Le capitalisme contre la vie sur la Terre

Ian Angus, Contretemps, 11 février 2020

 «L’élévation du niveau de la mer, les changements dans la qualité de l’eau et la sécurité de l’alimentation ainsi que l’augmentation de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes sont susceptibles d’entraîner la migration d’une grande partie de la population. L’élévation du niveau des mers déplacera des dizaines (sinon des centaines) de millions de personnes, créant une instabilité massive et durable… L’intrusion d’eau salée dans les zones côtières et les changements climatiques compromettront ou élimineront également l’approvisionnement en eau douce dans de nombreuses régions du monde… Une tendance au réchauffement augmentera également l’éventail des insectes vecteurs de maladies tropicales infectieuses. Ceci, associé à une migration humaine à grande échelle en provenance des pays tropicaux, augmentera la propagation des maladies infectieuses.»

De nombreux rapports ont fait valoir de tels arguments. Ce qui rend celui-ci significatif, c’est qu’il a été commandé par le Pentagone, par le général qui est maintenant président des chefs d’état-major interarmées. Les auteurs sont des hauts responsables de l’armée étatsunienne, de la Defense Intelligence Agency et de la NASA. Il a été publié par le United States Army War College.

Leur rapport recommande de renforcer l’armée américaine, déjà la plus grande machine de guerre sur terre, pour protéger l’empire américain des conséquences du chaos environnemental. Il fait appel à une «approche de type plan de campagne pour se préparer de manière proactive aux conflits probables et en atténuer les impacts». Comme nous le savons, lorsque l’armée étatsunienne s’engage dans une campagne, le résultat est toujours dévastateur et destructeur pour les pauvres et les opprimé·e·s.

Comme le montre ce rapport, l’armée étatsunienne, contrairement au président Donald Trump, sait que le changement climatique est réel et que les conséquences peuvent être catastrophiques. Les généraux reconnaissent que quelque chose a terriblement mal tourné dans la relation entre la société humaine et la Terre.

Limites planétaires

Le changement climatique est l’exemple le plus extrême de la crise, mais ce n’est pas le seul. Les scientifiques du système terrestre ont identifié neuf frontières planétaires – soit des conditions environnementales globales qui définissent «un espace d’exploitation sûr pour l’humanité». Le franchissement de l’un de ces seuils pourrait avoir des conséquences délétères, voire désastreuses pour la civilisation. Sept des neuf frontières planétaires critiques sont proches de la zone dangereuse ou se trouvent déjà dans cette zone.

De telles recherches conduisent irrésistiblement à la conclusion que de modestes réformes et des changements de politiques ne suffisent pas. Nous ne sommes pas confrontés à des problèmes individuels qui peuvent être traités séparément, mais à une série de perturbations interdépendantes des systèmes de survie de la Terre. Des processus naturels fondamentaux qui ont évolué au cours de millions d’années ont connu des points de bascule en quelques décennies seulement.

Des remèdes radicaux sont évidemment nécessaires, mais nous ne trouverons pas de remède si nous n’identifions pas la cause sous-jacente, la maladie systémique qui attaque notre planète.

Pourquoi la croissance ?

Beaucoup d’environnementalistes identifient le problème sous-jacent simplement comme étant la croissance. Et en effet, comme le montrent de nombreux livres et articles, la volonté de produire toujours plus de choses remplit nos rivières de poison et notre air de pollution. Les océans meurent, les espèces disparaissent à un rythme sans précédent, l’eau s’épuise et le sol s’érode plus vite qu’il ne peut être remplacé, mais la machine de croissance continue de tourner.

Les dirigeants d’entreprises, les économistes, les bureaucrates et les politiciens s’entendent tous pour dire que la croissance est bonne et que la non-croissance est mauvaise. L’expansion matérielle incessante est une politique délibérée promue par des idéologues de toutes tendances politiques, allant des sociaux-démocrates aux conservateurs. Lorsque le G20 s’est réuni à Toronto (les 26-27 juin 2010), ils ont convenu à l’unanimité que leur priorité absolue était de «jeter les bases d’une croissance forte, durable et équilibrée». Le mot croissance apparaît 29 fois dans leur déclaration finale.

