La mémoire au service des luttes : Víctor Jara

 

Alain Saint-Victor et FUIQP 

 

Il y a 46 ans, le 13 septembre 1973, le chanteur et poète populaire chilien Víctor Lidio Jara Martínez était assassiné par les fascistes du régime de Pinochet.

 

Né dans une famille de petits paysans, il apprend la chanson et la musique en écoutant les chanteurs populaires.

 

Au cours ses études universitaires, il entreprend un travail de recensement de la musique et du folklore populaire chilien. C’est également à cette époque qu’il s’initie au théâtre en rejoignant la troupe de l’université.

 

À partir de 1957, il se consacre entièrement à la musique folklorique et au théâtre populaire.

 

En 1963, il devient directeur de l’Académie folklorique de la Maison de la Culture de Ñuñoa.

 

Il poursuit en même temps sa carrière musicale en prenant la direction du collectif Quilapayún en 1966. Dès cette époque il multiplie les concerts de soutiens aux luttes ouvrières et paysannes.

 

Ses chansons ont ainsi accompagnés de nombreuses luttes : contre la bourgeoisie (Las casitas del barrio alto, Ni chicha ni Limoná), contre la guerre du Viêt Nam (El derecho de vivir en paz), en hommage aux grandes figures révolutionnaires latino-américaines (Corrido de Pancho Villa, Camilo Torres, Zamba del Che), etc. Il est également une des vedettes les plus applaudies au meeting mondial de la jeunesse pour le Viêt Nam à Helsinki en 1969.

 

En 1970, il décide de mettre un frein à sa carrière pour s’engager entièrement dans le soutien à l’Unidad Popular de Salvador Allende.

 

Victor Jara estime, à l’époque, qu’il peut être plus utile par la chanson. Il s’agit pour lui de « mettre la chanson au service de la révolution populaire ». Il devient un véritable ambassadeur culturel du gouvernement Allende. Lors de la campagne électorale de 1973 ses chants antifascistes sont repris dans toutes les manifestations et grèves.

 

Au moment du coup d’État fasciste de Pinochet en septembre 1973, Victor Jara est en route vers l’université. Il est enlevé par les militaires et transféré au Stade national en compagnie d’autres militants pro-Allende. On le torture et on lui tranche les doigts en public, un geste barbare, pour signifier que ces doigts étaient devenus des armes antifascistes redoutables.

 

L’écrivain Miguel Cabezas a relaté comme suit l’assassinat de Jara :

Le 13 septembre les militaires ont voulus humilier le chanteur en le forçant à chanter une chanson fasciste après lui avoir coupé les doigts. Victor Jara défie alors les fascistes en entonnant l’hymne de l’Unité Populaire qui est immédiatement repris par des centaines de militants emprisonnés dans le stade. Il est alors criblé de balles ainsi que les autres militants présents. On retrouvera sur son corps 44 impacts de balle.

 

Il est enterré clandestinement le 18 septembre 1973 pour éviter que sa tombe devienne un lieu de rassemblements contestataires.

Il faudra attendre la chute du pouvoir fasciste pour qu’une véritable sépulture lui soit donnée.

 

Le 5 décembre 2009, après trois jours d’hommage populaire, des milliers de Chiliens accompagnent la dépouille du poète.

 

Après un parcours à travers les différents quartiers populaire de Santiago au cours duquel ses chansons sont reprises par la foule, il est enterré au cimetière général de Santiago.

 

 

Sur l’une des deux peintures murales chilienne commémorant la mémoire de Martinez, on trouve ce massage : « Donne nous ta force et ta volonté de combattre ».

 

Repose en paix frère et camarade, ton combat continue.

 

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