sociétés et le Journal des Alternatives. Dans un esprit de co-construction, cette assemblée avait pour but de poser les bases d’un processus collectif menant au Forum Social Mondial de Cotonou, qui aura lieu du 4 au 8 août 2026. En cohérence avec l’ADN des FSM, l’approche était profondément horizontale, inclusive et fondée sur une méthodologie participative.
Une dynamique vivante et interactive
Après un tour de table, l’atelier s’est amorcé par une présentation des objectifs des forums sociaux mondiaux. L’agora s’est ensuite structurée en cinq groupes de travail (quatre en présentiel, un en ligne), chacun animé par une personne référente et accompagné d’une personne pour la prise de note.
Chaque groupe a réfléchi à l’une des quatre questions centrales :
- Pourquoi aller au FSM 2026 ?
- Comment mon réseau peut-il y participer ?
- Quelles luttes et quels espoirs souhaitez-vous y porter ?
- Comment faire en sorte que toutes et tous s’y sentent bienvenu·es ?
Les questions ont également été traduites en anglais et en espagnol pour permettre une bonne compréhension de toutes les personnes participantes, notamment pour les celles en vidéoconférence qui bénéficiaient d’une traduction simultanée.
Des témoignages de Massa Koné et Bertrand Yehouenou depuis le Bénin sont venus nourrir les réflexions avec un ancrage concret dans les réalités locales et les défis à relever pour l’organisation du FSM 2026.
Des pistes d’action concrètes pour mobiliser
De ces échanges sont ressorties des idées fortes et inspirantes, rappelant que le FSM n’est pas un simple événement, mais un processus vivant, incarné par celles et ceux qui y participent. Voici quelques-unes des propositions clés formulées :
- Agir dès maintenant : créer des collectifs locaux, organiser des séances d’information, proposer des kiosques, des ateliers…
- S’appuyer sur les réseaux existants : ONG, syndicats, associations, mouvements étudiants, espaces culturels ou religieux, diasporas, etc.
- Croiser les luttes et les milieux : favoriser les intersections entre monde académique, militantisme, actions citoyennes et solidarités professionnelles.
- Être acteur·trice, pas spectateur·trice : participer activement à la co-construction du FSM en partageant ses idées, ses luttes, ses propositions.
- Diversifier les formes d’engagement : en présentiel, à distance, dans des espaces décentralisés… chaque voix compte.
- Inclure les territoires empêchés : prévoir des relais pour faire entendre les voix des populations en guerre ou marginalisées (ex. : la Palestine).
- Construire des alternatives économiques : réduire la dépendance Nord-Sud, renforcer les solidarités concrètes entre territoires du Sud.
- Archiver et transmettre : produire des supports papier (livres, fanzines, récits collectifs) pour nourrir la mémoire des luttes. Comme nous disait une participante « Internet passe, mais le papier reste ».
Une convergence transnationale en construction
L’assemblée a également permis de faire le lien entre le FSM 2026 et d’autres espaces de mobilisation internationale : le FSM des Intersections, l’Université d’été des mouvements sociaux (France), les Dialogues en humanité, le RIEPS, le Forum Maghreb-Machrek, le Sommet des peuples de Belém… autant d’initiatives qui, à leur manière, préparent le terrain d’une mobilisation élargie, du local au global.
Tous ces espaces contribuent à tisser une toile de solidarité mondiale, à imaginer des stratégies d’action complémentaires, et à faire du FSM un véritable laboratoire des alternatives sociales, écologiques et politiques.
Faire du FSM un espace à notre image
Cette assemblée a rappelé l’essentiel : le FSM n’est pas un rendez-vous ponctuel, c’est un chemin commun, un engagement sur le long terme pour un monde plus juste, solidaire et vivable. Pour que ce forum reflète nos réalités, nos combats et nos rêves, il faut s’en emparer dès maintenant, et y faire entendre toutes nos voix, en particulier celles qui sont souvent réduites au silence.
Le FSM 2026 au Bénin sera ce que nous en ferons. À nous d’y faire une place pour chacun·e, et d’y faire germer l’espoir !