La croissance incontrôlée est clairement une question centrale, mais cela soulève une autre question: pourquoi se poursuit-elle? Pourquoi, face aux preuves massives que l’expansion de la production et de l’extraction des ressources nous tue, les gouvernements et les entreprises continuent-ils à extraire et pelleter du charbon pour alimenter la chaudière du train de la croissance effrénée?

Dans la plupart des écrits sur l’environnement, l’une des deux explications suivantes est proposée: c’est la nature humaine ou c’est une erreur.

L’argument de la nature humaine est au cœur de l’économie dominante, qui suppose que les êtres humains veulent toujours plus, de sorte que la croissance économique n’est que la manière du capitalisme de répondre aux désirs humains. Pour notre espèce, assez n’est jamais assez. Ce point de vue amène souvent ses partisans à conclure que la seule façon de ralentir ou d’inverser le pillage de la Terre nourricière est de ralentir ou d’inverser la croissance démographique. Plus de gens, c’est plus de choses; donc moins de gens, c’est moins de choses.

Cette affirmation est fatalement minée par le fait que les pays ayant les taux de natalité les plus élevés ont le niveau de vie le plus bas, possèdent le moins de biens et produisent le moins de pollution possible. Si les 3 milliards de personnes les plus pauvres de la planète disparaissaient demain, il n’y aurait pratiquement aucune réduction de la destruction environnementale en cours.

L’autre explication courante de la promotion constante de la croissance est que nous avons été séduits par une fausse idéologie. Le désir de croissance a été décrit comme un fétichisme, une obsession, une dépendance ou même un sort. Les Verts utilisent souvent le terme growthmania (l’obession de la croissance).

De tels récits présentent l’élan de croissance comme un choix que font les politiciens et les investisseurs, sous l’influence d’une obsession bizarre. Comme le dit le marxiste britannique Fawzi Ibrahim[1], ce doit être «la première fois dans l’histoire qu’une nécessité a été décrite comme un fétiche. Autant décrire un poisson ayant une attraction fétiche pour l’eau comme un capitalisme fétiche de la croissance. La croissance est aussi essentielle au capitalisme que l’eau pour les poissons. Comme les poissons mourraient sans eau, le capitalisme mourrait sans croissance.»

L’idéologie de la croissance ne provoque pas une accumulation perpétuelle; elle la justifie. La croissance incontrôlée n’est pas la cause profonde de la crise mondiale; elle est le résultat inévitable du système de profit, de la volonté inhérente au capitalisme d’accumuler toujours plus de capital.

«Personnification du capital»

En tant qu’individus, les dirigeants des géants pollueurs veulent sans aucun doute que leurs enfants et petits-enfants vivent dans un monde propre et durable sur le plan environnemental. Mais en tant qu’actionnaires, dirigeants et cadres supérieurs importants, ils agissent, pour reprendre l’expression merveilleuse de Marx, comme des «personnifications du capital». Quel que soit leur comportement à la maison ou avec leurs enfants, au travail ils sont un capital sous forme humaine. Et les impératifs du capital l’emportent sur tous les autres besoins et valeurs. Quand il s’agit de choisir entre protéger l’avenir de l’humanité et maximiser le profit, ils choisissent le profit.

Prenons l’exemple des oxydes d’azote gazeux, du monoxyde d’azote et du dioxyde d’azote

[voir les articles publiés sur ce site les 3, 4, 5 et 19 octobre 2019]

, qui sont produits par la combustion de carburants pétroliers, en particulier par les moteurs diesel. Ils n’attirent pas autant l’attention des médias que le dioxyde de carbone, mais ce sont de puissants gaz à effet de serre et ils sont directement nocifs pour la santé humaine. Ils causent des maladies de la gorge et des poumons, et ils augmentent la gravité de maladies comme l’asthme.

En 2009, les régulateurs en Europe et en Amérique du Nord ont introduit des limites strictes sur les émissions d’oxydes d’azote des automobiles. Tous les constructeurs automobiles devaient soumettre leurs voitures à des essais. C’était un gros problème pour la deuxième plus grande firme automobile du monde, Volkswagen, parce qu’une grande partie de ses bénéfices provenait de véhicules dont les moteurs diesel ne respectaient pas les nouvelles normes.

