Haiti : répression à la Saline

Réseau National de Défense des Droits Humains, 1er décembre 2018

Le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) condamne avec véhémence les événements sanglants survenus à La Saline au cours du mois de novembre 2018.Les informations recueillies par le RNDDH révèlent que ces événements résultent de la cohabitation qui existe entre les autorités étatiques et gouvernementales et les gangs armés.

Le RNDDH déplore le fait que depuis ces événements sanglants, seul le premier ministre Jean Henry Céant eut à annoncer, dans le cadre d’une adresse à la nation en date 23 novembre 2018, qu’une enquête était ouverte autour des événements enregistrés le 13 novembre 2018 à La Saline. Il s’agit du seul commentaire officiel entendu depuis cette attaque, pour laquelle aujourd’hui encore, aucune information précise relative aux pertes humaines et matérielles n’est disponible.

Pour le 13 novembre 2018 seulement, le RNDDH a pu relever que cinquante-neuf (59) personnes ont été assassinées avec violence, deux (2) sont portées disparues, cinq (5) autres ont été blessées par balles et sept (7) femmes ont été violées. De plus, au moins cent‑cinquante (150) maisons ont été fouillées, vandalisées, criblées de balles ou incendiées. Toutes les personnes victimes rencontrées dans le cadre de cette enquête accusent l’Etat d’avoir orchestré ces événements. Additionné à cela, le retentissant silence des autorités autour de ces événements prouvent qu’effectivement certaines d’entre elles étaient impliquées dans la préparation de l’attaque du 13 novembre 2018 et que d’autres ont été mises au courant mais ne sont pas intervenues à temps pour l’empêcher. Sur la base de ces considérations, le RNDDH estime que les événements du 13 novembre 2018 constituent un massacre d’Etat.

Le RNDDH souligne à l’attention de tous que depuis 1986, après le départ pour l’exil du dictateur et ancien président à vie Jean Claude Duvalier, les événements sanglants de La Saline constituent le deuxième plus criminel massacre enregistré, celui de Jean Rabel ayant pour sa part causé le décès de cent‑trente‑neuf (139) paysans. Le RNDDH estime que les autorités locales ainsi que les membres de l’exécutif et du législatif doivent cesser de fournir des armes et des munitions aux gangs armés car, la circulation incontrôlée de ces armes à feu dans le pays aggrave chaque jour un peu plus la situation sécuritaire. Ces personnes assassinées à La Saline dont six (6) mineurs n’auraient pas perdu la vie si les gangs armés n’avaient pas été alimentés en armes et munitions, pour semer le deuil au sein des familles haïtiennes.

Le Massacre de La Saline ne peut rester impuni. C’est pour cela que le RNDDH recommande aux autorités concernées de :

  • Enquêter sur tous les événements survenus à La Saline dans le but d’identifier les victimes, les armes avec lesquelles elles ont été assassinées et leur provenance ;
  • Enquêter sur l’utilisation des matériels roulants et des uniformes de la PNH et l’implication des agents de la PNH dans ce massacre ;
  • Punir tous ceux qui étaient impliqués dans ce massacre d’Etat, sans considération économique, politique et social

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