Rana Bouazer et Agnès Moussion, en entrevue suite à l'atelier 24 dans le cadre de L'UÉMSS 2023

Rana Bouazer, correspondante à alter.quebec et participante à la délégation jeune à l’UÉMSS.

Cet article et cette captation vidéo sont tirés de l’atelier du 24 août sur le thème Sauver le travail : est-ce possible, si non pourquoi, si oui comment ? Le débat fut très animé autour de l’utilisation de l’IA au sein du monde du travail. L’atelier s’est tenu dans le cadre de l’Université des mouvements sociaux et des solidarités à Bobigny. Faut-il être pour ou contre l’intégration croissante de l’IA dans nos environnements professionnels ?


Il est indéniable que l’Intelligence artificielle (IA) prend une place croissante dans notre réalité professionnelle, que ce soit par choix délibéré ou par circonstances. Elle a su se rendre quasi indispensable, que ce soit à travers nos dispositifs technologiques ou au sein de nos services publics.

Un consensus s’est dégagé quant aux préoccupations majeures liées à l’utilisation croissante de cette nouvelle technologie. La majorité des personnes participantes ont initié leurs interventions en mettant en lumière les dérives potentielles de l’IA, et ce, dans le but de plaider en faveur de sa limitation. Certaines de ces inquiétudes reviennent fréquemment.

L’une des plus majeures est le risque de suroptimisation du travail, susceptible d’entraîner une surcharge pour les employé.es, car l’introduction de nouveaux outils exige davantage d’efforts de leur part. Par ailleurs, fut mentionnée la redirection de la charge de travail vers les utilisatrices et utilisateurs, un phénomène que l’on a déjà observé avec l’introduction des caisses en libre-service. Dans ce cas, la population consommatrice se retrouve à assumer des tâches qui étaient autrefois du ressort des employé.es.

Un participant.es a comparé l’IA à l’avènement de la machine à vapeur à son époque, susceptible d’avoir un impact similaire, en redéfinissant fondamentalement la nature du travail. Tout comme lors de précédentes révolutions technologiques, on a noté que l’État accuse un retard dans l’établissement de régulations appropriées. Ce changement s’accompagne d’un souffle d’autonomie qui doit accompagner notre quête d’émancipation.

Émilie Kamaradine, consultante en orientation professionnelle, partage une perspective similaire. Elle considère que nous sommes entrés dans une ère où la numérisation a marqué la vie des individus depuis leur jeune âge, avec l’avènement du web, d’Internet, des téléphones intelligents (ou smartphones), et autres technologies. C’est pourquoi elle souligne l’importance de proposer des perspectives alternatives qui permettent une évolution holistique autour du concept de l’intelligence artificielle (IA).

Les participant,es ont convenu que la dimension humaine sera déterminante dans l’utilisation de l’IA dans tous les domaines. Cette réalité met en lumière la nécessité d’une profonde introspection au-delà de notre rapport au travail. Il est impératif que l’État assume ses responsabilités en matière de régulation de l’IA, tout en investissant dans l’éducation afin de contribuer de manière constructive à l’avenir de cette technologie. Cette notion souligne que le changement dans notre relation au travail doit s’accompagner d’une réflexion sur notre être fondamental. Ainsi, la question qui se pose pourrait être : « qui sommes-nous au-delà de notre rapport au travail ? »

Voici ci-dessous l’entrevue (à partir de la 8e min) de Rana Bouazer de JdA-PA et d’Agnès Moussion d’Attac France.

Sauver le travail est ce possible? from Tv Bruits on Vimeo.