Mais, comme on nous le dit souvent, le capitalisme encourage l’innovation. Juste à temps, VW a annoncé que ses ingénieurs avaient résolu le problème. Ils avaient inventé une technologie qui répondait pleinement aux nouvelles normes ou les dépassait. Le slogan «Clean Diesel» a été très fortement promu et il a connu un énorme succès. Entre 2009 et 2016, Volkswagen a vendu plus de 11 millions de voitures diesel «propres» dans le monde.

C’est assez impressionnant: une entreprise géante se débrouillait bien en faisant le bien, en réalisant d’énormes profits tout en protégeant l’environnement et la santé humaine.

C’est du moins ce qu’il semblait.

En 2016, grâce à des enquêtes menées par des ingénieurs dévoués, nous avons appris que le diesel propre était un canular. Volkswagen n’avait pas inventé de nouvelle technologie antipollution. Volkswagen avait inventé un logiciel qui trompait les tests. Lorsque le logiciel a détecté qu’un essai était en cours, il a réduit la puissance et les performances du moteur. Dans des conditions de laboratoire, les voitures diesel propres de VW respectaient la réglementation en matière d’émissions. Sur la route, ils émettent jusqu’à 40 fois plus d’oxyde d’azote que la limite légale.

Des cadres supérieurs ont été congédiés et l’entreprise a payé de lourdes amendes, mais c’est après coup. Sept années de pollution Volkswagen et sept années de grandes ventes Volkswagen illustrent deux caractéristiques fondamentales du capitalisme: les gains à court terme sont toujours plus importants que les pertes à long terme; et le profit est toujours plus important que la protection de la santé humaine.

Les propriétaires et les dirigeants de Volkswagen sont des personnifications du capital, et le capital doit croître, peu importe qui en souffre.

Machines pour l’accumulation

La raison en est très simple, bien que ses implications soient complexes et profondes. Les grandes banques, les fonds d’investissement et les multimillionnaires investissent dans des entreprises comme Volkswagen afin d’obtenir plus d’argent en retour. Ils se fichent de savoir si Volkswagen fabrique des voitures ou des vêtements et des barres chocolatées, à condition qu’ils obtiennent un retour sur leur investissement.

Les entreprises sont des machines sociales géantes pour transformer le capital en plus de capital. C’est ce que les actionnaires attendent et veulent, et c’est ce que les gestionnaires et les cadres supérieurs doivent faire.

Une personne qui refuse de donner la priorité aux besoins du capital n’est pas susceptible de devenir un dirigeant important d’une firme. Si le processus de sélection échoue, ou si un PDG a une crise de conscience gênante, il ou elle ne durera pas longtemps dans ce poste. C’est ce qu’on a appelé la tyrannie écologique du résultat net (comptable). Lorsque la protection de l’humanité et de la planète pourrait réduire les profits, les entreprises feront toujours passer les profits en premier.

Le capital n’a qu’une seule mesure du succès. Combien de bénéfices supplémentaires ont été réalisés au cours de ce trimestre par rapport au trimestre précédent? Combien plus aujourd’hui qu’hier? Peu importe si les ventes comprennent des produits qui propagent des maladies, détruisent les forêts, démolissent les écosystèmes et traitent notre eau, notre air et notre sol comme des égouts. Tout cela contribue à la croissance du capital, et c’est ce qui compte.

Chaque société cherche à s’assurer que ses produits génèrent un profit intéressant en relation avec le capital investi. Une société ayant des coûts plus bas ou des produits plus attrayants peut conduire ses concurrents à la faillite. Des pressions constantes s’exercent en faveur d’une expansion physique, financière et géographique.

Si rien ne l’arrête, le capital tentera de s’étendre à l’infini, mais la Terre n’est pas infinie. L’atmosphère, les océans et les forêts sont des ressources finies et limitées, et le capitalisme fait maintenant pression contre ces limites.

Le capital doit croître. Une économie capitaliste à croissance zéro ne peut tout simplement pas exister. Comme l’écrivait Marx, la mission historique de la bourgeoisie est «l’accumulation pour l’accumulation, la production pour la production…. la production à une échelle toujours croissante».

Bien sûr, le fait que le capital ait besoin de croître ne signifie pas qu’il peut toujours croître. Au contraire, la volonté de croître périodiquement conduit à des situations où l’on produit plus de produits de base que l’on ne peut en vendre. Il en résulte une crise dans laquelle d’immenses quantités de richesses sont détruites [crise de surproduction et de suraccumulation]. Dans de telles situations, les firmes individuelles peuvent fermer leurs portes (faillite), et elles le font. Mais à long terme, la recherche du profit, qui consiste à accumuler de plus en plus de capital, se réaffirme toujours d’elle-même.

C’est la caractéristique déterminante du système capitaliste et la cause profonde de la crise environnementale mondiale. L’opposition massive et la pression de l’opinion publique peuvent ralentir ou entraver les efforts d’expansion, mais elle se manifestera toujours d’une manière ou d’une autre.

La rupture métabolique

Les résultats anti-écologiques d’un tel système ont été analysés pour la première fois au XIXe siècle, lorsque la productivité de l’agriculture anglaise était en déclin.

Au milieu des années 1800, le scientifique allemand Justus von Liebig [ 1803-1873, chimie organique et agronomie] a montré que, à l’état naturel, le sol fournit les nutriments essentiels qui permettent aux plantes de pousser et reconstitue les nutriments des déchets végétaux et animaux. Mais lorsque les cultures sont produites pour des marchés éloignés, comme c’était de plus en plus le cas au XIXe siècle en Angleterre, la fertilité du sol en souffre car les déchets alimentaires et les excréments ne retournent pas dans le sol. Liebig a appelé cela un système de vol qualifié, parce que les éléments nutritifs étaient volés dans le sol et non retournés.

Karl Marx a étudié le travail de Liebig avec soin. Il s’est inspiré du nouveau concept scientifique du métabolisme, des cycles biologiques et physiques essentiels à la vie, et l’a placé au centre de son analyse de la relation entre l’humanité et la nature. Il voyait le passage de l’utilisation du fumier humain comme un exemple important de l’aliénation de la société capitaliste par rapport au monde naturel dont dépend la vie humaine.

Marx a intégré l’explication de Liebig sur la crise de l’épuisement des sols dans son analyse historique et sociale du capitalisme, concluant qu’«une agriculture rationnelle est incompatible avec le système capitaliste», car les impératifs de la croissance capitaliste sont inévitablement en conflit avec les lois de la nature.

Il a décrit ainsi la séparation de l’homme de la production alimentaire, cette rupture dans un cycle de nutriments séculaire comme une faille (rift) irréparable dans le processus interdépendant du métabolisme social, un métabolisme prescrit par les lois naturelles de la vie elle-même».

L’analyse par Marx de l’agriculture britannique du XIXe siècle fournit le point de départ théorique de ce que l’on appelle aujourd’hui la théorie de la rupture, de la faille métabolique, qui est utilisée par de nombreux écologistes radicaux pour analyser et comprendre les crises environnementales modernes.

Le concept de faille métabolique exprime la dépendance et la séparation simultanées de la société vis-à-vis du reste de la nature. Comme une maladie auto-immune qui s’attaque au corps dans lequel il vit, le capitalisme fait à la fois partie du monde naturel et est en guerre avec lui. Elle dépend simultanément des systèmes de soutien de la vie de la Terre et les sape.

Un horizon désespérément court

Les impacts écologiquement destructeurs du capital ne sont pas seulement motivés par son besoin de croître, mais aussi par son besoin de croître plus rapidement. Le circuit de l’investissement au profit, puis au réinvestissement, prend du temps, et plus cela prend du temps, moins les investisseurs reçoivent de rendement total. La concurrence pour l’investissement produit une pression constante pour accélérer le cycle, afin de passer de l’investissement à la production et à la vente toujours plus rapidement.

C’est pourquoi il fallait seize semaines pour élever un poulet de deux livres et demie en 1925, alors qu’aujourd’hui, des poulets deux fois plus gros sont élevés en six semaines. L’élevage sélectif, les hormones et l’alimentation chimique ont permis aux fermes industrielles de produire non seulement plus de viande, mais plus de viande plus rapidement. La souffrance des animaux et la qualité de la nourriture sont des préoccupations secondaires, si tant est qu’elles soient prises en compte.

Mais la plupart des processus naturels ne peuvent pas être manipulés de cette façon. Les cycles de la nature fonctionnent à des vitesses qui ont évolué au cours de plusieurs millénaires; les «forcer» de quelque façon que ce soit déstabilise inévitablement le cycle et produit des résultats fâcheux.

Les terres fertiles sont détruites, les forêts sont coupées à blanc et les populations de poissons s’effondrent, tout cela à cause de ce qu’Istvan Mészáros [1930-2017] appelle l’horizon incurablement court du système du capital[2]. Il y a un conflit insurmontable entre le temps de la nature et le temps du capital; entre les processus cycliques qui se sont développés sur des centaines de millions d’années, et le besoin du capital pour une production, une vente et un profit rapides.

Les failles métaboliques que Liebig et Marx connaissaient et dont ils ont parlé étaient initialement locales ou régionales, mais elles ont grandi avec le capitalisme. Le colonialisme a étendu les dégâts en transportant des produits et des nutriments depuis des endroits éloignés.

L’Irlande a été la première victime du système mondial de vols qualifiés. Décrivant comment l’Angleterre importait de la nourriture d’Irlande pauvre, Marx a écrit : «L’Angleterre a indirectement exporté le sol de l’Irlande, sans même permettre à ses cultivateurs de remplacer les constituants du sol épuisé» [ce qui conduit à la terrifiante famine de 1845-1852; à l’extrême paupérisation; à l’exil massif de la population, etc.]

Depuis le milieu du XXe siècle, le capitalisme a provoqué des changements sans précédent dans toute la biosphère, les terres, les forêts, l’eau et l’air de la Terre. Dans sa recherche incessante de profits, il perturbe et détruit massivement les systèmes de survie de la Terre, oit les processus et cycles naturels qui rendent la vie elle-même possible. Les fractures/faille/rupture métaboliques sont devenues des gouffres métaboliques.

Révolution écosocialiste

C’est pourquoi la crise environnementale ne peut pas être un simple sujet de discussion pour les socialistes : c’est une urgence planétaire que nous devons traiter comme une priorité absolue. Nous devons initier et nous joindre aux luttes pour des objectifs environnementaux immédiats. Nous devons participer, non pas en tant que critiques accessoires, mais en tant que militant·e·s, bâtisseurs et animateurs de ces mouvements. En même temps, nous devons trouver les meilleurs moyens d’expliquer patiemment comment ces luttes sont liées à la lutte plus large pour sauver le monde de l’écocide capitaliste.

Comme Simon Butler et moi l’écrivions dans Too Many People? Population, Immigration, and the Environmental Crisis (Haynarket Books, 2011) :

«dans chaque pays, nous avons besoin de gouvernements qui rompent avec l’ordre existant, qui ne rendent des comptes qu’aux travailleurs et travailleuses, aux agriculteurs, aux pauvres, aux communautés indigènes et aux immigrants, en un mot, aux victimes du capitalisme écocide, pas à ses bénéficiaires et à ses représentants.»

Ces gouvernements auront deux caractéristiques fondamentales et indissociables.

Premièrement, ils seront attachés à la démocratie de base, à l’égalitarisme radical et à la justice sociale. Ils seront fondés sur la propriété collective des moyens de production et s’emploieront activement à éliminer l’exploitation, le profit et l’accumulation en tant que forces motrices de notre économie.

Deuxièmement, ils baseront leurs décisions et leurs actions sur les meilleurs principes écologiques, en donnant la priorité absolue à l’arrêt des pratiques anti-environnementales, à la restauration des écosystèmes endommagés et au rétablissement de l’agriculture et de l’industrie sur des principes écologiques sains.

Une transformation aussi profonde ne se produira pas par hasard. En fait, cela n’arrivera pas du tout si l’écologie n’occupe pas une place centrale dans la théorie socialiste, dans le programme socialiste et dans l’activité du mouvement socialiste.

Bref, au XXIe siècle, les socialistes et les verts doivent être écosocialistes, et l’humanité a besoin d’une révolution écosocialiste.

Notes

[1] Auteur d’un remarquable ouvrage Capitalism Versus Planeth Earth. An Irreconcilable Conflict, Muswell PressLdt, 2012

[2] Voir, entre autres, Beyond Capital.Toward a Theory of Transition (2000), The Structural Crisis of Capitalism (2010); The Challenge and Burden of Historical Time. Socialism in the Twenty Century (2008)